L'industrie pétrolière marocaine souffre d'un manque flagrant de compétitivité. En fabriquant des produits pétroliers à forte teneur en soufre (10 000 PPM), l'unique raffineur national semble accuser un retard par rapport à ses homologues et futurs concurrents en Europe. Mais, dans le futur, il pourrait les dépasser. Quel est le sens à donner pour la libéralisation du marché pétrolier que réclament certains professionnels du secteur ? De l'avis de nombreux spécialistes, on ne peut parler de libéralisation au sens vrai du terme que si les prix à la pompe sont librement fixés sur le marché. Or, pour des raisons économiques et sociales, le gouvernement fixe toujours ces prix en faisant intervenir la Caisse de compensation qui adopte un système d'indemnisation des distributeurs pétroliers pour lesquels les marges commerciales sont depuis toujours faibles. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils mettent toute leur pression sur le gouvernement pour un possible réajustement de ces marges, accompagné d'un démantèlement douanier, arrivé à échéance le 1er juillet prochain. En raison de la politique du “prix fixe” qu'adopte le gouvernement pour commercialiser les produits pétroliers sur le marché, ce démantèlement douanier va amplement bénéficier aux distributeurs puisqu'ils vont voir leurs marges de distribution augmenter de plusieurs points. En leur ouvrant les portes du marché international avec des droits de douane allégés, les distributeurs vont pouvoir importer un pétrole raffiné dont la composition chimique pourrait se contredire avec les normes internationales actuellement en vigueur en Europe. Mais, rien n'est moins sûr. Le gouvernement devrait imposer des critères stricts selon lesquels l'importation devrait s'effectuer. Mais, la vraie libéralisation telle que la revendique une partie du milieu des pétroliers marocains n'aura pas lieu. Le processus est encore long. L'industrie pétrolière marocaine souffre d'un manque flagrant de compétitivité. En produisant des produits pétroliers à forte teneur en soufre (10000 PPM depuis 1960), alors que l'industrie pétrolière européenne s'est alignée sur 350 PPM, l'unique raffineur national semble accuser un retard par rapport à ses homologues et futurs concurrents en Europe. La Samir devait mettre en place, il y a quelques années, un hydrocracker qui était sensé lui permettre de réduire la teneur en soufre de son pétrole raffiné de 10000 pour le porter à 2000 PPM. Mais Abderrahman Saâïdi, DG de la Samir, ne l'entend pas de la même oreille. Il affirme : “si on avait mis en place cet hydrocracker, on serait aujourd'hui dépassé par rapport à l'Europe dont les produits pétroliers sont fabriqués avec une teneur en soufre de seulement 350 PPM”. “Heureusement qu'on n'a pas investi dans cet hydrocracker”, se console Saâïdi, qui promet mieux en annonçant la construction d'une nouvelle raffinerie dont l'outil industriel va produire un pétrole raffiné à faible teneur en soufre de 50 PPM.