Faible, influençable, mou… Abderrazak Afilal ne trouve pas de mots assez durs pour “vomir“ Abbas Fassi. L'inamovible patron de l'UGTM, la centrale syndicale du PI, ne mâche pas ses mots pour descendre le patron du parti nationaliste. Jamais de mémoire des militants du PI une telle animosité n'a éclaté publiquement et aussi hargneusement. Mariant sarcasme et petites révélations, Abderrazak Afilal en a dit des vertes et des pas mûres du secrétaire général du parti dont il est lui-même membre du comité exécutif. Tout a commencé avec le report du conseil national de l'UGTM, “de peur que des évènements dramatiques n'aient lieu”. Une décision qu'Afilal en personne reconnaît avoir prise sur suggestion du S.G du parti. “Cependant -martèle Afilal- Abbas Fassi n'est pas capable de prendre une quelconque position”. Le syndicaliste pousse la provocation à son paroxysme. “Egoïste, il est clair que le Secrétaire Général n'a pas l'étoffe des grands leaders de l'Istiqlal. A savoir Allal Fassi et Mhamed Boucetta”. Une accusation, en guise de question : “pourquoi persiste-t-il et signe ? Le ferait-il pour ruiner le parti ? Ou par inconscience coupable ?”. Quoi qu'il en soit, le combat est le même. Et c'est “vainement”, déclare le trublion syndicaliste sentencieusement, qu'on tentera de le redresser ». Celui qui a boycotté, depuis belle lurette, les réunions des instances dirigeantes, reproche également et surtout à ses compagnons d'armes d'être passés de l'autre côté : celui du gouvernement. Et ce, aux dépens de la classe ouvrière. Dernier “manquement” aux principes du parti d'inspiration islamiste (sic), le vote en faveur de l'amnistie fiscale. D'autant plus que c'est le PJD qui avait, le cas échéant, raison. Ce jour-là, Afilal s'est abstenu. Pris entre deux feux, il choisit l'abstention. Impardonnable, donc. Au même titre que l'ingérence de “sa bête noire” du moment. “Abbas Fassi, accuse-t-il, est devenu partie prenante” dans le conflit qui l'oppose à ses frères ennemis de l'UGTM, Hamid Chabat en tête. Le maire de Fès, ennemi juré d'Afilal, s'est aussi taillé un “costard“. De simple cycliste, il est devenu un vrai milliardaire, tonne Afilal. Et d'appeler les “responsables à enquêter sur l'origine de ses richesses amassées en un temps record“ ! A couteaux tirés Hamid Chabat, lui, ne s'est pas fait prier pour rendre la pareille à son ennemi intime. “Une réunion s'est tenue, déclare-t-il à Al Ahdath pour démettre Afilal de ses fonctions à la tête de l'UGTM”. Trop, c'est trop ! vocifère celui qui tient tête publiquement au mastodonte de la centrale ismaïlienne. Ainsi donc, les membres du comité central et les chefs des sections régionales sont partis pour renvoyer paître un zaïm qui n'a fait que trop durer à la tête de l'UGTM. Même son de cloche chez Abdellah Bekkali, le secrétaire général de la Jeunesse Istiqlalienne et non moins secrétaire de la rédaction du journal “Al Alam”, organe du parti. “L'heure de la vérité a sonné et Afilal doit rendre compte du tord qu'il a causé au parti”. D'ailleurs, l'inculpé aura droit à un double procès. “Et au sein du parti et au sein du syndicat”. Fin de “règne” ? Il y a le parfum. En tirant dans le tas, Afilal aurait même “touché” son chaperon au cours de cette vieille querelle des chapelles. Au sein du comité exécutif, on ne manque pas de comparer le tir de feu croisé contre Abass Fassi à un “suicide politique”. A-t-il, par mégarde ou étourdissement, introduit un élément aléatoire dans son raisonnement ? Loin s'en faut, Afilal n'est pas du genre à “randomiser” ; encore moins improviser. “Abbas Fassi, réplique-t-il sur les colonnes de ALM”, a reçu de l'argent sonnant et trébuchant de la part de Hamid Chabat “. Fini donc le temps où Abbas Fassi, pour des raisons apparentes, mettait tout son poids dans la balance pour sauver “Lhaj” de l'UGTM. On s'en souvient encore, le S. G n'a pas hésité à contredire, voire désavouer publiquement et par écrit un Abdelkrim Ghallab très en colère contre Afilal. A l'époque, l'ancien directeur “d'Al Alam”, voyait dans la citation d'Afilal dans le procès de la gestion de la commune urbaine, l'occasion de rêve pour prendre sa revanche; aussi vieille que son écartement des listes électorales à Aïn Sebaâ, fief d'Afilal . Certainement, du haut de ses huit décennies, le romancier Ghallab savourera bien la disgrâce de celui qui, dans un autre temps, a été la cause de sa déchéance. Fassi, lui, regrettera peut-être d'avoir sauvé le syndicaliste éternel de l'UGTM. Le vent a sûrement tourné. Et c'est le sens même de la colère de A. Afilal. “Sa fuite en avant, laisse-t-on entendre au sein du C. E, ne lui sera d'aucun secours”. “D'autant plus que son pari sur une compétition sans merci entre les présumés candidats à la tête du parti, est perdu d'avance”. De quoi s'agit-il en fait ? Pari Aussi paradoxal que cela puisse paraître, c'est bel et bien Abderrazak Afilal qui révèle l'enjeu. En d'autres termes : le pourquoi du comment de cette guerre larvée est à chercher dans les roulements de tambour provoqués par Hamid Chabat en vue d'influencer le choix du prochain secrétaire général. Deux noms reviennent dans la bouche d'Afilal : “Il est presque acquis qu'Abdelhamid Aouad et M'hamed Khalifa sont les candidats futurs au poste du S. G”. Première déduction d'un Afilal à l'affût : “Hamid Chabat roule les tambours à cette fin”. La deuxième conclusion, elle est davantage un clin d'œil qu'une conjecture : “il faut garder en mémoire (sic) que l'un et l'autre ont été des dirigeants et des cadres de l'UGTM. Aouad a même été membre du bureau exécutif de l'UGTM”. A quoi cela rime-t-il de le rappeler? “Dans un cas comme dans l'autre, Afilal donne Fassi perdant !“. La sortie fracassante d'Afilal en rappelle, en fait, une autre : celle de M'hamed Khalifa, lui-même. Tribun sans pair, “la gorge chaude” du groupe istiqlalien et ancien ministre de l'Artisanat a été le premier des ténors du parti à ouvrir le bal “acrimogène” contre Fassi. (Voir LGM : Khalifa descend en flammes Fassi). Depuis lors, M'hamed Khalifa s'est rangé sans trop de séquelles, apparemment. Cette opportunité, il y a fort à parier que le premier syndicaliste de l'UGTM n'en profitera pas. Car il a commis l'irréparable pour le parti de Si Allal. En se ruant dans les brancards, il a même omis le sens de la sagesse : “le secrétaire général actuel n'a de souci que de courtiser le Roi”, accuse-t-il. Et d'ajouter : “nous refusons d'être le parti du Roi”. La colère est, on ne le sait que trop, mauvaise conseillère. Entre Fassi et Afilal, c'est un peu la fable du “Renard et du Bouc” : en toute chose, il faut considérer la fin. Le Tocsin?