Abderrazak Afilal n'est plus secrétaire général de l'UGTM, depuis samedi dernier. Contraint et forcé par les siens, il a quitté la tête d'un syndicat qu'il a dirigé, souvent sans partage, depuis quarante ans. Abderrazak Afilal a été obligé de démissionner de ses fonctions au sein de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM). Il a également quitté ses fonctions au sein du Parti de l'Istiqlal (PI) dont le patron, estime l'intéressé, ne l'a pas soutenu dans sa confrontation avec les membres de l'UGTM. La démission du secrétaire général de l'UGTM est intervenue après un coup de force réussi mené par le Comité de redressement et environ 500 syndicalistes des différentes régions du pays, qui ont pris samedi dernier le contrôle du siège de la centrale syndicale à Casablanca. La démission de M. Afilal sera discutée aujourd'hui même par le comité de redressement, qui tiendra par la suite une conférence de presse. Le comité de redressement a par ailleurs fixé au 29 janvier la tenue d'une assemblée extraordinaire en vue de renouveler les différentes instances de l'UGTM. La démission du leader de l'Union générale des travailleurs marocains (UGTM) était vivement souhaitée et même attendue. En effet, les tensions s'étaient dernièrement accentuées au sein du syndicat et Abderrazak Afilal était devenu de plus en plus contesté. Un clan composé de plusieurs membres du bureau exécutif de la centrale syndicale, avec à leur tête le maire de Fès, Hamid Chabat, ont tout fait pour évincer le patron de l'UGTM. Les amis de Chabat sont même allés jusqu'à accuser Afilal de «mauvaise gestion» et de «marginalisation» des membres de cette instance en prenant des décisions unilatérales. En guise de riposte, le secrétaire général et jusque-là inamovible patron de l'UGTM, avait convoqué une réunion où il avait été décidé d'expulser quatre membres de ce bureau exécutif. Il s'agissait de Hamid Chabat, Mohamed Larbi Kabbaj, Titna Mohamed Alaoui, Mohamed Benjelloun Andaloussi. Ce dernier serait d'ailleurs pressenti pour succéder à Afilal. Les détracteurs d'Afilal ne sont pas restés les bras croisés. Ils avaient émis un communiqué dans lequel ils affirmaient avoir exclu ce dernier de l'UGTM et qu'il était définitivement dessaisi des qualités et missions qu'il exerçait jusque-là. La crise devenant de plus en plus compliquée, Abbas El Fassi, secrétaire général du Parti de l'Istiqlal, était intervenu pour calmer les esprits. Il avait écrit à Chabat et compagnie pour ajourner leur décision de tenir une réunion du conseil général de l'UGTM et entériner l'expulsion d'Afilal. Dans une lettre envoyée à Abbas El Fassi par le Bureau exécutif, les 17 membres de cette instance qualifiaient l'intervention du patron de l'Istiqlal d'«initiative courageuse» et disaient espérer une solution susceptible de faire triompher la légalité et la légitimité au sein de l'UGTM. Toutefois, cela n'a pas empêché les membres du Bureau exécutif et des syndicalistes de prendre d'assaut le siège de l'UGTM au port de Casablanca. Quelques jours plus tard, Afilal avait lancé un appel aux représentants de la Fédération autonome de l'enseignement affiliée à l'UGTM pour assister à son congrès extraordinaire au QG de la centrale à Derb Soltane. Mohamed Benjelloun Andaloussi, secrétaire général de la fédération, avait jugé une telle décision abusive. Ce dernier avait même saisi la justice pour empêcher la tenue dudit congrès. Toutefois, le tribunal de première instance de Casablanca a rejeté la demande de Benjelloun pour incompétence. Autant de dissensions avaient éclaté au grand jour à l'intérieur de l'UGTM. En fait, depuis un certain moment, la crise n'a fait qu'empirer. Le leader du syndicat, Abderrazak Afilal, ainsi attaqué de toutes parts, a finalement décidé de tirer les conclusions de sa situation qui était de plus en plus intenable.