En attendant une éventuelle intervention du comité des sages du parti pour mettre fin à cette situation qui ne fait qu'entériner l'image de la formation, la guerre continue entre les deux clans et la tension augmente de plus en plus. Deux clans au sein du Parti de l'Istiqlal (PI) se livrent à des guerres de positions sans précédent dans l'histoire de la formation nationaliste. Certes, depuis qu'il existe, ce parti a connu beaucoup de remous internes, mais ses conflits internes ont toujours été réglés au niveau interne dans la discrétion totale. Au moindre soupçon de conflit, les dirigeants du PI intervenaient pour y mettre un terme, le plus souvent en trouvant des solutions consensuelles permettant de satisfaire les exigences de chacune des parties adverses. L'essentiel pour les dirigeants du parti était de préserver toujours, à l'égard de l'opinion publique, l'image d'une formation politique homogène, unie et solidaire. En deux mots : ne jamais laver son linge sale en public. Ce qui n'est pas le cas aujourd'hui. La bataille à laquelle se livrent depuis plusieurs jours le secrétaire général du parti, Abbas El Fassi et le patron de l'Union générale des travailleurs du Maroc (UGTM), Abderrazak Afilal, rompt totalement avec la règle istiqlalienne de la discrétion. Chacun des deux hommes cherche à détrôner l'autre. Ainsi, Abbas El Fassi essaye par tous les moyens d'éjecter M. Afilal de la direction de la centrale syndicale istiqlalienne afin d'y placer le maire de Fès, Hamid Chabat. Pour justifier ses manœuvres, le chef de file de la formation nationaliste précise que le nom du secrétaire général de l'UGTM est de plus en plus cité dans des affaires où les principaux mis en cause sont accusés de malversations et de détournement de fonds. Il fait ainsi référence au procès dit Slimani-Laâfora où M. Afilal est cité en tant que témoin. Face à ces arguments, les membres du clan dirigé par Afilal répondent que M. El Fassi est le dernier à donner des leçons en matière d'éthique politique rappelant ainsi le scandale de l'affaire "Annajat" dont le secrétaire général du PI assume la responsabilité. Selon eux, les véritables raisons qui poussent le patron de l'Istiqlal à tenter de placer Chabat à la tête de l'UGTM sont d'ordres financier et clanique. Ils expliquent ainsi que le maire de Fès est originaire de la même ville que le leader istiqlalien. En plus, ces deux dernières années, il est devenu le principal financier du parti, affirment-ils. Et pour contrecarrer l'offensive de Abbas El Fassi, les pro-Afilal ont choisi de soutenir la candidature de Abdelhamid Aouad au poste de secrétaire général de l'UGTM. Ayant le soutien de l'UGTM et de son actuel patron, M. Aouad pourrait éjecter Abbas El Fassi de son fauteuil istiqlalien, confient les alliés de M. Afilal. Désormais donc ils seront quatre à se bagarrer pour deux fauteuils. En attendant une éventuelle intervention du comité des sages du parti pour mettre fin à cette situation qui ne fait qu'entériner l'image de la formation, la guerre continue entre les deux clans et la tension augmente de plus en plus. Ce qui risque de faire beaucoup de dégâts dans les deux camps.