Abderrazak Afilal a été exclu de l'UGTM par le Bureau exécutif de cette centrale syndicale. C'est la fin d'un long bras de fer entre Afilal et les amis de Chabat, le maire PI de Fès. Une réunion, le 4 septembre, devra définitivement sceller le sort de l'ex-président de la commune de Aïn Sebaâ. Et de l'UGTM. Le «dénommé» Abderrazak Afilal est exclu de l'UGTM et est définitivement dessaisi des qualités et missions qu'il exerçait jusque-là. C'est la décision que vient de prendre le bureau exécutif de la centrale syndicale proche du parti de l'Istiqlal à l'issue d'une réunion tenue à Rabat dimanche 28 août. Les 15 membres de cette instance, détracteurs d'Afilal réunis autour de Hamid Chabat, affirment dans un communiqué avoir pris cette décision en conformité avec les pouvoirs qui ont été conférés au Bureau exécutif par le Comité central réuni le 6 août dernier, mais aussi selon les articles 15 et 17 du statut de base de l'UGTM. L'expulsion de Abderrazak Afilal arrive après plusieurs autres épisodes d'un long bras de fer entre celui qui a été aux affaires pendant quarante ans et un groupe de mécontents se proclamant « réformistes » soucieux de l'avenir de l'UGTM. Ironie de l'histoire, Mohamed Khanaki, figure de proue de l'UGTM qui avait pris part au mouvement ayant porté, en 1965, Afilal au premier poste de la centrale syndicale, a fini par rejoindre les membres du Bureau exécutif ayant élu siège à Rabat. L'expulsion d'Afilal n'aura pas été la seule décision prise par le Bureau exécutif. Ce dernier demande, par le même communiqué annonçant sa « destitution », à tous les organismes, institutions gouvernementales, politiques, syndicales, associatives, nationales ou internationales à mettre fin à toute collaboration avec Afilal. Ce dernier menace le Bureau exécutif, doit assumer en plus les conséquences de toute décision qu'il prendrait au nom de l'UGTM et le Bureau exécutif dit se réserver le droit de recourir à la justice pour trancher toute éventuelle tentative de mettre en jeu le nom de l'UGTM. Les militants, enfin, sont appelés par le Bureau exécutif à renforcer les rangs du mouvement de réforme pour faire échec aux ennemis du changement, conclut ledit communiqué. Abderrazak Afilal, rappelons-le, avait déjà été exclu de l'UGTM par le même Bureau exécutif en date du 28 juillet dernier. La veille, il avait lui-même, à l'issue d'une réunion de ce qu'il appelle le «Bureau exécutif élargi» (44 membres), décidé d'exclure quatre membres de l'UGTM dont Hamid Chabat, Mohamed Titna Alaoui et Mohamed Larbi Kabbaj. Une semaine plus tard, ces derniers réunissaient le Comité central de l'UGTM pour entériner l'expulsion d'Afilal. La direction du parti de l'Istiqlal entrera en scène à ce moment-là pour essayer de ramener le calme sur le bateau UGTM en demandant aux parties en conflit de s'abstenir de toute déclaration à la presse et instituant un comité des sages pour tenter une réconciliation. En vain. L'entêtement d'Afilal, signale un membre du Bureau exécutif, a tout fait échouer. Ses détracteurs ont dû recourir à la solution «radicale» en l'expulsant de nouveau, mais cette fois forts de l'appui du Comité central et visiblement de l'accord tacite du parti. Interrogé sur la position de Abbas El Fassi, Mohamed Larbi Kabbaj (chargé par ses collègues du Bureau exécutif de tout coordonner) indique que le patron de l'Istiqlal a tout fait pour éviter l'implosion à l'UGTM, mais qu'Afilal n'a rien fait pour l'y aider. ALM a essayé à maintes reprises d'entrer en contact avec M. El Fassi, mais sans résultat. Que deviendra l'UGTM de l'après (re) débarquement d'Afilal ? A en croire un membre du Bureau exécutif, des décisions seront prises dimanche 4 septembre prochain à l'occasion de la réunion du Conseil général de la centrale syndicale à laquelle sont d'ailleurs conviés les membres de toutes les instances exécutives nationales et régionales (Bureau exécutif, mais aussi secrétaires régionaux et ceux des fédérations régionales). Prévue à Casablanca, au siège national de l'UGTM, cette réunion devra rendre définitive l'exclusion d'Afilal et la désignation d'un secrétaire général par intérim en attendant la tenue du prochain congrès national. Cette échéance figure d'ailleurs en bonne place des travaux de la réunion de dimanche prochain. Une source du Bureau exécutif nous indique qu'il y sera décidé de la composition d'une commission préparatoire du prochain congrès. Mais aussi de l'arrêt d'une date pour sa tenue même si, de l'avis d'un membre du Bureau exécutif, le 20 mars 2006 semble remporter l'adhésion des militants pour son côté symbolique. L'UGTM a été créée le 20 mars 1960. Afilal, fidèle à lui-même, avait anticipé la tenue de cette réunion en programmant le même dimanche, à la même heure et au même lieu, un séminaire de formation pour les syndicalistes. Une manière pour lui de «chercher la guerre», indique un membre du Bureau exécutif qui ajoute que, s'il en veut, Afilal l'aura. Dans un précédent entretien avec ALM, Hamid Chabat, le maire de Fès et meneur de la fronde contre Afilal, avait indiqué que le cas de ce dernier « relevait de la psychiatrie ». Toutefois, le même Chabat, plus modéré, nous a déclaré que l'expulsion de Abderrazak Afilal n'était pas une fin en soi, mais que ce dernier devait laisser l'UGTM travailler comme le font, dans une certaine mesure, les patrons des autres centrales syndicales. Afilal se voit reprocher des attitudes « irresponsables » portant atteinte à l'UGTM et la prise de décisions unilatérales (y compris celles portant engagements financiers) sans considération aucune pour les instances de décision de la centrale syndicale, lit-on dans le communiqué annonçant la mise à l'écart d'Afilal.