Le baisser de rideau du Conseil supérieur de la pêche, ardu à réunir, a consacré le consensus national. Le Département en charge parachève ainsi le cadre institutionnel régissant l'ensemble du secteur. Des dizaines de recommandations gagneraient à être traduites dans les faits. Un défi à la mesure des ambitions du département de Chbaâtou. Les 56 résolutions issues des trois ateliers, protection des écosystèmes marins, aménagement de la production et valorisation du patrimoine halieutique, verront-elles le jour un…jour ? Réplique formelle du ministre : “cette session du Conseil serait inutile si les recommandations qui en émanent ne sont pas mises en œuvre avec la célérité requise”. Dans les coulisses de la maison, c'est devenu un secret de polichinelle : Chbaâtou veillera personnellement au Comité de suivi invité à tenir séance deux fois par semaine. Pas de répit pour le Comité de suivi Délai de rigueur du démarrage de la procédure d'application des recommandations : ce lundi 10 juin. Les membres du Comité institué par le décret de la primature portant création du Conseil supérieur pour la sauvegarde et l'exploitation du patrimoine halieutique, devront régulièrement se présenter au rapport devant le ministre. Ce dernier a fait part de sa détermination à faire bouger les choses. D'autant plus que la satisfaction affichée à l'issue des travaux du forum national de la capitale, par tous les partenaires institutionnels, professionnels, sociaux et civils, laissent augurer de perspectives intéressantes pour la refonte d'un secteur très sensible de l'économie du royaume. De son côté, Abderrahmane Youssoufi s'est surtout inquiété, outre des considérations fondamentales déclinées en termes de modernisation et de compétitivité internationale, pour le consommateur. “Toutes les parties concernées doivent adhérer avec plus d'efficacité, particulièrement l'Office national de la pêche, au renforcement de la stratégie alimentaire nationale dont les protéines halieutiques constituent l'une des composantes essentielles en matière de garantie d'un équilibre alimentaire”, a-t-il préconisé dans son allocution d'ouverture. Les principales recommandations du colloque sont pertinentes et méritent le détour. L'atelier 1 sur l'aménagement et la gestion responsable de la production halieutique, en soutien à la politique de préservation de la ressource, implique les professionnels et la collectivité nationale dans les objectifs d'aménagement et d'exploitation des richesses. Celles-ci sont considérées comme patrimoine national au service des citoyens. Sans oublier d'en appeler à interdire et à lutter contre les pratiques illicites et l'usage des moyens destructeurs. Ceux-ci seront sanctionnés par le code des pêches maritimes dont l'accélération de l'adoption est vivement revendiquée. La résolution phare à retenir s'applique à mettre en relief la nécessité “d'encourager l'investissement intégré et générateur du maximum de valeur ajoutée pour la création d'emplois dans les nouvelles pêcheries, en tenant compte des priorités de développement régional”. Aussi, les participants ont appelé à réduire l'effort de pêche dont les captures sont acheminées vers les industries peu valorisantes et à interdire l'affrètement des navires étrangers pour l'exploitation des pêcheries marocaines. Le second atelier, sur la protection des écosystèmes marins et la contribution à l'aménagement du littoral, s'est surtout attaché à plaider pour une action rapide dans l'adoption de projets de lois relatifs au littoral, à l'environnement et aux déchets solides auxquels sont associées les collectivités locales et les ONG dans la gestion écologique des espaces littoraux. Enfin, le troisième atelier, valorisation et consommation des produits de la mer, insiste sur la nécessité de “promouvoir et d'encourager toute initiative visant à rendre la protéine marine plus accessible au consommateur national et à la faire contribuer davantage à la sécurité alimentaire du pays”. Assainissement des circuits de distribution et de commercialisation, gestion simplifiée des halles aux poissons, mise en place d'un réseau des marchés de gros et de détail et lutte contre l'informel ont également été évoqués. Et surtout, ajouterons-nous pour notre part. encourager les investissements dans des projets dont le produit est destiné en priorité à la consommation humaine, de préférence nationale.