En attendant le livre blanc sur les professions libérales Les premières assises nationales des professions libérales, organisées par la Fédération du commerce et des services de la CGEM, se sont tenues les 30 et 31 mai. Elles étaient placées sous le signe du consensus professionnel, de la transparence et de la volonté de restructurer et de réglementer un secteur très disparate, en proie à l'incertitude. Un livre blanc est attendu prochainement. Est-ce de bon augure que ce forum inédit se soit déroulé dans le magnifique palais (de verre) des congrès de Skhirat, inauguré pour la circonstance ? Un édifice monumental futuriste qui a dû inspirer fortement les ambitions de la Fédération conduite par Hassan Alami (qui compte 28 professions), qui a enfourché le cheval de la modernité, à l'heure des défis de la mondialisation ? 2002, année des services D'emblée, Hassan Chami a donné le ton à une rencontre salutaire, qui devait être l'occasion de déballer «le linge sale», sans complaisance aucune. Il a appelé à mettre un terme à «l'anarchie» qui défigure le secteur des services, les professions libérales au premier chef. Le président de la CGEM s'est fendu de deux déclarations musclées dans son allocution inaugurale : “Un certain nombre de dysfonctionnements caractérisent toutes les professions libérales, réglementées et non-réglementées. La Fédération du commerce et des services de notre confédération a décidé de faire de cette année 2002 l'année des services, et de l'année prochaine, celle du commerce ”. La deuxième déclaration du patron des patrons reflétait l'état des lieux, qui est loin d'être reluisant : “pour les professions libérales (PL) non-réglementées, l'anarchie règne, avec toutes les conséquences qui en découlent”. Objectif attendu des assises : la création d'une structure ad hoc regroupant l'ensemble des professions libérales comme interlocuteur unique des pouvoirs publics, attaché à résoudre les problèmes qui entravent l'essor du secteur. Abderrahmane Youssoufi, dans une allocution longuement applaudie, n'a pas mâché ses mots pour condamner des pratiques contraires à l'éthique et à la déontologie professionnelle. “La quête du gain à tout prix, le mercantilisme, l'absence de règles déontologiques, de morale et d'une éthique professionnelle sont souvent la cause première et ultime de la déliquescence d'un corps professionnel”, a martelé le Premier ministre. Avant de réaffirmer l'engagement de l'exécutif en faveur d'une restructuration du secteur : “le gouvernement, je puis vous l'assurer, ne ménagera aucun effort pour vous aider à lever les multiples obstacles auxquels vous êtes confrontés et à répondre favorablement à vos attentes légitimes”. La place qu'occupent les PL, leur degré d'organisation, l'efficience de leurs structures de représentation, leur professionnalisme et le sens qu'elles ont de la déontologie et de l'éthique sont “l'expression de la maturité et de la modernité d'une société”. De son côté, H. Alami, président de la fédération sectorielle, a admis le caractère contradictoire des revendications présentées par les différentes professions adhérentes. Il a insisté sur “l'impérative réduction des conflits d'intérêts entre professionnels”. Il a annoncé la sortie imminente d'un livre blanc sur les PL, composé de deux parties : la problématique, l'inventaire des dysfonctionnements et les recommandations, d'une part, le regroupement en trois pôles principaux, d'autre part. Le premier intéresse l'environnement de l'entreprise et comprend les experts-comptables, notaires, avocats, adouls, huissiers de justice, conseillers juridiques et fiscaux, interprètes, traducteurs, éditeurs, transitaires et agents immobiliers. Le second pôle, celui de l'ingénierie, regroupe les ingénieurs, géomètres topographes, architectes… Le troisième, le pôle de la santé, fédère l'ordre des médecins, pharmaciens, dentistes, kinésistes... Toutes les PL membres de la fédération ont souscrit au cahier des charges, en dépit de divergences persistantes.