La corporation des Ordres bouge et ses membres s'activent tous azimuts. Une nouvelle dynamique sectorielle est en train de se dessiner Les différentes professions libérales sont en mutation. Certains cabinets peinent à sortir de l'eau. Dix Ordres professionnels se sont réunis dans une confédération pour prendre le taureau par les cornes. Cette fois-ci sera certainement la bonne. Les professions libérales, du moins celles émanant des Ordres professionnels, viennent de se constituer en confédération. La nouvelle structure rassemble des architectes, des ingénieurs topographes, des chirurgiens dentaires, des pharmaciens, des experts-comptables, des vétérinaires, des adouls, ainsi que les notaires. Les médecins, préoccupés pour l'heure par la restructuration interne de leur Ordre, et les avocats qui attendent d'accorder leurs violons (car étant représentés par 17 Ordres régionaux), devront rejoindre prochainement cette nouvelle confédération. Les travaux de l'Assemblée constitutive de la nouvelle confédération ont donné lieu à l'élection d'un conseil dont la présidence a été confiée à Omar Farkhani, de l'Ordre national des architectes. «C'est en discutant lors d'une rencontre sur les effets de la mondialisation et les perspectives que nous nous sommes surpris de la totale convergence de nos préoccupations. Nous vivons les mêmes problèmes. D'ailleurs, certains dossiers sont même transversaux à nos professions respectives. L'harmonisation de nos compétences est devenue nécessaire pour faire face aux répercussions de la mondialisation et adhérer aux enjeux et perspectives», souligne le nouveau président. En tout cas, il a fallu une année de rencontres à des fins de consultation et de préparation pour mettre cette confédération en place. Difficile de dénombrer les intervenants Déjà en 2002, la Fédération du Commerce et des Services de la CGEM avait tenté de regrouper les professions libérales pour la première fois. Mais elle avait depuis baissé les bras. Son projet, qui avait permis de regrouper les professions libérales du pays pendant deux jours à Skhirat à travers ce qu'elle avait appelé les premières Assises, n'avait accouché que d'un livre blanc, depuis lors rangé dans ses tiroirs. Pourtant, on s'attendait à l'époque à ce que le patronat constitue une fédération des professions libérales, vu le degré de communauté des problèmes rencontrés dans ces professions. Encore faudrait-il qu'à l'époque, le législateur, malgré l'existence d'une définition fiscale, soit arrivé à définir la notion de profession libérale. Car ce n'est qu'après cette clarification que la CGEM avait envisagé la création d'une fédération des professions libérales. Au nombre de 40.000 au moins. 70.000 peut-être… Difficile de compter le nombre de personnes exerçant une profession libérale ou considérée comme telle au Maroc. On dénombre assez bien les médecins (8.000 exerçant à titre privé dont le tiers installé à Casablanca), les chirurgiens-dentistes (3.351 dont 40 % sur le Grand Casablanca), les architectes (3.025, dont 1.700 exerçant dans le privé), les pharmaciens (plus de 9.400), les notaires (654), les ingénieurs topographes (770), les vétérinaires (1.094), les adouls (4.000) ou encore les experts-comptables inscrits à leur ordre professionnel (près de 335). Ainsi, si 28 professions libérales ou considérées comme telles ont été recensées dans le Royaume, il y a cependant peu d'informations fiables sur la moitié d'entre elles. Toujours est-il qu'on peut les rencontrer dans les grands pôles, notamment la santé, l'ingénierie et l'environnement juridique, économique, social et fiscal. Même étant numériquement et économiquement importantes, elles sont assez dispersées. Il faut dire que ces professions le sont entre elles comme elles le sont souvent face aux pouvoirs publics. Signe qui ne trompe pas sur l'ampleur de la dispersion, certaines professions ont plusieurs associations professionnelles, dont personne ne connaît exactement la taille. Ce phénomène n'est pas fait pour donner du poids au métier qu'elles veulent représenter. Le résultat de cette dispersion est qu'elles se sentent marginalisées. «Nous avons tiré les leçons du passé. C'est pourquoi d'ailleurs nous avons volontairement ciblé uniquement les Ordres professionnels, qui sont au nombre de dix», précise Omar Farkhani. Pour l'heure, loin de toute revendication catégorielle ou syndicale, la nouvelle structure professionnelle et ses 22.629 membres (en attendant l'adhésion des médecins et des avocats) se fixent comme priorité d'œuvrer pour l'élaboration d'un contrat-programme avec le gouvernement, dont l'objectif serait le développement des secteurs concernés, et ce, à travers une stratégie basée sur la force suggestive de la confédération. Pour la nouvelle confédération, les premiers effets de la mondialisation frappent déjà leurs professions. C'est le cas par exemple des grandes multinationales opérant dans le secteur de l'immobilier qui veulent n'avoir à faire qu'avec de grands cabinets structurés (architectes, avocats…). Dans ce contexte, la confédération espère trouver la solution à travers le contrat-programme qui mettra le doigt sur la formation des ressources humaines. «Nous serons bientôt 40.000 professionnels, c'est pratiquement 40.000 PME, soit 160.000 emplois stables. Ce qui constitue une force de négociation importante», précise Omar Farkhani. ◆