Nicolas Marin, chargé d'affaires de l'ambassade de la Roumanie à Rabat Après la visite réussie de S.A le Prince Radu Hohenzollern-Veringen, , le chargé d'affaires de l'Ambassade de la Roumanie à Rabat, Nicolae Marin met l'accent sur la coopération maroco-roumaine, ses perspectives d'avenir, les ambitions roumaines de diversifier la coopération bilatérale et la position de son pays sur le conflit du Sahara marocain. Entretien La Gazette du Maroc : que pensez-vous du niveau actuel de la coopération entre le Maroc et la Roumanie ? Nicolas Marin : les relations d'amitié et de coopération roumano-marocaines sont beaucoup plus anciennes que l'histoire des relations diplomatiques établies entre les deux pays le 20 février 1962. Nous voyons dans le Royaume du Maroc, un pays avec un grand potentiel humain et d'importantes ressources naturelles, un des moteurs du développement économique et de croissance régionale, vu son poids dans le monde arabe et les espaces méditerranéen et maghrébin. De même, la Roumanie recèle toutes les potentialités pour pouvoir devenir un des plus importants partenaires du Royaume du Maroc en Europe de l'Est. Les relations politiques ont été toujours excellentes, des rencontres entre les responsables des deux pays ayant lieu d'une manière régulière : au niveau gouvernemental, parlementaire et culturel. Quant aux relations économiques, nous avons une expérience très riche. En effet, des sociétés roumaines ont réalisé certains ports au Maroc, tels ceux de Nador (1979), Ras Kebdana (1982) et Dakhla (2001). Elles ont aussi contribué aux travaux d'extension et d'aménagement des ports de Nador, Asilah, Larache, Restinga-Smir, Al-Hoceima, Jebha, M'diq et Sable d'or. Nous avons également une coopération plurielle dans les domaines des forages des points d'eau, du foncier et de l'exploration géologique. Sans oublier que pendant la période 1972-1980, des centaines de cadres roumains ont enseigné dans les écoles marocaines et des experts roumains ont apporté une assistance technique dans le domaine des prospections géologiques. Par ailleurs, la commission mixte de coopération économique et technique, mise en place en 1978, compte à son actif 9 sessions de travail. Concernant les échanges commerciaux, bien qu'ils aient augmenté de manière soutenue durant les dernières années, leur valeur totale (autour de 50 millions de dollars) ne reflète pas le potentiel réel que recèlent nos économies respectives. Le Maroc occupe d'ailleurs une place privilégiée parmi les grands partenaires économiques de la Roumanie en Afrique. Selon le volume des échanges, il occupe le troisième rang derrière l'Egypte et l'Algérie. La coopération culturelle est aussi très excellente. Elle a été instaurée grâce à l'accord de coopération dans le domaine culturel et scientifique signé en 1969 ainsi que par des programmes de mise en exécution avec des durées de 2 à 3 ans. Il y a des centaines de Marocains qui ont suivi leurs études universitaires en Roumanie. Actuellement, il y a entre 300 à 400 étudiants marocains dans mon pays. A partir de 1990, sur la base d'un accord entre la société roumaine Romconsult et l'Office marocain de la formation professionnelle et de la promotion du Travail, une centaine de spécialistes roumains dispensent des cours de formation dans diverses villes du Maroc. Existe-t-il des projets communs entre les deux pays ? Le projet commun le plus en vue est incontestablement la production de la voiture roumaine Dacia Logan. Il y a un autre projet de coopération concernant la construction d'une ligne pour la fabrication des bouteilles à gaz à Fès. Il y a aussi des actions de coopération institutionnelle décidées dans le cadre des travaux de la commission mixte intergouvernementale de juin 2003. Quelle est votre stratégie pour augmenter les échanges commerciaux entre le Maroc et la Roumanie ? D'abord, intensifier les contacts politiques entre les hauts responsables des deux pays qui représentent des signaux forts pour les opérateurs économiques. A ce sujet, nous sommes en train de préparer la visite officielle du Premier ministre Roumain au Maroc. Il y a lieu de préciser que les deux parties sont engagées dans des négociations d'un accord de libre-échange. Le prochain round des négociations aura lieu le mois prochain en Roumanie. Notre objectif ensuite est de faire connaître les opportunités offertes par les économies et les marchés des deux pays. Dans ce cadre, l'ambassade de Roumanie au Maroc a lancé une série de séminaires pour présenter aux opérateurs économiques marocains les possibilités d'investissement en Roumanie. Nous comptons aussi mettre en contact les opérateurs économiques des deux pays. Pour ce faire, des missions économiques seront organisées en Roumanie et au Maroc entre le 7 et le 14 mai 2005. Quelles sont les perspectives de la coopération entre le Maroc et la Roumanie ? L'adhésion de la Roumanie à l'Union européenne le 1er janvier 2007 renforcera les possibilités de la coopération avec le Maroc, d'autant que le Royaume a lui-même un accord d'association avec l'Union européenne. La Roumanie pourrait devenir un centre pivotant de l'économie marocaine dans la région. Nombre d'entreprises marocaines pourront ainsi transférer leurs capacités de production en Roumanie, et notamment dans le domaine de l'industrie alimentaire, des textiles, de l'industrie chimique et de la fabrication de bois. La Roumanie tient en outre à participer aux grands projets d'infrastructure au Maroc : la construction des ports, des routes et des ponts, des pistes d'aéroports, des barrages hydroélectriques et d'irrigations, des centrales thermoélectriques, la réalisation d'une chaîne de montage de tracteurs agricoles, d'équipements et d'outils agricoles… Nous nous intéressons aussi à développer nos relations avec le Maroc dans le but de créer des sociétés et des banques mixtes et renforcer la coopération dans les domaines du tourisme, de la santé, de l'industrie pharmaceutique, des phosphates, de l'agriculture et de la gestion des déchets. Comment envisagez-vous une solution définitive au conflit du Sahara marocain ? La Roumanie a toujours plaidé pour que le problème du Sahara soit réglé par la voie politique tenant compte des intérêts des parties concernées. La Roumanie considère que, pour avoir une solution définitive et viable, il faut qu'elle soit trouvée par la voie des négociations. On ne peut pas imposer une solution. C'est dans cet esprit que la Roumanie n'a jamais reconnu la République arabe sahraouie démocratique (RASD) et n'a pas eu des relations avec le Polisario. La Roumanie soutient donc une solution négociée et déploie tous ses efforts pour trouver une solution politique définitive et durable à ce différend.