Fruit de la rencontre entre le Roi Mohammed VI et le président algérien à Alger Le président algérien, Abdeklaziz Bouteflika, a décidé de supprimer les visas pour les ressortissants marocains désirant se rendre en Algérie. Une mesure similaire à celle du Roi Mohammed VI prise unilatéralement le 30 juillet 2004. Bon augure. Le président Abdelaziz Bouteflika a tenu à téléphoner personnellement au Roi Mohammed VI pour l'informer de sa décision de supprimer le visa pour les ressortissants marocains qui désirent se rendre en Algérie. On s'y attendait quelque peu depuis que le souverain ait décidé de participer au sommet arabe à Alger. Le dégel dans les relations était alors prévisible du fait que depuis quatorze ans, aucun souverain marocain n'avait foulé le sol algérien. La normalisation des relations bilatérales n'avait alors besoin que de deux rencontres entre les deux chefs d'Etat en marge du sommet arabe. Et même si aucune information tangible n'avait filtré de ces réunions, les observateurs savaient qu'elles déboucheraient sur des décisions concrètes. La première pierre de la normalisation a été posée le samedi 2 avril par la suppression des procédures de visa pour les ressortissants marocains désirant se rendre en Algérie. Ce faisant, le président algérien Abdelaziz Bouteflika répond à une mesure similaire prise unilatéralement par le Roi Mohammed VI le 30 juillet 2004. L'initiative algérienne a été vivement saluée dans le royaume. Tout comme elle é été commentée positivement en Algérie par Algérie Press Service (APS). Cette dernière écrit "que ce geste de bonne volonté participe aux efforts déployés par les deux pays en vue d'assainir le climat dans lequel devront se développer les relations bilatérales fondées sur la confiance réciproque et sur la compréhension entre les peuples algérien et marocain". Le changement de ton est aussi palpable dans le contenu de l'entretien téléphonique entre les deux chefs d'Etat. Le président algérien a par ailleurs salué la contribution personnelle du Roi Mohammed VI au succès du sommet des Etat de la Ligue Arabe. Reste à savoir jusqu'où les deux chefs d'Etats ont poussé leur entente pour d'autres décisions qui les rapprocheraient davantage. À moins que les deux leaders n'aient fixé d'un commun accord un calendrier de normalisation qu'ils gardent au secret. Mais il est curieux quand même que l'annonce de la suppression de visa n'a pas été suivie par celle de la réouverture des frontières. Car il est difficile de dissocier l'une de l'autre sachant que le flux touristique et économique passait essentiellement par les frontières avant la rupture de 1994. Ceci étant, personne ne peut prédire ce que les deux chefs d'Etat ont convenu pour assainir totalement leurs relations. On savait qu'il y avait divergence entre les deux pays quant à la modalité du traitement de leurs différends. L'Algérie ayant toujours tenu à dissocier le conflit du Sahara marocain des autres points de divergences, y compris celles inhérentes à l'UMA. Le Maroc a été par contre toujours convaincu qu'il ne pourrait pas y avoir d'accord tant que le problème de notre intégrité territoriale n'est pas résolu. Maintenant que la donne a changé tant au niveau bilatéral que mondial, l'équation du Sahara reste suspendue à la volonté algérienne. L'on se rappelle que les journaux algériens avaient longuement commenté les pressions des Etats-Unis et de l'Europe pour que les deux pays trouvent un terrain d'entente sur ce problème. Reste à savoir comment on peut rapprocher les points de vue des deux pays pour arriver à une solution raisonnable. D'autant plus que l'ONU s'apprête à se réunir pour rediscuter de ce problème. L'on sait que le Maroc avait catégoriquement refusé le plan Baker II. Une position qui n'avait pas plu à certains qui avaient essayé de voter une résolution pour obliger le Maroc à l'accepter. Une hérésie juridique qui ressemble à celle de l'inénarrable Kodjo quand il avait introduit illégalement la "RASD" au sein de l'OUA. Mais concernant le plan Baker II, le Maroc avait tenu bon en déployant une diplomatie plus agressive que d'habitude. Il était inacceptable que notre pays approuve une résolution qui donne aux séparatistes cinq ans d'autonomie avant d'organiser un référendum. C'est-à-dire tout le temps qu'il faut pour qu'ils changent la donne dans nos provinces du sud. Une campagne électorale qui durera cinq ans sans contrôle ni limite est un fait inédit dans les annales des relations internationales. Heureusement que la raison a prévalu car il est inadmissible que le Polisario et l'Algérie refusent le plan Baker I sans êtres inquiétés. Alors que le Maroc qui est souverain sur son territoire a failli être assujetti à un règlement imposé qui n'existe dans aucune clause des Nations Unies. Il faut se rendre à l'évidence et admettre que le problème du Sahara marocain est un problème algéro-marocain avant tout. Et que ce faisant, comme l'a si bien dit la presse algérienne, il devrait être traité dans un cadre bilatéral impliquant l'ensemble régional qui est le Maghreb. Il est difficile de croire que les deux chefs d'Etat aient reporté la discussion sur ce problème à Alger. L'équation ne pourrait que se compliquer davantage si les diplomaties devraient s'affronter encore à l'ONU et dans d'autres instances internationales. Le Maroc et l'Algérie ont la possibilité et les opportunités pour régler aujourd'hui plus que jamais ce conflit. D'abord parce que le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a réussi là où ses prédécesseurs ont échoué. Il a pu imposer ses idées et ses décisions aux militaires qui ne laissaient rien passer. Le climat en Algérie est beaucoup plus serein qu'avant l'instauration de la concorde nationale. Les maquisards ont presque perdu la guerre sur le terrain aussi bien par la répression que par la dissuasion. Autrement dit Bouteflika possède aujourd'hui tous les atouts pour desserrer le nœud qu'il avait lui-même serré alors ministre des affaires étrangères de Boumedienne. La guerre n'a jamais résolu un problème et l'on peut se mettre à table avec la conviction qu'il n'y a ni vainqueur, ni vaincu. Le Maroc a démontré qu'il est capable de régler ce problème dans un cadre plus élargi en prenant en compte tous les paramètres. L'autonomie sous souveraineté marocaine avec une coopération plus globale avec l'Algérie reste l'unique solution. L'Algérie n'aura rien perdu, le Maroc aussi et ce tout en garantissant aux Sahraouis une autonomie. À partir de là tout peut être négociable avec l'Algérie y compris la délimitation définitive des frontières et autres ouvertures. Le président algérien a accompli une première et intéressante ouverture en supprimant les visas. On sait qu'il est capable d'aller plus loin pour consolider les relations avec le Maroc et construire l'unité du Maghreb arabe. La volonté y est, pourquoi alors se priver d'un optimisme qui a toutes les raisons d'être.