Génération spontanée Le Maroc a une tradition bien à lui dans la création des décharges publiques. Dans le plus grand hasard elles naissent dans les pires endroits. Les décharges sauvages, grand facteur de pollution, produisent entre autres du méthane, qui pollue 21 fois plus que le dioxyde de carbone. Les décharges existent “spontanément” dans pratiquement toutes les villes ou bourgades du Maroc. Aussi, l'absence d'infrastructures de valorisation et de récupération des déchets a conduit à la prolifération de décharges sauvages un peu partout à travers le pays. Il est à souligner que la wilaya de Casablanca compte plusieurs décharges sauvages. Dans certains endroits de la ville, les décharges improvisées, en toute impunité, par les résidents sont la destination privilégiée des citoyens venant même des quartiers lointains pour se débarrasser de tout ce qui est jetable. En confiant la propreté du Hay Hassani à la société, Sita El Beida, il y a quelques mois de cela, Mohamed Sajid, président du Conseil de la ville avait précisé qu'il s'agissait “d'une opération de grande envergure puisque d'immenses décharges publiques se trouvent à l'intérieur de la ville au vu et au su de tout le monde. Les sociétés de nettoyage doivent entrer dans les bidonvilles. Mais il faut qu'on leur balise le terrain”. Sait-on par exemple que le fameux bidonville de sidi Moumen, qui a donné naissance aux premiers kamikazes marocains impliqués dans les attentats du 16 mai 2003, a été bâti sur une ancienne décharge qui n'a jamais été réhabilitée ? Ce site n'a jamais fait l'objet de travaux d'assainissement à des fins sanitaires. Par ailleurs, il suffit de prendre la route pour constater, à la lisière des lotissements urbains, des monticules de débris, d'immondices et autres gravats qui proviennent d'une démolition, d'un chantier et autres constructions. Ainsi, il est de nombreuses entreprises qui, opérant sur des chantiers, n'hésitent pas à créer des décharges sauvages se débarrassant des déblais en les déposant n'importe où. L'exemple le plus frappant demeure sans aucun doute celui des rives de l'Oued Bouregreg où des tonnes de détritus et de déchets ménagers et industriels en tous genres sont lâchés quotidiennement sur toute l'étendue du fleuve. Le DGCL (département de l'Environnement et la direction des Collectivités locales) estiment à 1,7 milliard de dirhams la facture que les pouvoirs publics règlent notamment pour le mauvais traitement des déchets. Le département de l'environnement travaille ainsi sur un projet de loi qui devrait être soumis au prochain Conseil des ministres. Le texte explique que la responsabilité de la collecte, du nettoiement et du traitement des déchets ménagers et des décharges publiques incombe aux élus. Seront notamment interdites les décharges spontanées et non contrôlées. Pour pallier l'absence de sites légaux contrôlés à travers le territoire national, la DGCL a arrêté une stratégie qui consiste en l'élaboration d'un schéma directeur de la gestion des déchets dans une première étape avant la réalisation des centres d'enfouissement technique et, enfin, l'éradication des décharges publiques sauvages.