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On a toujours peur de Virginia Woolf
Publié dans La Gazette du Maroc le 28 - 02 - 2005


V.W, Le mélange des genres
Geneviève Brisac et Agnès Desarthe se sont penchées sur les textes de l'écrivain anglais (1882-1941) avec beaucoup de subtilité. Soixante-trois ans après son suicide, qui a encore peur de Virginia Woolf ?
Virginia Woolf est un immense mystère littéraire. Une sorte de génie habité par la mort et la douleur. Approcher l'oeuvre, c'est toucher aussi du même coup du bout des doigts la femme Virginia. A la fois un être et un artiste inclassables. La création littéraire de Virginia Woolf est arrivée au moment où deux géants des lettres humaines étaient en passe de léguer à la postérité la quintessence de leurs arts: James Joyce avait livré Dédalus, son Ulysses avait pris place au centre du Panthéon littéraire et Finnegan's Wake était en gestation avec pour secrétaire Samuel Beckett en personne. Au même moment, s'élaborait l'Homme sans Qualité de Musil. Sur un autre plan, Marcel Proust avait achevé sa Recherche et le monde des Lettres ressentait la force d'une telle avalanche. C'est dans ce contexte qu'il faudra replacer le monde imaginaire de Virginia Woolf.
Geneviève Brisac et Agnès Desarthe touchent le fond de cette oeuvre en axant leur travail sur l'importance de l'enfance dans une telle écriture. Il y a à la fois la peur et la souffrance de la perte précoce de la mère, la rigidité et la froideur du père, les agressions sexuelles des deux demi-frères, la mort du frère tant aimé... et d'autres mutilations précoces.
“L'aptitude à recevoir des chocs est ce qui a fait de moi un écrivain.” Une telle phrase pourrait résonner comme le “j'écris parce que la mort me talonne” de Proust. L‘écriture remplit ici son rôle de réceptacle de la douleur. On couche sa vie sur du papier et on en exorcise la teneur amère, purulente, cruelle et inoubliable. Car l'écriture n'est à ce moment qu'un paravent contre les attaques de la mémoire et ne les annihile pas. Et le travail de Virginia Woolf de Mrs Dalloway, à La Promenade au phare en passant par Orlando, les Vagues, autant que ses nouvelles, son journal et sa correspondance, n'est qu'une tentative de comprendre le passé, l'enfance, le berceau de la vie. Cette catharsis de soi dans le mot pourrait s'avérer intéressante quand le chemin pris pour atteindre qui nous sommes n'est pas tronqué. Chez Virginia Woolf l'exigence vis-à-vis de soi revêtait l'aspect d'un sacerdoce. Et ce n'est qu'à ce moment et à travers un tel rapprochement avec soi-même qu'écrire peut être une prise de possession de soi et de son existence.
Pour Geneviève Brisac et Agnès Desarthe, c'est la grande maîtrise de l'entourage, la grande observation qui sont les clés de l'univers woolfien. Elles mettent en avant sa capacité de tout comprendre, de tout voir sous le prisme de l'analyse lucide et subtile. Et c'est cette suprême intelligence qui devait lutter constamment contre la douleur de l'enfance, les cicatrices des jours passés, mais qui ne veulent pas mourir. Dans les écrits de Woolf, la douleur n'est pas transmuée en bonheur. Loin de là, elle n'est pas non plus une assommante mélancolie de pacotille pour faire de l'effet. Mais de l'art avec ce qu'il a en lui de grande vérité sur l'être et l'existence.
VW, Le mélange des genres, de G. Brisac et A. Desarthe, éd. de l'Olivier, 274 p., 20 €


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