L'agence koweïtienne d'informations (KUNA) Entretien avec Youssef Al-Yakout, rédacteur en chef de la KUNA. La Gazette du Maroc : pouvez-vous nous parler de l'agence koweïtienne d'informations KUNA ? Youssef Al-Yakout : la KUNA est une agence officielle d'informations, qui dispose d'une vingtaine de bureaux dans les plus grandes capitales du monde. Le budget de l'agence est passé de 21 à 75 millions de dollars. Son objectif principal est de fournir aux professionnels de la presse, surtout dans le monde arabe, une source d'informations accessible, à l'instar des autres agences telles que l'Agence France Presse, Reuters… Pour atteindre cet objectif, le conseil d'administration de la KUNA, qui est renouvelé tous les quatre ans, sous l'égide du Premier ministre, emploie près de 300 fonctionnaires, parmi lesquels 170 journalistes. À ce propos, il faut rappeler que l'agence recrute chaque année une trentaine de journalistes dont elle assure la formation dans les différentes spécialités de l'information, en vue de garantir le meilleur rendement possible. Toutefois, les cadres formés à la KUNA sont libres d'intégrer la presse privée, puisqu'ils ne sont pas engagés vis-à-vis de l'agence par un contrat de travail. D'ailleurs, beaucoup de journalistes formés à la KUNA ont réussi à intégrer la presse privée sans aucune difficulté. Qu'en est-il concrètement des relations de coopération entre le Maroc et le Koweït dans le domaine de l'information ? Dans la lignée des réformes de la KUNA, les responsables de l'agence ont décidé de renforcer le processus de coopération avec la presse des pays arabes. Dans ce sens, le conseil d'administration s'est aperçu que l'agence souffrait d'un déficit d'informations sur la région du Maghreb. C'est pourquoi des membres de l'agence se sont rendus en visite au Maroc en janvier 2002. L'objectif principal était de mettre en place un bureau de la KUNA, après celui de Rabat, qui était dirigé par le Palestinien Atif Aouda, et qui a cessé ses activités dans les années 80. La visite de la délégation koweïtienne a été couronnée de succès, grâce notamment à l'amabilité des autorités marocaines. Mais, malheureusement, l'agence a du mal à trouver un correspondant marocain à plein temps. Quels sont les sujets d'actualité qui ont retenu l'attention des professionnels de la presse et de l'opinion publique après la guerre du Golfe, en 1991 ? Personnellement, je crois que le dossier irakien revêt toujours une grande importance pour les Koweïtiens. D'ailleurs, mes confrères ne vous diront pas le contraire. A vrai dire, les Koweïtiens ont toujours du mal à surmonter l'épreuve de l'invasion irakienne, en 1990. Comme toute personne qui aime sa patrie, les membres de l'agence koweïtienne d'informations se sont engagés, depuis la guerre du Golfe, à défendre la cause koweïtienne. Dans ce sens, la KUNA déploie des efforts assidus pour dénoncer la dictature irakienne, ainsi que les actes de barbarie commis par l'armée irakienne durant son occupation du Koweït. A mon sens, l'affaire des prisonniers koweïtiens est une affaire humanitaire plus que politique. Il suffit de savoir que l'armée irakienne a détenu quelque 2.000 prisonniers qu'elle utilisait comme boucliers humains lors des bombardements aériens des alliés. Sans compter les 600 morts et les centaines de familles terrorisées par la brutalité des forces armées irakiennes. D'un autre côté, il faut surtout rappeler que l'Irak est le seul responsable de la détérioration de la situation politique et sécuritaire dans toute la région du Golfe. N'oublions pas que c'est le régime irakien qui a transgressé le droit international en s'appropriant un champ pétrolier sous souveraineté koweïtienne. Pis encore, il n'a pas fait preuve de reconnaissance, puisque le Koweït avait soutenu Saddam lors de la crise financière qui a secoué le régime, en lui accordant un prêt de 10 milliards de dollars. Mais malgré ce geste de bonne foi, l'Irak ne déploie pas suffisamment d'efforts pour atténuer l'intensité du conflit irako-koweïtien.