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De l'apaisement à la trêve
Publié dans La Gazette du Maroc le 14 - 02 - 2005


Palestine
Le président, Mahmoud Abbas, a commencé samedi dernier, les discussions avec toutes les organisations palestiniennes afin d'arriver à instaurer une trêve durable. Une tâche, qui ne s'annonce pas si facile, tant que le Hamas et le Djihad islamique refusent toujours de rassembler les armes sous les ordres de l'Autorité et demandent de véritables garanties. Ce que cette dernière ne possède pas jusqu'ici.
A la veille de la rencontre de Gaza, le membre du bureau politique du mouvement Hamas Khaled Mechâal disait à la Gazette du Maroc que : “le problème d'Abou Mazen est avec Sharon et pas avec la résistance islamique” ; et, de poursuivre : "Si les Israéliens tiendront leurs engagements concernant l'arrêt des violences, nous le ferons". En d'autres termes, si l'armée israélienne ne tue pas des civils, comme elle l'a fait juste après le sommet de Charm al-Cheikh, le Hamas et le Djihad ne lanceront pas leurs missiles "Al-Qassam" en direction des colonies. Machaâl a voulu préciser que les Palestiniens ne font pas confiance aux engagements pris par le Premier ministre israélien.
De son côté, Yasser Abed Rabbo a affirmé que l'Autorité n'a pas de garanties, sauf celle qui se trouve dans cadre de la “Feuille de route”. Pour cette raison, la résistance islamique rejette la proposition faite par Abou Mazen, portant sur le rassemblement des armes. Car, le cas échéant, il n'y aura plus désormais aucun moyen pour défendre la population palestinienne contre les éventuelles attaques de l'armée israélienne. Pour Mohamed al-Hindi, responsable du Djihad islamique, “nous voulons faire rater l'occasion, s'il y a vraiment une occasion” ; et à ce dernier de détailler : “nous ne nous sommes jusqu'à présent pas au courant de ce qui s'est passé concernant la libération des prisonniers encore moins de la question du mur de séparation". Ce qui rend l'octroi d'une carte blanche au président palestinien, chose prématurée.
En dépit de ce constat, on apprend de sources concordantes palestiniennes que les organisations qui refusent d'avance tout cessez-le-feu avec l'Etat hébreu, telle que le FPLP (mouvement populaire de la libération de la Palestine), veulent se mettre d'accord sur le politique avant le sécuritaire. De plus, la fermeté affichée vise à hausser le plafond des revendications politiques; notamment, pour ce qui est de l'intégration du Hamas et du Djihad islamique à l'OLP, et de là, que cette organisation soit plus représentative du paysage palestinien et plus restructurée démocratiquement.
Sur ce point, l'Autorité palestinienne, plus précisément Fath, qui la contrôle, a fait savoir avant la réunion du samedi soir à Gaza, qu'il était possible de se mettre d'accord sur toutes les suggestions. Ce, allant de l'adhésion des mouvements islamiques à l'OLP, jusqu'à la participation de ces derniers aux institutions législatives et exécutives. A la question posée par la Gazette du Maroc à Nabil Chaâth, le ministre palestinien des Affaires étrangères, ce dernier a répondu que “si l'Autorité accepte le multipartisme et le droit politique de toutes les factions à la participation et l'expression, il n'est pas cependant question qu'il y ait plusieurs armes légitimes” sauf celles qui sont entre les mains de l'autorité. Car, il est temps de mettre fin aux initiatives unilatérales, notamment, en matière de lutte pour l'indépendance. Cela dit, l'arrêt des violences ne devra pas priver le peuple et ses organisations de mener la bataille par les moyens politiques ou la lutte populaire et pacifiste.
Les manœuvres israéliennes…
Alors que Mahmoud Abbas déploie des efforts considérables pour surmonter les effets des accrochages survenus 24 heures après le sommet de Charm al-Cheikh, Israël et ses services de renseignements continuent à promouvoir les informations affirmant que le Hezbollah, la Syrie et l'Iran s'apprêtent à saboter le cessez-le-feu. Et, de là, inciter la communauté internationale à prendre position contre ces trois parties. Tel Aviv a demandé officiellement à Jacques Chirac d'œuvrer auprès de l'Union européenne dans le sens de placer le mouvement religieux libanais sur la liste des organisations terroristes. Ce, au moment où Damas a promis aux Européens lors de la réunion de l'Otan à Bruxelles, la semaine dernière, d'exercer des pressions sur ce mouvement afin de bien réussir les résolutions du sommet de Charm al-Cheikh. Pis, la Syrie a annoncé qu'elle abritera prochainement une réunion à laquelle participeront les voisins d'Israël dans le but de réactiver l'initiative de paix adoptée à l'unanimité par les pays arabes lors de leur sommet tenu à Beyrouth en mars 2002.
Cette rencontre regroupera outre la Syrie, la Jordanie, l'Egypte, le Liban et la Palestine. Elle aura pour objectif de coordonner les positions vis-à-vis de la relance du processus de paix. Ce qui prouve que les Syriens veulent faciliter la tâche du président palestinien et renforcer ses positions.
Malgré les bonnes intentions affichées par Mahmoud Abbas lors du sommet de Charm al-Cheikh, notamment en évitant d'évoquer les sujets les plus complexes tels que le statut final, le droit de retour et l'avenir d'Al-Qods, Ariel Sharon a tenu à montrer que le problème est avant tout sécuritaire, et aux Palestiniens de s'engager à mettre fin à la violence. Et de prouver à ses compatriotes qu'il a réussi à faire de cette rencontre avec les chefs d'Etat arabes présents une victoire pour lui et pour Israël.
Pour les Palestiniens, ils sont conscients que l'arrivée à une paix juste et durable s'annonce difficile dans les meilleurs des cas. Mais cela ne va pas les empêcher à entreprendre cette voie. De ce fait, il faut que les Etats-Unis poussent l'Etat hébreu à revenir sur l'exécution de la "Feuille de route" ; plus particulièrement après le retrait de son armée et de ses colons de Gaza en première étape, et de Cisjordanie en deuxième. Le cas contraire, ni la paix ni la stabilité ne seront jamais réalisées.
Dans cette foulée, force est de souligner que ce sont les soldats israéliens qui ont été les premiers à ne pas respecter le cessez-le-feu. Ce, en tuant un civil palestinien. La riposte du Hamas a été le bombardement des colonies juives autour de Gaza sans pour autant toucher quelqu'un. Aujourd'hui Hamas a fait savoir qu'il ne donnera pas carte blanche à l'Autorité dans le cessez-le-feu décidé à Charm al-Cheikh. Il ne cache pas sa colère du fait qu'Abou Mazen a annoncé cette décision sans consultation et sans se mettre d'accord d'une manière définitive sur les conditions de la trêve ou sur ce qu'Israël va accorder en contrepartie de ses engagements d'appliquer fermement ce cessez-le-feu.
En tout état de cause, les Palestiniens, toutes tendances confondues, accepteront un degré égal de sécurité entre eux et les Israéliens. Mais, ils refuseront une sécurité pour ces derniers seulement. De plus, ils n'accepteront jamais de devenir les gardiens des vies et des intérêts des Israéliens. Ils ont rappelé, à la veille de la rencontre de Gaza, qu'ils ont voté pour Abou Mazen conformément à son programme basé sur plusieurs objectifs, dont en premier, la création d'un Etat palestinien avec Al Qods-Est pour capitale et le droit de retour selon la résolution 194.
De son côté, Mahmoud Abbas a placé à l'ordre du jour de ses rencontres avec les organisations palestiniennes la fin de la militarisation de l'Intifada. Une condition pour réaliser les objectifs nationaux dans les circonstances actuelles.
Il veut absolument arracher un grand oui à ses interlocuteurs concernant le passage de l'apaisement à la trêve. Ce, afin qu'il puisse négocier avec les Israéliens, renforcé de l'unité du rang palestinien.
...Et les réticences palestiniennes
Si les politiques de l'Autorité tentent de convaincre les hésitants des avantages du sommet de Charm al-Cheikh, les militants les plus avertis au sein du Fath et de la résistance islamique, appellent au réalisme. Ils rappellent que toutes les mains qui ont été tendues à Sharon –la dernière lors du sommet d'Al-Aqaba par Abou Mazen- ont été déclinées. De ce fait, il faut être aujourd'hui prudent à l'égard des déclarations parlant de la “fenêtre des occasions" ou de la “caravane de paix” qui a pris la route de nouveau. Les membres de la direction du Fath qui avaient rencontré leur chef, Abou Mazen, samedi matin à Gaza, lui ont rappelé que le peuple ne peut plus encaisser des déceptions plus que celles de Camp David, de Madrid ou de la Maison-Blanche. Et lui adresser un message pour rappeler que durant quatre années et demie de l'Intifada qu'il a annoncée sa fin à Charm al-Cheikh, plus de 4500 personnes ont été tuées des deux côtés.
L'essentiel c'est qu'Abou Mazen mise sur un cessez-le-feu durable cette fois, les pressions américaines sur Sharon puissent libérer le maximum des prisonniers, y compris ceux qui sont considérés comme étant très "dangereux". Mais, parallèlement, il sait parfaitement que la moindre manœuvre au niveau de ce dossier pourrait pousser les durs à faire sauter la baraque. Ce, même si les deux parties réussissent à lever les obstacles devant le retrait de l'armée israélienne et des colons de Gaza et de son environnement.
Dans cette étape, il n'y a aucune garantie en vue. Les officiers de l'armée et de la police israéliennes qui s'apprêtent à ce retrait et à l'évacuation des colons craignent une vague de violence qui envahira tout le pays avec le démarrage de cette opération.
Ce qui remettra en cause le cessez-le-feu de Charm al-Cheikh. Dans ce contexte les Palestiniens estiment que les problèmes sérieux commenceront juste après le retrait unilatéral. Plus encore si Israël livrera environ 50 % de la Cisjordanie. L'Etat palestinien indépendant sera formé d'un ensemble de poches liées entre elles par des points de passage "frontaliers", cela, à côté de la bande de Gaza isolée et encerclée par un mur de tous les côtés. Par ailleurs, le mur de séparation tout le long de la ligne verte restera un point litigieux.
Les Palestiniens craignent, qu'en fin de compte, ils n'auront pas plus qu'un mini-Etat, plutôt un groupe de régions après leur avoir spolier leurs territoires pour construire les colonies. Cela dit, que la conséquence du sommet de Charm al-Cheikh n'est pas une "fenêtre des occasions", mais une "trêve provisoire". Les Palestiniens considèrent que, malgré les efforts d'Abou Mazen, le retrait attendu, est une avance aux concessions israéliennes. Toute perturbation à ce retrait pourrait relancer de nouveau l'Intifada. Surtout lorsqu'ils réalisent que leurs efforts sont tombés encore une fois à l'eau. Et que la trêve n'a servi qu'Ariel Sharon.
Parmi les réticences palestiniennes, le doute envers les intentions du président égyptien, Hosni Moubarak. Une partie des responsables de l'Autorité et la majorité de ceux des organisations estiment que Sharon a accepté l'initiative de Moubarak non pas pour accorder une occasion à Abou Mazen, mais pour consolider les relations de paix avec l'Egypte. Pour Hani al Hassan et certains diplomates jordaniens proches du dossier palestinien, la principale raison qui a poussé le raïs à organiser le sommet de Charm al-Cheikh était d'assurer la succession de son fils dans un an ou deux. De ce fait, il a voulu mobiliser le soutien aussi bien des Américains que des Israéliens à son régime. La libération par le Caire de l'espion Azzam Azzam et la promesse de Moubarak de visiter Israël ainsi que la signature de l'accord sur l'exportation du gaz à l'Etat hébreu constituent des indices palpables.
Abou Mazen qui veut à tout prix convaincre les mouvements islamistes de l'utilité du passage de l'apaisement à la trêve, même si cette dernière reste provisoire, sait mieux que quiconque que le Likoud poursuivra son chemin vers la consolidation de l'occupation ; et, de la réorganiser sous l'hégémonie des Etats-Unis sur le monde entier. Le président palestinien a dit récemment à un haut responsable qatari que les plus optimistes ne peuvent prétendre que Sharon a changé son agenda et qu'il compte donner aux Palestiniens plus que trois poches comprenant la moitié de Cisjordanie ; et à Abou Mazen d'ajouter : “nous les prenons en toute connaissance de ses intentions envers nous et la lutte pour l'indépendance continuera…” C'est autour de cet objectif qu'il va discuter avec la résistance islamique.


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