Une députée marocaine menacée de mort en Belgique Depuis l'affaire Van Gogh, rien ne va plus en Europe. Cette semaine, c'est la Belgique qui fait scandale après les menaces de mort et de représailles encourues par une députée belge d'origine marocaine, Mimount Bousakla. Tir croisé, il se révèle que l'accusé appréhendé qui aurait fait des aveux sonnants et trébuchants est de confession musulmane. Mimount Bousakla a été menacée de mort. La jeune députée, qui porte un regard critique sur la communauté musulmane, n'y a pas que des amis. On dit d'elle qu'elle n'a pas sa langue bien pendue et qu'elle n'hésite pas à briser certains tabous (sur les mariages blancs, le port du voile, l'éducation des filles, les adolescents marocains en situation difficile...) qui ne plaisent pas à tous dans la communauté musulmane. L'homme qui a menacé de mort la sénatrice sp.a est un Gantois de 38 ans de nationalité belge, converti à l'islam. Il a été appréhendé jeudi 18 novembre et a reconnu les faits, mais il dit n'avoir jamais parlé d'”abattage rituel”. Il a expliqué qu'il avait trouvé les propos tenus une semaine auparavant, par la sénatrice, comme subversifs et intolérants, raison pour laquelle il a lancé samedi 13 courant des menaces par téléphone au secrétariat du sp.a à Anvers. L'homme ne possède aucun antécédent judiciaire. En 2002, son nom figurait sur la liste des membres de l'AEL, la Ligue arabe européenne. Cette organisation ne semble toutefois pas mêlée en quoi que ce soit aux actes entrevus par le suspect. Le Gantois risque une peine de 6 mois à 2 ans de prison pour menaces orales à caractère raciste. Il doit comparaître devant le juge d'instruction qui devra décider d'un éventuel mandat d'arrêt à son égard. La sénatrice Mimount Bousakla a fait part de son soulagement et a dit espérer que cette arrestation mette un terme rapide à l'atmosphère de menaces régnant actuellement. Rappel des faits Lors d'un appel téléphonique, un interlocuteur anonyme avait clairement menacé Mme Bousakla de mort, précisant même (en néerlandais): “Nous allons vous exécuter rituellement.” La formulation de la menace semble accréditer cette hypothèse, même si l'accusé la réfute et les enquêteurs restent dans le brouillard concernant les réelles motivations du harceleur. La jeune femme a déposé une plainte contre X suite à cette menace qui est loin d'être la première qui lui soit parvenue. Mimount Bousakla fait depuis près de deux ans l'objet de tels messages, par téléphone ou par lettres. Les menaces de mort sont prises plus au sérieux qu'auparavant depuis le meurtre, il y a deux semaines, du cinéaste néerlandais Theo van Gogh. Menacé de mort après la sortie de son film “Soumission” qui dénonce le traitement de la femme dans l'Islam, il aurait été tué par un fondamentaliste musulman. La semaine dernière, la sénatrice a critiqué l'organisation la plus représentative des Musulmans en Belgique pour ne pas avoir condamné cet assassinat. Le lendemain de ce meurtre, la sénatrice n'y est pas allée par quatre chemins: “L'Exécutif des musulmans doit disparaître” Pour Mme Bousakla, le représentant officiel de l'Islam en Belgique devait condamner le meurtre de Van Gogh et appeler les Musulmans à dénoncer ce meurtre à haute voix. Une Marocaine sous haute sécurité La jeune Anversoise a déserté son domicile et bénéficie d'une protection rapprochée de la police fédérale. Dès mardi 16 novembre, cinq agents de la police fédérale ont encadré la mandataire politique pour l'escorter jusqu'à une causerie prévue à Anvers, avant de la raccompagner à une adresse tenue secrète. Depuis dimanche 14 novembre, la jeune femme ne circule plus seule dans la rue. Des policiers fédéraux veillent sur elle 24 heures sur 24, même lors de ses activités au Sénat. A 32 ans, Mimount Bousakla avait été élue sénatrice en mai 2003. Après une formation en marketing, elle a travaillé comme employée de banque. La jeune beurette a grandi entre deux cultures -marocaine et flamande. Reste que les menaces qui font des vagues en Europe ouvrent la porte aux règlements de compte “religieux” qui proviennent, en l'occurrence, de la même communauté. Si les rumeurs des premières heures avaient d'abord tablé sur un délinquant avec des penchants pour l'extrême droite, après l'époque des skinhead qui sortaient le soir “pour se faire des Arabes”, voilà que le crime ou la menace politique entre en scène dans la nouvelle configuration.