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Le juge Garzon s'est mis dans de mauvais draps
Publié dans La Gazette du Maroc le 08 - 11 - 2004


La cellule espagnole et les attentats
du 11 septembre
C'est un coup de massue qui vient de s'abattre sur toute l'investigation du juge Baltazar Garzon qui enquête sur les attentats du 11 septembre. L'opération Dàtil qui a vu plusieurs membres de ladite cellule espagnole d'Al Qaïda mis sous les verrous est remise totalement en question. Le gouvernement américain vient de signifier, le lundi 1er novembre 2004, que la cellule espagnole d'Al Qaïda n'a pas participé aux attentats du 11 septembre 2001. Une déclaration qui remet tout le travail du juge espagnol en question et fait, du coup, de son rapport, un document caduc.
Le rapport du juge Baltazar Garzon faisait office d'un document d'autorité. Une base de données qui passait pour fiable à presque 100% jusqu'à ce lundi 1er novembre. Une date désormais importante puisque la commission gouvernementale d'enquête sur les attaques du 11 septembre a tout simplement rejeté en bloc les conclusions du rapport du juge espagnol. Ils sont quelque dix experts de grande renommée qui ont apporté en début de semaine des rectificatifs très “lourds de sens” sur les ratages du rapport Garzon. Une déroute pour le juge de la Audencia nacional qui pensait avoir établi la vérité sur les préparatifs de juillet 2001 à Tarragone, près de Barcelone entre Mohamed Atta et Ramzi Benalshibah.
Un coup dur qui nous pousse à poser un certain nombre de questions : sur quels faits s'était basé le juge Garzon pour établir ses 700 pages de rapport ? Quels étaient les moyens utilisés pour retracer les cheminements de tous ceux qui ont été impliqués de près ou de loin dans les préparatifs des attaques contre les tours jumelles de New York et le Pentagone à Washington ? Enfin quel sort sera réservé aux différents suspects arrêtés depuis plus de deux ans par le même juge ?
Des contradictions flagrantes
Pour répondre à certaines questions, nous avons demandé à la Gazette du Maroc qui a été le premier organe de presse à analyser et publier des extraits exhaustifs du rapport du juge Garzon. Pour les deux grands reporters qui ont couvert l'opération Dàtil et les différentes arrestations, Abdelhak Najib et Karim Serraj, la lecture du rapport n'a pas été aisée : “un bon nombre de contradictions surtout au niveau des dates des rencontres entre différents activistes. Nous avons toujours pensé que le rapport était fait à la hâte, émaillé de fautes au niveau des noms et des nationalités de certains accusés. Nous nous sommes comportés vis-à-vis de ce document avec beaucoup de vigilance.”. Pour les journalistes marocains qui avaient détaillé sur plusieurs numéros les pages relatives à des accusés marocains comme les frères Benyaïch, les frères Cheddadi, Driss Chebli, Mostapha Maymouni, Abdellatif Mourafik, Amer El Azizi et tant d'autres, plusieurs dates rapportées dans le rapport sont fausses ou alors variables d'une page à l'autre: “On ne sait vraiment pas quelle est la date de l'arrivée de Mohamed Atta à Madrid/ Barajas. Le flou demeure compact puisque la date varie aussi pour son arrivée à Tarragone. On annonce deux dates contradictoires pour le même fait. Et comme le juge Garzon n'est pas disponible pour éclairer nos lanternes, nous avons dû composer avec des faits qui s'annihilent d'eux-mêmes. Les mêmes remarques peuvent être faites sur les voyages de Youssouf Galan Gonzales en Indonésie pour financer les camps de Poso. On peut facilement se tromper sur la date et sur l'identité de celui qui l'accompagne. On ne sait toujours pas si Amer El Azizi a été de ce voyage ou pas. Pas plus qu'on ne peut certifier aujourd'hui si Abdellatif Mourafik a été arrêté avec Salaheddine Benyaïch en Turquie en compagnie de Lahcen Ikassieren”.
Pour la Gazette du Maroc, qui a cerné cette question depuis le premier jour du dépôt du dossier le 24 septembre 2003, les conclusions américaines relèvent les mêmes erreurs qui sont certainement dues à un travail
“bâclé”.
Toujours est-il que le juge Garzon a procédé à des arrestations sur la base de ces investigations. Quel est donc le sort, si le rapport américain est sans appel, de tous les détenus dans les prisons espagnoles: “si le rapport tombe sous le coup de l'erreur, il est de ce fait caduc. Et la justice ne peut pas tolérer ce genre d'approximation. Monsieur Garzon est obligé de s'expliquer sur ce rejet de la commission d'enquête américaine, première concernée par les attaques de New York et de Washington. Si les conclusions espagnoles ne sont pas si fiables, les détenus doivent être ou libérés ou alors remis en liberté provisoire en attendant une enquête plus sérieuse”, tranchent les deux journalistes marocains.
“Une liste de laverie”
C'est en clair ce qu'affirme un grand expert américain du terrorisme, Peter Bergen de la New America Foundation, qui rejette en bloc les conclusions du juge espagnol, Baltazar Garzon. Il compare la liste des noms détaillés dans le rapport d'une “liste de noms comme celle des laveries publiques”. Pour le juge espagnol, ils sont 35 individus qui ont participé aux attaques aux USA. L'annonce a été faite le 17 septembre 2003. Pour le juge Garzon, plusieurs d'entre les 35 ont participé de façon directe aux élaborations des attaques. La commission américaine pense tout le contraire et affirme dans la page 530, note 145 du chapitre 7 que “les autorités américaines n'ont découvert aucune preuve” de la participation d'autres activistes aux rencontres entre Mohamed Atta et Ramzi Benalshibah. Le rapport de la commission est clair : “les investigations espagnoles affirment que des membres de la cellule espagnole d'Al Qaïda ont été présents lors des réunions de juillet 2001 et sont connectés aux attentats du 11 septembre”, mais cela n'a jamais été prouvé et pour les responsables américains, cette absence de preuve enlève toute crédibilité au rapport espagnol. Les Espagnols se basent sur trois faits marquants pour attester de l'implication d'autres activistes aux côtés de Atta et Ramzi. Premier fait important : il y a la visite de Ghassoub Al Abrach Ghalyoun aux USA en 1997 pour prendre des photos des sites ciblés. Le deuxième point est la proximité de Mohamed Belfatmi qui résidait tout près de Tarragone là où Atta et son ami se sont réunis. Le même Belfatmi qui avait fait un voyage au Pakistan peu de jours avant les attentats du 11 septembre. Il avait pris le même vol et le même hôtel qu'un individu nommé Saïd Bahaji, qui, lui, était très lié à Mohamed Atta en Allemagne.
Pour les Américains, ce sont là des points sans grande incidence pour prouver que lesdites personnes ont pris part aux attentats de quelque manière que ce soit. Sans oublier, comme le soulignent les journalistes de la Gazette du Maroc : “que d'autres individus ont été directement connectés aux attaques par le juge Garzon. Driss Chebli qui aurait été celui qui a planifié et le séjour et les déplacements des deux hommes forts d'Al Qaïda en juillet 2001. Et il faut prendre en compte le sort des frères Benyaïch dont les preuves sur leur implication sont inexistantes en dehors d'un parcours de jihadistes qu'ils n'ont, du reste, jamais nié. Lahcen Ikkassiren, lui, a été prisonnier à Guantanamo puis relâché et extradé en Espagne sur cette même base d'accusations. Il y a aussi Saïd Cheddadi et Mostapha Maymouni que le rapport présente comme de gros calibres. Quelles sont les preuves en dehors des conversations téléphoniques avec Abou Dahdah ?”
Les connexions avec Shakur
Le Shakur en question n'est autre que Farid Hilali qui, selon le même rapport du juge Garzon, a été l'un des commanditaires des attaques. Les responsables américains refusent cette thèse qui exclut pour eux d'autres figures plus fortes et plus influentes.
Les experts du terrorisme se demandent comment peut-on prendre au sérieux un rapport et un acte d'accusation qui ne fait aucune mention “d'Ayman Al Zawahiri et Khalid Sheikh Mohamed” le fameux KSM, qui sont les premiers planificateurs des attentats de New York? Les Américains disent que : “les autorités espagnoles se sont basées sur une conversation téléphonique pour statuer sur le sort de Shakur. Une conversation téléphonique avec Imad Eddine Barakat Yarkas, connu sous le nom d'Abou Dahdah en août 2001 où il affirme qu' “il est entré dans le camp de l'aviation” et “a décapité l'oiseau”. Toutes ces preuves n'ont pas pu convaincre la commission américaine dont certains membres pensent que : “bien qu'on ne puisse pas écarter la possibilité que d'autres faits peuvent encore sortir de l'ombre au fur et à mesure que l'enquête avance jusqu'au jour du jugement, on ne peut d'aucune façon affirmer qu'il y a eu en Espagne des individus qui ont participé aux attaques contre l'Amérique”. Qu'offre le rapport Garzon sur l'implication d'autres personnes aux côtés d'Atta et Benalshibah? “des faits qui ne sont pas significatifs comme l'endroit et le choix d'une ville ou un pays pour une réunion”. Ce qui, selon les experts américains, ne constitue aucun fait recevable devant une cour.
Si Atta a choisi Madrid au lieu de Hambourg où il avait résidé et risquait de se faire remarquer, ne veut absolument pas dire que d'autres individus ont été mis au courant ou ont facilité le travail des deux stratèges. Les plans ont été fixés en haut lieu, voici la conclusion américaine, ce qui semble plus proche de la logique bien que selon la Gazette
du Maroc, “les responsables américains visent aussi l'implication directe de KSM et d'Al Zawahiri, ce que le juge Garzon ne mentionne pas sauf dans son introduction sur la hiérarchie de l'organisation d'Al Qaïda. Il est évident qu'une tête comme Ayman Al Zahwahiri est plus capitale que celle d'un Driss Chebli ou autre Abdellatif Mourafik”.
Que peut faire le juge Garzon ?
Le juge de l'Audience nationale n'a pas le choix. Comme le soulignent les reporters de la Gazette du Maroc: “le FBI a été le premier à lire le rapport du juge Garzon. C'était exactement le 6 septembre 2003. Ils ont donné leur aval pour la suite des procédures. Il faut remarquer que ledit rapport est tombé pile avec le deuxième anniversaire des attaques de New York. Le 24 septembre 2003, le juge rend officiel son rapport et la suite, tout le monde la connaît, une série d'arrestations et d'inculpations. Maintenant, le revirement américain est très important. Comment peut-on expliquer que, d'un côté, le FBI avalise un document qui plus d'une année plus tard se trouve rejeté par la commission d'enquête américaine ?“
En Espagne, le sujet fait sensation. Et il n'implique pas uniquement les dossiers liés au 11 septembre mais aussi et immanquablement tout ce que l'Espagne a pu fournir au Maroc sur les accusés du 16 mai. On pense aux différents Marocains qui sont aujourd'hui dans les prisons espagnoles et qui font l'objet d'une demande d'extradition par le gouvernement marocain avec à leur tête le cas épineux d'Abdelaziz Benyaïch. Ceci implique aussi, de façon plus ou moins directe, le travail du juge Del Olmo sur les attentats du 11 mars et surtout l'arrestation du Marocain Jamal Zougam. Il ne faut pas oublier que le même Zougam avait fait l'objet d'une enquête et d'une commission rogatoire de la part du juge français Bruguière, sur la base d'une arrestation par le juge Garzon qui finira par le relâcher faute de preuves.
Il y a aujourd'hui des voix, non seulement de l'opposition, qui demandent plus de preuves et d'éclaircissements, mais aussi des socialistes qui ne peuvent comprendre qu'on puisse désigner d'emblée un responsable sur la base d'un vieux travail fait par un prédécesseur, en l'occurrence le juge Garzon.
Le juge Garzon est devant deux choix : ou rejeter en bloc les conclusions de la commission américaine ou oublier qu'il a lui-même supervisé son rapport. Dans les deux cas, le rapport qui faisait autorité dans le dossier tombe presque à l'eau. Pour le sauver, il faudrait un revirement américain. Mais ce n'est pas gagné d'avance.


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