En marge de la visite de Moratinos Quelle relation incestueuse s'est-elle nouée entre l'Espagne et le polisario ? La visite de la délégation espagnole au Maroc a laissé entendre que de nouvelles aides seraient destinées aux séparatistes. Dans les faits, Madrid flirte avec le polisario depuis les débuts. Un ménage à trois dont le Maroc fait les frais, avec en saupoudrage un double discours qui scie toute réelle volonté de Rabat pour en finir un jour avec le dossier. Les différents sujets abordés lors de la visite du ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos, se sont penchés en particulier sur la question du Sahara et la préparation de la visite royale qu'effectuera Juan Carlos début 2005 au Maroc. Pour la question des territoires du Sud, l'Espagne cherche à avancer dans le dossier avant la réunion prévue fin octobre au sein du conseil de sécurité de l'ONU. Elle travaillerait sur une résolution, en concertation avec le Maroc, avec deux autres pays membres de l'ONU, la France et les Etats-Unis. Mais plusieurs éléments poussent à dire que les efforts de l'Espagne prennent plusieurs couleurs au moment où le ministre des Affaires étrangères algérien, Abdelaziz Belkhadem, s'apprête à être reçu à Madrid, le 26 octobre prochain. L'Espagne n'a jamais caché sa sympathie pour le polisario. Par pays interposé, l'Algérie a toujours trouvé en Madrid un appui décisif et puissant qui a joué le bon rôle au niveau international en faisant connaître, dès la fin des années soixante-dix, la thèse séparatiste. L'Espagne, levier du polisario Durant les premières années, l'Espagne aura été le seul pays réellement engagé aux côtés du polisario et lui ayant permis de se relever, de gagner quelques amitiés et de devenir un sujet international. C'est l'Espagne qui a été le levier du polisario. Madrid n'a jamais dissimulé ses compromis et ses penchants dans une affaire territoriale où elle se dit concernée. D'abord, par la légitimité “historique” de colonisatrice du Sud marocain ; ensuite, dans la foulée, par la proximité géographique que lui octroient les îles Canaries. Dans ses fantasmes attestés, l'Espagne rêve d'avoir son désert, sa route touristique pour des raids et des excursions partant de Mallorque. Le soutien espagnol aux membres du polisario, que l'on peut observer depuis plusieurs décennies, est flagrant. Des circuits humanitaires, par où transite l'argent des armes, ont été instaurés et permettent de subventionner la révolte des renégats qui utilisent les dons espagnols pour conspirer contre le Maroc. Et curieusement, depuis l'avènement de Felipe Gonzales à partir des années quatre-vingt, ce sont les socialistes qui se sont révélés les plus généreux avec eux. Durant les huit années de son règne, le gouvernement d'Aznar, quant à lui, avait diminué de manière drastique ces aides, au moment même où il resserrait l'étau dans ses relations avec le Maroc. En guise d'attaque, on n'est jamais mieux servi que par soi-même. Depuis la récente visite de Leire Pajin, secrétaire d'Etat espagnole à l'aide internationale, dans les camps de Tindouf puis à Alger, ces aides financières ont été revus à la hausse avec des perspectives étonnantes pour le polisario. La guerre des eaux “Il faut le dire avec clarté. Nous n'avons ni à Sebta ni à Melilla, ni même au niveau des îlots espagnols, des eaux avec des frontières judiciaires”. En marge de la visite de la délégation espagnole, Melilla n'a pas raté l'occasion pour faire entendre quelques voix discordantes. Montant au créneau, l'un de ses sénateurs n'a pas hésité à parler de “conflit” existant entre le Maroc et l'Espagne vu qu'il n'existe actuellement aucun tracé véritable sur le sujet épineux et substantiel des eaux territoriales. Carlos Benet, d'obédience PP, a aussi tenu à rappeler ce qu'il croit être une vraie provocation de la part de Rabat : trois pétroliers de prospection ont été autorisés à réaliser recherches et essais dans un périmètre triangulaire qui s'étale entre Melilla et la baie d'Alboran, plus à l'Ouest. Ces navires scientifiques ont soulevé un tollé de contestation donnant dans la surenchère. Relayée par Sebta, elle prend actuellement une dimension disproportionnée au lendemain de la fin de la visite officielle du ministre des Affaires étrangères espagnol, Miguel Angel Moratinos. Ce qui déplait apparemment aux Espagnols qui vivent dans les présides occupés. Mais uniquement dans le sens où c'est le Maroc qui a délivré ces autorisations. Les traités qui existent à ce jour datent de l'année quatre-vingt. Avant cette période, il n'y avait aucune règle de jeu. D'abord fixées, dans le flou, à 12 miles, ces frontières maritimes sont passées trois ans après à 200 miles. Tout à l'avantage des Espagnols. Mais ces derniers n'ont jamais respecté le tracé pour des raisons évidentes : pêche, loisirs maritimes, sécurité militaire tout était bon pour forcer les lignes symboliques enfreintes régulièrement dans le pourtour méditerranéen.