Immigration clandestine Après une période d'essai de six mois avec quelques patrouilleurs qui sillonnaient ses frontières maritimes, le Maroc a décidé de déployer la grande armada pour freiner davantage le flux de l'immigration clandestine. Plus de mille hommes sont désormais appelés à cadenasser le territoire dans le cadre d'équipes mixtes avec les Espagnols qui enverront, eux aussi, presque autant d'officiers. En mer, sur terre et également dans l'air... La collaboration entre le Maroc et l'Espagne dans le domaine de la sécurité des frontières va bon train. Assaillie par l'immigration clandestine, la rive sud de l'Europe, que veut cuirasser l'Europe, passe par le Royaume et a fait l'objet, à partir de 2003, d'ardentes négociations et de tractations entre les deux pays avant d'aboutir à quelques mesures d'urgence. On se souvient qu'à côté du choix d'ouvrir la vanne des rapatriements des clandestins vers le Maroc, les deux pays voisins avaient décidé de créer des patrouilles mixtes maritimes qui sillonneraient les eaux du détroit de Gibraltar ainsi que la rive sud du Maroc, en plein Atlantique, entre Laâyoune et les Iles Canaries. Ces patrouilles, composées d'officiers marocains et espagnols, avaient été lancées au printemps dernier, en nombre limité et pour une période de rodage, avant d'aboutir à un réel bataillon aujourd'hui. Pas moins de 1020 officiers marocains sont sur le point d'être envoyés au front pour mettre en place une véritable armada de patrouilles mixtes, notamment dans les eaux du Sahara marocain, entre Dakhla, Cabo Bojador et Tarfaya. De l'autre côté, il y a les sept grosses îles espagnoles, avec Arrecife et Fuerteventura, qui sont les plus proches des côtes marocaines, à une centaine de kilomètres, et les plus prisées par les pateras qui y déversent leurs flopées de clandestins et de misère humaine. Ce millier d'hommes sera opérationnel pendant six mois ainsi que le déploiement des patrouilleurs, le tout basé sur un calendrier progressif. Le programme des patrouilles maritimes va s'intensifier et prendre un essor évident grâce aux derniers accords négociés par les parties espagnoles et marocaines à l'occasion des réunions bilatérales qui se tiennent régulièrement depuis fin 2003. Selon nos sources, la commission mixte a obtenu des avancées significatives lors du dernier round qui s'est déroulé dans la semaine du 13 au 17 septembre en Espagne. En plus du bataillon marocain, l'Espagne compte envoyer également un nombre important d'officiers marins dans le cadre des patrouilles mixtes. Mais le plus innovant lors de ces réunions concerne l'application de nouvelles mesures de surveillance de nos côtes. La nouvelle risque de provoquer des remous. Car la collaboration entre les deux pays va aussi s'acheminer vers la création de patrouilles mixtes aériennes et terrestres. Pour l'heure, aucun détail n'est venu expliquer comment les choses vont se dérouler et dans quelles conditions l'ouverture des frontières aériennes et terrestres marocaines sera-t-elle réalisée ? En toile de fond, c'est l'Union européenne qui téléguide les négociations avec les pays du Maghreb, notamment la Tunisie, la Libye et le Maroc dont les côtes maritimes, relativement proches du Vieux Continent, sont propices aux groupes mafieux de l'immigration clandestine. Des mesures draconiennes sont déjà utilisées pour contrecarrer le flux des arrivages, en particulier en Libye qui apparaît être le pays le plus avancé dans ses compromis avec l'Union européenne. Avec des patrouilles mixtes italiennes, un bureau de lutte contre l'immigration illégale a été ouvert à Tripoli. Le schéma de fonctionnement de la collaboration UE-Maghreb se révèle être un programme dûment étudié qui mènera progressivement les pays de la rive sud à cadenasser leurs portes pour protéger le continent occidental.