Après ces cinq années, on peut aujourd'hui parler d'une nouvelle vision royale de la pratique diplomatique. Cette nouvelle vision s'exprime à travers les discours royaux qui ont apporté des distinctions entre la pratique diplomatique et les relations publiques. En effet, Sa Majesté le Roi a employé le terme de “diplomatie agissante” pour définir le champ des relations publiques. Mais en ce qui concerne la défense de l'intégrité territoriale du Royaume, le Souverain a employé le terme de “diplomatie agressive”. En général, la nouvelle vision de la pratique diplomatique s'articule autour de trois axes : l'élargissement du champ de la pratique diplomatique, l'adoption de la diplomatie au sommet et la dynamisation de la diplomatie de la réconciliation. L'élargissement du champ de la pratique diplomatique Cette nouvelle vision tend à faire participer les différents acteurs. En effet, du temps de feu Hassan II, la diplomatie était un domaine réservé de l'Institution monarchique qui prenait toutes les initiatives. Mais dès l'accession au Trône de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, la nouvelle vision diplomatique a commencé à s'imposer petit à petit, notamment quand les discours royaux mentionnaient le concept de la diplomatie parallèle, s'éloignant ainsi de la diplomatie officielle traditionnelle. Ainsi, quand Sa Majesté le Roi a parlé de diplomatie agressive au sujet de la question de l'intégrité territoriale, il a invité les partis politiques et les associations de la société civile à assumer leur responsabilité. De même que Sa Majesté le Roi a traité dans son dernier discours du Trône de la diplomatie agissante qui s'avère être une synthèse de la diplomatie agressive et de la diplomatie parallèle. L'adoption de la diplomatie au sommet La nouvelle vision royale s'appuie également sur la diplomatie au sommet, notamment à travers des visites effectuées dans plusieurs Etats du monde et des rencontres avec les chefs d'Etat. Ainsi, Sa Majesté ne s'est pas contenté de l'action du ministère des Affaires étrangères et a effectué des visites de travail dans des Etats d'Afrique, d'Asie, d'Europe et d'Amérique La diplomatie de la réconciliation Il est de plus en plus sûr que les analystes et les observateurs des relations internationales ajouteront au lexique politique une nouvelle notion intitulée “la diplomatie de la réconciliation”. En effet, cette notion exprime fidèlement la méthode diplomatique adoptée par Sa Majesté le Roi depuis son accession au Trône et qui s'est illustrée brillamment en différentes occasions. Ainsi, le Souverain a continué à prôner la réconciliation entre le Maroc et ses voisins. En ce qui concerne les relations avec l'Espagne, Sa Majesté le Roi a tout entrepris pour que les différends avec Madrid soient aplanis, même du temps de l'ancien Premier ministre José Aznar. Cette réconciliation s'est effectuée, aujourd'hui, avec le gouvernement socialiste de Luis Zapatero qui a pris en considération toutes les initiatives royales. En ce qui concerne notre voisin mauritanien, Sa Majesté le Roi a œuvré à renforcer les liens avec Nouakchott et avec l'Algérie, il a pris plusieurs initiatives dont la dernière en date a consisté à supprimer le visa pour les ressortissants algériens. Sur un second plan, le Souverain a déployé d'intenses efforts pour réconcilier un certain nombre de pays comme ce fut le cas en 2002, lorsque le Maroc a abrité la conférence de réconciliation des Etats du bassin du fleuve Mano. Ainsi et au cours de la semaine écoulée, Sa Majesté le Roi a initié un processus de réconciliation entre la Libye et la Mauritanie dont les relations ont connu une détérioration dangereuse notamment suite à l'établissement de relations diplomatiques entre Nouakchott et Tel Aviv. De même que la Mauritanie a accusé ouvertement la Libye d'avoir commandité un coup d'Etat contre le Président Mouaouiya Ould Sidi Ahmed Tayaâ. La récente initiative royale revêt une grande importance dans ce sens qu'elle réconcilie deux Etats membres de l'Union africaine, de la Ligue arabe et de l'Union du Maghreb Arabe. Donc, à travers cette initiative s'exprime fortement cette diplomatie de la réconciliation qui vise à créer les conditions à même de relancer le processus d'édification du Maghreb sur des bases solides. Il est vrai que tous les analystes considèrent que cette édification est tributaire d'une réconciliation maroco-algérienne. Mais par ses deux initiatives, notamment la suppression du visa et le rapprochement mauritano-libyen, Sa Majesté le Roi Mohammed VI a montré à tout le monde que le Maroc est plus que déterminé à édifier le Maghreb arabe malgré les surenchères politiques et les esquives diplomatiques. En effet, la diplomatie de la réconciliation vise aussi à instaurer la paix durable et à résoudre les conflits les plus complexes comme en témoigne le message adressé au quartet au sujet des dangers qu'encoure Al Qods Acharif et comme en atteste la participation d'un contingent marocain aux côtés d'un contingent espagnol dans une mission de paix à Haïti.