Sous la présidence du ministre de l'intérieur Le contrat de gestion déléguée du transport par Bus du grand Casablanca a été signé entre les représentants de la ville et ceux du groupement attributaire le jeudi 5 août 2004. L'Etat, un Financier (Finance.com), des transporteurs (HaddouBus et BahjaBus) et un chef d'orchestre (RATP)... M'Dina Bus, le nom du groupement, révolutionnera le paysage chaotique du transport urbain de la métropole. C'est une autre pierre apportée à l'édifice du Plan de déplacement urbain (PDU) dont le parachèvement verra le jour du Métro ou du Tramway dans la ville. La bonne nouvelle date déjà de plusieurs mois, mais elle vient de connaître sa concrétisation juridique. Jeudi 5 août 2004 étaient réunis, dans la grande salle de la wilaya de Casablanca, les nouveaux acteurs du transport urbain par Bus dans la ville. Autorité, élus et groupement attributaire ont procédé à la signature du contrat de gestion déléguée par lequel la ville de Casablanca concède le service public de transport par autobus. L'importance de l'évènement ne trompe pas. Pour la circonstance, le ministre de l'Intérieur, Mustapha Sahel, a fait le déplacement à Casablanca. Dans son allocution, il a mis l'accent sur l'importance de l'expérience vu l'importance de la ville et les problèmes rencontrés par ses habitants à ce niveau. “Le contrat qui a été signé est l'aboutissement d'un long processus caractérisé par une concurrence saine et ouverte aux candidats disposant de références garantissant la capacité du futur délégataire à assurer la gestion de ce service vital pour une agglomération de la dimension de Casablanca”, a précisé le ministre dans son allocution d'introduction. A vrai dire, l'autorité de tutelle qu'il dirige, forte de son expérience dans le management de ce type de contrat (Lydec, Radel...), s'est entourée de toutes les garanties exigées en la matière. Monsieur Kadri, fraîchement nommé - il y a dix jours - à la tête de la Direction des régies des concessions déléguées au ministère de l'Intérieur, déclarera à la Gazette du Maroc tout son enthousiasme de voir “l'expérience généralisée à d'autres villes du Royaume”. Ainsi, si l'offre de M'Dina Bus a été retenue parmi trois autres offres concurrentes, c'est probablement en raison de son solide tour de table qui offre des garanties autant financières que techniques. M'Dina Bus, c'est un consortium qui regroupe trois opérateurs de taille. D'une part, le holding Finance.com (20%), propriété de Othman Benjelloun, confirme sa vocation industrielle. D'autre part, le holding Transinvest, entité regroupant les actifs de deux sociétés privées de transport sur Casablanca, Al BahjaBus et HaddouBus (60%). Pour clore le tour de table, les deux partenaires marocains se sont adossés à la RATP (20%), la régie qui administre le transport dans la capitale française. Madame Anne Marie Idrac, la présidente du conseil d'administration de la RATP, qui a fait le déplacement pour la circonstance, n'a pas manqué de relever la qualité de ses partenaires. “Je suis confiante dans le succès de ce partenariat”, a lancé Madame Idrac à la salle en tournant les yeux vers le ministre de l'Intérieur. Plus tard, elle déclarera à la Gazette du Maroc, “son assurance de doter la métropole casablancaise d'un service à la hauteur de la dimension de la ville”. Chose que ne manquera pas aussitôt de commenter Ahmed Sajid, le Maire de Casablanca et parrain de la cérémonie de signature, devant les différents présidents d'arrondissements de son ressort : “Avec la RATP, nous construisons un partenariat pour le futur. Nous sommes en train de réaliser un projet de développement du transport urbain à Casablanca surtout en ce qui concerne la mise en place d'un Tramway”, a conclu le Maire. Adil Hmaity Ce que contient le contrat Dans un premier temps, les parties, la durée (15 ans prorogeable de 7 années) et le périmètre d'action géographique, ont été clairement définis dans le contrat de gestion déléguée. Idem pour les prestations autorisées. A cet effet, même en passant dans le giron du privé, la régie de transport par Bus continuera à assurer certains services publics. C'est le cas du transport universitaire des étudiants au sujet duquel dira Sajid, le Maire de Casablanca : “C'est l'une des clauses à laquelle nous avons attaché beaucoup d'importance”. La nouvelle entité évoluera aussi dans des prestations annexes telles que la location de Bus ou encore la location d'espace publicitaire sur les véhicules ou les abris de Bus. Parmi les conditions d'exploitation les plus marquantes, la ponctualité des navettes et une révolution dans le service. Ainsi, en heure de pointe, il a été exigé une navette toutes les 5 minutes avec en permanence des moyens d'informations au public, la propreté des stations, des bus, des locaux et la sécurité. Par ailleurs, la signature du contrat s'est accompagnée du transfert immédiat des biens et moyens appartenant à la défunte RATC. Désignés par les vocables “Biens de reprise” et “Biens de retour”, un grand patrimoine public sera mis à la disposition de M'Dina Bus à titre gratuit. Les biens de retour (terrains, constructions, dépôts, installations...) devront obligatoirement faire l'objet d'une rétrocession à la fin de la durée de la délégation. Quant aux biens de reprises, ils concernent les Bus, l'outillage et d'autres matériels, ils sont la propriété de M'Dina Bus durant la durée de la délégation et appartiendront de plein droit à la ville de Casablanca à la fin du contrat. Le contrôle de la bonne exécution du contrat sera probablement confié à un nouvel organe “fort”, dont le ministre de l'Intérieur s'est fait l'écho. Le contrat, lui, se limite à exiger du groupement délégataire la communication de tous les documents pouvant donner à l'autorité une idée fidèle sur le fonctionnement du service délégué. Le détail du programme d'investissement Saâd Bendidi, l'administrateur du holding, avait fière allure lors de la cérémonie de signature du contrat de gestion déléguée. Et pour cause, l'adossement à un financier tel que Finance.com pour la réussite de l'opération a été déterminant. Fort de son expérience dans le montage financier de dossiers complexes mais non moins ambitieux, Finance.com est l'une des pièces maîtresses de M'Dina Bus le consortium attributaire de la gestion de transport par Bus dans la ville. Les usagers du transport par Bus à Casablanca devront dès la première année ressentir la différence. Déjà, comme l'a souligné le ministre de l'Intérieur, quelques 370 Bus nouveaux seront mis en circulation lors de la première année d'activité répartis en fonction des priorités parmi les 146 lignes de la zone couverte. Au guichet, il a été convenu de maintenir le prix du ticket sans changement, du moins durant la première année, le temps que les usagers constatent le changement. La deuxième année verra le prix augmenté de 8%. Même gel pour les tarifs d'abonnement sauf que celui-ci courra durant les 4 premières années. En parallèle à l'augmentation du prix du ticket, le consortium M'Dina Bus s'est engagé dans un programme d'acquisition de véhicules ambitieux. En premier lieu, tout le parc de la défunte RATC sera repris et liquidé au bout de 3 années. Idem pour le parc existant des fondateurs Al BahjaBus et HaddouBus. Progressivement, et à partir de l'an VI du contrat, tous les Bus usagés quitteront la circulation au profit des nouvelles acquisitions, lesquelles se feront à un rythme de livraison de 10 à 20 fois par mois. Sur les 15 années de service du contrat, M'Dina Bus mettra sur les routes quelques 2148 Bus neufs. Au total, le montant d'investissement contractuel est de l'ordre de 1,9 milliard dh réparti entre le parc (96%), l'infrastructure et les systèmes informatiques.