Démantèlement en Espagne d'une organisation internationale de trafic de cocaïne La drogue dure fait encore le chou gras de la presse espagnole. Une importante saisie de cocaïne et de cannabis a été opérée au sud d'Espagne, dans la région de Cadix, par les services espagnols. Parmi les trafiquants interpellés figure des Marocains et de gros bonnets colombiens. Pays carrefour, le Maroc est encore désigné du doigt dans ce trafic de drogue dure. C'est une tendance à la hausse enregistrée toujours en même période suivie de multiples arrestations et de démantèlement de réseau de trafic de drogue. Oui, une fois encore la drogue dure fait le chou gras de la presse espagnole en ce début d'été. Une organisation internationale, où sont impliqués plusieurs Marocains et Colombiens, vient d'être démantelée, la semaine dernière, par les services espagnols dans la région de Galice en Espagne. La police espagnole a mis les bouchées doubles pour démanteler ce réseau qui se résume à un vaste trafic de plus de 120 kilos de cocaïne et de 1,1 tonne de haschisch opéré entre le nord du Maroc et les côtes espagnoles. C'est une autre affaire qui remet la drogue d'origine marocaine au centre de l'actualité. Et c'est un énième réseau de trafiquants de drogue qui vient de tomber avec un lot de cinq personnes qui ont été placées en détention provisoire par le parquet de Galice. C'était le 5 août 2004. Les cinq trafiquants, qui étaient en train de décharger leur cargaison sur une plage de Chipriona ( province de Cadix ), ont été arrêtés en flagrant délit. Selon la police, ce n'est pas le premier convoyage puisque les membres de ce réseau ont avoué avoir effectué plusieurs voyages et importé des quantités très importantes de drogue dure en Espagne. Dès le lendemain de ces premières arrestations, plusieurs autres membres de ce réseau organisé ont été interpellées, à leur tour, à Marbella et à Madrid par les services de police espagnols. Pour l'instant, la police espagnole ne communique pas sur les identités complètes des trafiquants interpellés ni non plus sur le lieu exact de la provenance de la marchandise confisquée. Le communiqué de la direction générale de la police se contente, toutefois, d'annoncer que la drogue saisie a été introduite en Espagne via le Maroc en utilisant les infrastructures d'un réseau de trafic de haschisch. De là à croire que cette drogue a été acheminée par le détroit de Gibraltar vers les côtes du sud de l'Espagne. Soit. Cependant, si le Maroc cultive le cannabis, il n'est pas de même pour la cocaïne, qui n'est pas de chez nous, et qui provient principalement de l'Amérique Latine, notamment la Colombie, un grand pays exportateur en la matière. Au Maroc, depuis l'éclatement de l'affaire Erramach, en été 2003, les services de police ainsi que la douane surveillent, sans répit, les côtes marocaines et ne laissent point le transit de la drogue dure (ainsi que l'immigration clandestine) vers l'Espagne. Ils en font leur bataille quotidienne sanctionnée journellement par des saisies impressionnantes au port de Tanger et sur toute la côte. En effet, des efforts considérables et reconnus ont été déployés dans ce sens pour combattre ce trafic aussi bien en interne que vers les côtes ibériques. Reste donc une autre piste avérée non écartée par la police espagnole. En effet, les membres du réseau seraient directement liés avec les cultivateurs de cannabis ainsi que de gros bonnets colombiens qui disposeraient de leur propre logistique de transport pour acheminer la drogue depuis les champs, par les plages avoisinant Sebta, jusqu'aux côtes de la province de Cadix en utilisant de performantes et rapides embarcations pneumatiques de type Zodiac. Les trafiquants de drogue sont de mieux en mieux organisés pour contrôler le trafic de la drogue depuis les deux présides occupés jusqu'à son écoulement dans les différents marchés de l'Europe occidentale. Le réseau aurait ainsi régulièrement recours, dans le milieu de trafic de drogue espagnol, à des personnes quelconques, n'ayant aucun lien avec la mafia pour le transport de l'argent sale, fruit de la vente de la drogue jusqu'au préside occupé de Sebta où il est injecté dans les réseaux de l'économie informelle de la ville. En réalité donc, les trafiquants de drogue comme ceux qui font le commerce de la chair humaine ou encore les contrebandiers, s'appuient sur des réseaux de ripoux qui leur facilitent la tâche depuis les présides occupés jusqu'en Espagne. Un pays européen où le cannabis et la cocaïne semblent être les drogues les plus utilisées et qui, à défaut de pouvoir influer de façon radicale sur la consommation, continue, à chaque fois que l'occasion se présente, à tirer des boulets rouges sur son voisin du Sud. Bien que le plan de bataille des forces de l'ordre pour faire face à ces trafics soit impressionnant, il se révèle insuffisant pour déjouer l'activité de réseaux de plus en plus diversifiés. L'Espagne est aujourd'hui le territoire sur lequel on intercepte la plus grande partie des envois “en gros” de cocaïne destinée à l'Europe. La Galice se taille, toutefois, la part de lion dans les saisies de cocaïne. Au niveau du trafic lui-même, on s'aperçoit que l'utilisation des réseaux de contrebande de cigarettes par le trafic de cocaïne, qui faisait des filières galiciennes des précurseurs des filières “mixtes” que l'on retrouve un peu partout dans le monde aujourd'hui, est désormais devenue une donnée structurelle dans cette région. Le commissaire européen Emma Bonino, en parlant d'une “surcapitalisation de la flotte de pêche galicienne”, se fait l'écho du juge espagnol Baltazar Garzon qui, à maintes reprises, a mis à jour des procédures de blanchiment de l'argent de la cocaïne à travers l'achat de bâtiments de pêche. “Les réseaux colombiens se sont considérablement renforcés en Espagne”, relève le chercheur Alain Labrousse, auteur de “Géopolitique et géostratégie des drogues”. Il existe au sud d'Espagne une forte communauté colombienne. Ils maîtrisent désormais la filière. Car concernant cette flotte galicienne, il s'est créé une sorte de cercle vicieux : une partie de la flotte s'est constituée pour blanchir l'argent de la contrebande, mais la crise de la pêche et les quotas européens poussent à nouveau certains équipages vers des activités de contrebande et de trafic de drogues. Il n'est donc pas étonnant que ce pays détienne les records des saisies pour le haschisch et la cocaïne et qu'il intercepte annuellement les volumes les plus importants de ces deux drogues en Europe. Mais ces saisies records ne semblent pas barrer pour autant les voies du trafic, désormais profondément ancrées en Espagne. En témoigne la dernière nouvelle qui fait état de la saisie de quelque 650 kg de cocaïne à bord d'un voilier provenant du Venezuela, qui se rendait dans l'archipel espagnol des Canaries. En tout et pour tout, ce sont dix-neuf personnes, des Colombiens et des Espagnols, qui ont été arrêtées, a annoncé vendredi dernier la police espagnole. Un réseau international de trafic de drogue et de blanchiment d'argent a été démantelé dans le cadre de cette opération avec des arrestations aux Canaries et à Madrid, a précisé la police. À travers ce réseau, quelque 15 millions d'euros ont été blanchis, selon les propos mêmes de la police espagnole.