Les circuits classiques du trafic des stupéfiants se diversifient. Au Maroc, des groupes locaux ont permis aux grands réseaux de ce trafic d'utiliser le pays comme une nouvelle plate-forme de transit. En matière de trafic des stupéfiants, tous les chemins mènent à la nouvelle Rome des narcotrafiquants : les marchés de la consommation. Pour les trois grandes familles de drogues cannabis, cocaïne et drogues de synthèse, le Maroc occupe désormais une position privilégiée dans les circuits du trafic de stupéfiant. Traditionnellement, le pays est considéré comme l'un des premiers producteurs de résine de cannabis dans le monde. Avec plus de 3000 tonnes par an, qui alimentent environ 80% du marché européen, l'axe Maroc-Espagne reste le plus classique des circuits du trafic de cette substance. Le relais est assuré par des réseaux de criminels qui opèrent depuis l'Espagne pour introduire cette substance vers l'Europe du Nord (la France en particulier). Signe des temps, le trafic à l'intérieur de l'Europe a changéde visage. Selon un rapport du ministère de l'Intérieur français, les remontées de résine en provenance d'Espagne s'opèrent d'une manière de plus en plus violente. «Certains malfaiteurs n'hésitent plus désormais à agir à force ouverte contre les services de l'Etat : le cannabis est chargé, parfois même sans prendre la peine de le dissimuler, dans de puissants véhicules conduits par des trafiquants qui tentent de passer en force les éventuels barrages en acceptant par avance l'affrontement avec les services chargés des contrôles», peut-t-on lire dans ledit rapport. Ce changement de procédés reflète un fait : les sommes d'argent que brassent ces organisations ont changé même de structure. Et ces «nouveaux groupes criminels» deviennent «violents et très actifs, et dont certains sont appelés à devenir les noyaux durs de la grande criminalité de demain.». Si l'Espagne demeure le passage obligé du cannabis marocain, le Maroc occupe de plus en plus la même place pour la cocaïne. Même si pour l'heure, la quasi-totalité de la cocaïne mondiale (plus de 1 000 tonnes) passe par des circuits diversifiés. En matière de production, trois pays sud-américains arrivent en tête : la Colombie avec plus de 700 tonnes, loin devant le Pérou et la Bolivie. À cause de la saturation du marché nord-américain et la politique répressive menée par les Etats-Unis, les narcotrafiquants sud-américains commencent à diriger le flux du trafic vers l'Europe. C'est à ce niveau que le Maroc se positionne comme un nouveau passage des flux de cocaïne. La drogue parvient par la voie maritime, via les pays sud-américains ou la zone des caraïbe, sur les côtes européennes, principalement celle d'Espagne mais aussi sur les rivages d'Afrique de l'Ouest. La production et le trafic des drogues de synthèse sont restés traditionnellement entre les mains de réseaux de trafiquants internationaux opérant principalement aux Pays-Bas et en Belgique, et, depuis quelques années, dans les pays de l'Est européen. Confectionnées dans des laboratoires mobiles, les routes de trafic de ces « pilules de bonheur» changent aussi. Dans son rapport, Europol cite le Maroc et Israël comme de nouvelles plates-formes du transit de ces puissantes drogues. Inquiétant.