La DGSN met en place un service du personnel de police navigant L'opération porte le code de “In-Flight Security personnel ou Air Marshal”. Elle est menée conjointement par les responsables de la DGSN ( Direction générale de la sûreté nationale ) et ceux de la Royal Air Maroc. Elle consiste en la création d'un service du personnel de police navigant pour l'ensemble des vols en partance du Maroc vers les Etats-Unis et le Canada. C'est un service composé de 22 agents armés dont la mission est laprotection des passagers et les membres de l'équipage de RAM. Le service est déjà opérationnel et a élu domicile au sein même de l'aéroport Mohammed V. L'aéroport international Mohammed V de Casablanca à 9H du matin. Les lieux donnent l'impression d'une citadelle vigoureusement sécurisée qui fonctionne à la perfection. Impression d'autant plus renforcée, depuis les attentats du 11 septembre 2001, qu'aucun incident majeur n'est venu, en plusieurs décennies de service, contrarier ce sentiment de sécurité chez les passagers. Ce jour-là justement, un vol en partance vers les Etats-Unis, attire toute l'attention des différents services aéroportuaires. RAM, ONDA, police des frontières, porteurs, gendarmes, tous sont mobilisés pour acheminer les passagers de ce vol dit “à risque” vers l'appareil, un Boeing 747-400, à destination de New York. À l'entrée de l'aéroport, le ton est déjà donné. Les agents du CMI (compagnie mobile d'intervention ) procèdent, via un scanner, à la fouille des personnes et de leurs bagages. Tout passe au peigne fin. Devant les guichets d'enregistrement de ce vol “très particulier”, plusieurs agents de police tiennent à l'œil les passagers ainsi que leurs accompagnateurs. Billets, passeports et visas, sont examinés systématiquement, au niveau du comptoir, par des agents en civil qui procèdent à des contrôles supplémentaires. Vigilance soutenue Le dispositif sécuritaire très renforcé suscite des réactions et des interrogations de quelques passagers, essentiellement des étrangers, empressés de finir avec ces premières formalités dont ils n'ont pas eu l'habitude. Les langues se délient et certains responsables de la sécurité vont même jusqu'à expliquer le pourquoi de cette vigilance soutenue au niveau du port aérien de Casablanca. L'on apprend peu après que les vols en partance vers les Etats-Unis et le Canada connaîtront désormais un traitement spécifique et verront l'instauration de nouvelles mesures de sécurité prônées par l'administration fédérale américaine. À la Suite d'une visite d'un groupe de responsables du département d'Etat de Washington, il a été convenu la mise en place d'un service de police navigant, proprement maroco-marocain, basé à l'aéroport international de Casablanca. Un service de police navigant formé par des instructeurs propres à la compagnie Royal Air Maroc. Et pour ce faire, les Américains ont mis en avant des menaces terroristes encore pesantes pour la mise en place de ce dispositif d'urgence de sécurité pour les quatre vols par semaine qui desservent le pays de l'oncle Sam. En effet, le département d'Etat à Washington sollicite, depuis belle lurette, une batterie de précautions supplémentaires pour l'ensemble des vols en partance du Maroc, et d'autres pays, vers le continent américain. Hormis la création du service du personnel de police naviguant, les Américains réclament également la fouille manuelle des bagages à main, le contrôle du fret, des colis postaux et du courrier diplomatique, destinés à être embarqués à bord des vols de RAM, le contrôle manuel des repas catering servis à bord de ses avions et la mise sous surveillance des bagages à soute jusqu'à l'embarquement en cas de défaillance du système de contrôle par rayons X. Ils ont signifié, noir sur blanc, leurs exigences en matière de sécurité aéroportuaire aux responsables du ministère de l'Intérieur marocain qui ont adhéré aux normes américaines de sécurité aéroportuaire. Concrètement, le service de police naviguant qui aura la charge du traitement des appareils RAM déploiera deux agents armés pour la protection des appareils aussi bien à l'arrivée qu'au départ. “La mission du PNP débutera dès les premières formalités des dits vols ,continuera à bord de l'aéronef avec pour mission d'assurer la protection physique des voyageurs et des membres de l'équipage et se terminera par le départ définitif des passagers à bord et de toutes les personnes qui se trouvaient dans la cabine”, lit-on dans la note confidentielle adressée par la Direction générale de la sûreté nationale (DGSN), en fin du mois de juin 2004, aux différents corps de la police du pays. En effet, la note du général Hamidou Laânigri, patron de la DGSN, est formelle et exprime clairement l'engagement du Maroc dans sa lutte antiterroriste à l'échelle internationale. C'est un total engagement face à une recrudescence des menaces terroristes émanant, ces derniers mois, du département d'Etat à Washington. Menace antiterroriste Presque trois ans après les attentats du 11 septembre 2001, le Maroc a bien fini par adhérer aux mesures d'urgence, en matière de lutte contre le terrorisme, prescrites par le pays de l'oncle Sam aux compagnies internationales qui desservent les aéroports des Etats-Unis et du Canada. Même si les autorités reconnues en matière de sécurité aéroportuaire, ont toujours soutenu que les aéroports du Maroc réunissent toutes les conditions requises dans ce domaine, les responsables marocains ont serré davantage les boulons en matière de coopération sécuritaire en raison de la menace terroriste visant la sûreté du transport civil international. La création de ce service du personnel de police navigant ( PNP ) va dans ce sens et l'opération porte le code In-Flight security personnel ou Air Marshal. Sur le plan organisationnel, le service est composé de 22 agents civils qui embarqueront à bord des avions RAM avec pour mission d'assurer la protection physique des voyageurs et des membres de l'équipage. C'est un service qui dépend directement de la Direction des renseignements généraux et de la réglementation (RG). Leur siège se situe à l'aéroport international Mohammed V de Casablanca. Le PNP est constitué d'un chef de service, d'un secrétariat et de quatre sections comptant chacune cinq fonctionnaires de police. Leurs prérogatives sont bien définies et leurs activités commencent dès les premières formalités des dits vols (enregistrement des bagages, contrôle des passagers, contrôle des bagages de soute et à main …). De ce fait, les différentes mesures recommandées sont de nature à introduire une dose supplémentaire de fiabilité dans les circuits de contrôle et les différentes installations au sein de l'aéroport Mohammed V. Pour les responsables marocains, qui ont consenti, il faut le reconnaître, des efforts notables en matière de sécurité au sein des aéroports du pays, la mise en place de ce nouveau dispositif ne peut que conforter le Maroc dans sa lutte antiterroriste. Pour les Etats-Unis, la crainte d' attentats est pesante (Ils font figure de cible de choix pour une action terroriste qui pourrait, selon le FBI, être en “phase finale de préparation”), surtout à quelques mois des élections présidentielles, c'est ce qui justifie entre autres cette coopération sécuritaire qui s'est renforcée après la dernière visite du Souverain aux Etats-Unis. Et cela se fait de manière tout à fait satisfaisante de part et d'autre.