Affaire Mounir Erramach Après avoir tenu en haleine l'opinion publique pendant des mois, l'affaire Erramach a fini par se clôturer au niveau de la Cour d'appel de Tétouan. De lourdes peines contre les accusés et des amendes faramineuses ont été prononcées. De quoi faire frémir plus d'un trafiquant. Vers deux heures du matin, mercredi 26 mai, le juge de la Cour d'appel de Tétouan chargé du dossier d'Erramach et Cie, plus connu sous le dossier 113, commença à prononcer le jugement dans le cadre de la plainte civile. Ainsi, la Cour a décidé de ne pas poursuivre Saïd Boumaâza, Younès Chifky et Mohamed Lotfi Kenfoud. Tous les trois ont été acquittés et bien heureux d'avoir pu éviter la prison. En revanche, la dénommée Bouchra Charaï a été poursuivie pour débauche et a écopé d'une peine de deux mois d'emprisonnement avec sursis. De son côté, Mohamed Yetti a écopé d'un mois avec sursis et de 500 dirhams d'amende pour émigration illégale. Alors que Bouhyar Allouche devait être acquité pour toutes les charges retenues et ne payer qu'une amende de 200 dirhams pour non présentation du permis de conduire. Pour sa part, le dénommé Mohamed Stitiwa a écopé de huit mois de prison pour assistance à un recherché et d'une amende de 500 dirhams. Abdelmajid Zebbak a, quant à lui, écopé de deux ans de prison ferme pour trafic de drogue et d'une amende de vingt mille dirhams. Le même jugement a été prononcé à l'encontre de Omar Mernissi, de Touriya Tetouani Akouij ( la propre mère de Mounir Erramach) et de Ahmed Toutourt. A partir de ce moment, les jugements commencèrent à prendre de l'ascendant, puisque Mohamed Mechbal hérita de trois ans de prison et de trente mille dirhams, Redouane Fahs Echeikh, de quatre ans de prison et de cent mille dirhams d'amende pour avoir caché un recherché et pour trafic de drogue. Cinq ans de prison et cent mille dirhams d'amende furent le lot de Aziz Zahir et Hassib Allah Ben M'barek qui étaient poursuivis pour trafic de drogue. La même sentence a été prononcée à l'encontre de Noureddine Chahboune poursuivi pour trafic de drogue, détention illégale d'arme à feu, de Chakib Rebboukh pour séquestration de personnes et usage d'un transport maritime illégal, alors que Mohamed Yaâcoub devait écoper de quatre ans de prison et de cinquante mille dirhams d'amende pour trafic de drogue. Et la courbe de monter davantage puisque Abdellatif Hamdoune devait écoper de six ans de prison et de cent mille dirhams pour trafic de drogue et détention illégale d'arme à feu. Pour sa part, l'accusé Mohamed Tayeb El Ouazzani a écopé de huit ans de prison et d'une amende de cent mille dirhams. Mais Ali Barkhoukh allait dépasser la barre des dix ans puisqu'il était poursuivi pour tentative de meurtre. Abderrazak Hdidou a lui aussi écopé de dix ans de prison et d'une amende de deux cent mille dirhams pour trafic et export de drogue. Alors que Mohamed Benhalima a été poursuivi pour séquestration de personnes, usage de transport maritime illégal et trafic de drogue. Il fut condamné à quinze ans de prison. De son côté, Mourad El Bouziyani a été condamné pour tentative d'homicide volontaire, trafic de drogue, faux et usage de faux et vol. Il a tout simplement écopé de vingt ans de prison mais a été acquitté pour détention d'arme à feu. Vint alors le tour de Mounir Erramach qui était poursuivi pour trafic de drogue, séquestration, usage de transport maritime illégal. Il fut condamné à vingt ans de prison. Pour sa part Hicham Harboul, poursuivi en état de fuite, devait écoper de la prison à perpétuité par contumace. Tous les prévenus, à l'exception de Mohamed Tourtout, écopent solidairement de lourdes amendes. Ainsi Mounir Benhalima et Reboukh doivent compenser à Dafir El Mahraty trente mille dirhams. Mais, en ce qui concerne les amendes dues à l'Administration des douanes et des impôts indirects, Mounir Erramach doit s'acquiter de la coquette somme de 2.725 800 000 dirhams, 545 160 000 dirhams, 1.400 000 000 dirhams, 280 000 000 et solidairement 162 800 000 dirhams, 32 560 000 dirhams, 27 000 000 000 dirhams et 540 000 000 dirhams. De quoi donner le vertige à tout prétendant au trafic de drogue. La Cour a également condamné Mechbal et Abderrazak, Abdellatif, Noureddine et Mohamed Benhalima à de lourdes amendes au profit de l'Administration des douanes. Désordre Cela dit, le déroulement du procès a pesé de toute sa lourdeur sur l'environnement de la Cour. Réunis en délibéré depuis mardi dans la soirée et jusqu'à deux heures du matin, les juges ont fait preuve de beaucoup de patience. Quant aux services de l'ordre ils ont eu à subir des pressions psychologiques énormes pour résister tout ce temps et faire régner le calme au sein de la Cour. Tous les observateurs ont relevé, cependant, que la longue durée des délibérations prédisait de lourdes peines. Les prévisions des familles des prévenus et des assistants allaient s'avérer justes. Et au moment où le juge prononça la sentence contre Mounir Erramach, la salle a été envahie de cris et un désordre total allait s'installer. D'ailleurs, sans la vigilance des policiers, plusieurs prévenus risquaient de s'évader de l'enceinte de la Cour. Les juges ont été conduits sous forte escorte, alors que plusieurs parents et amis se sont effondrés sur le sol. Ce désordre allait durer jusqu'à cinq heures du matin. Mais, encore une fois les services de l'ordre ont été à la hauteur de la tâche qui leur a été assignée. Ainsi prit fin l'un des procès les plus médiatisés de l'histoire du Maroc contemporain.