Attentats du 16 mai de Casablanca Une semaine après le démantèlement de la cellule terroriste de Berrechid, l'appareil sécuritaire vient, enfin, de mettre la main sur l'un des suspects les plus recherchés au Maroc : Abdelmalek Bouzgarne. L'opération s'est déroulée à l'aube du 1er mai au quartier Sid El Khadir à la préfecture de Hay Hassani à Casablanca. Si le 1er mai 2004 est un jour chargé de symboles pour la classe ouvrière, il fut également un jour plein de prouesses pour l'appareil sécuritaire marocain. C'est le jour où les services du général Hamidou Laânigri ont mis fin à la cavale de Abdelmalek Bouzgarne, l'un des suspects les plus recherchés au Maroc dans le cadre des attentats du 16 mai et pour une série de meurtres commis par la bande de Youssef Fikri appartenant à l'organisation Al Hijra Wa Takfir. C'était le samedi 1er mai à 5h du matin. Au quartier populaire Sid El Khadir à Hay Hassani, rue 37 n° 12, à côté de l'ancien cimètière de la ville qui porte le nom du quartier, les services de police, nombreux sur place, s'apprêtaient à réaliser un coup de filet spectaculaire. Selon un renseignement, recoupé bien évidemment par les services de l'ordre, obtenu à partir des aveux des deux terroristes (Salahedine Debbich et Hicham Derbani) arrêtés la semaine dernière à Berrechid, le mot d'ordre à été donné : intervenir tôt le matin pour éviter tout affrontement éventuel avec les suspects localisés dans ce logement délabré du quartier Sid El Khadir. Police en alerte Selon les informations recueillies par les éléments de la DST, ils étaient cinq à occuper cette demeure. Dont le plus dangereux Abdelmalek Bouzgarne, condamné par contumace à la peine de mort par la Cour d'appel de Casablanca. En effet, les effectifs de la police présents sur les lieux étaient sur le pied de guerre. Excités, raconte un responsable à la préfecture de la police, ils étaient tous nerveux. Pas question de rater ce coup-là. Les suspects sont précieux. 5H tapante du matin, l'opération du commando de la PJ de Hay Hassani soutenus par les éléments de la Gendarmerie royale est lancée. On frappe à la porte, on attend quelques instants. Les activistes sont bel et bien réveillés. Ils viennent juste d'effectuer la prière d'El Fajr. Très vite, les bruits s'accentuent à l'intérieur de la demeure. La machine sécuritaire est mise en marche et l'on décide de défoncer la porte. À l'intérieur, les policiers se sont retrouvés face à cinq individus prêts au pire. Munis de sabres et de couteaux, ils ont surgi comme des bêtes sauvages prêtes à sacrifier d'autres vies humaines pour redorer leurs blasons. L'affrontement était donc inévitable. Des tirs aux armes à feu sont lancés en l'air à titre de sommation. Mais vraisemblablement, les heurts étaient fatals. Résultat de l'opération policière : trois des cinq terroristes ont été blessés et capturés, dont un dans un état critique, et deux éléments des forces d'intervention ont été légèrement touchés. Les deux autres suspects ont réussi à s'échapper. Mais leur cavale ne durera pas longtemps. Des fouilles sont systématiquement effectuées dans toute la zone de Sid El Khadir et l'on avance qu'ils finiront par tomber incessamment dans les filets de la police. Les noms avancés par les éléments de la police à l'heure où nous rédigions ces lignes sont Abdelmalek Bouzgrane (27 ans), Mohamed El Jarmouni (27 ans) et Mourad El Manouar ( 24 ans ), tous recherchés avant même les attentats survenus à Casablanca le 16 mai 2003. Les perquisitions menées dans le refuge des cinq terroristes ont été également concluantes : un dessin expliquant comment fabriquer les bombes a été trouvé sur les lieux, ainsi que de la fausse monnaie, des livres et CD incitant au Jihad, des brassards et des badges de police, des passeports et plusieurs cartes d'identité ont été saisis par les éléments de la PJ. Les témoignages recueillis sur place indiquent que les cinq suspects menaient une vie des plus ordinaires. Ils étaient courtois, sans barbes, portaient des jeans et t-shirt et rien ne laissait présager une quelconque suspicion dans leur comportement. Apparence ordinaire D'autre part, les enquêteurs ont saisi sur place de nombreuses armes blanches et plusieurs cartons, dont la contenance n'a pas été annoncée. Des sources indiqueraient que des matières qui pourraient entrer dans la fabrication d'explosifs ont été découvertes dans quelques-uns des cartons. Dans les autres, les enquêteurs auraient trouvé du matériel informatique, vraisemblablement utilisé dans la fabrication de fausse monnaie. À l'heure où nous mettions sous presse, la zone de Sid El Khadir est encore quadrillée par les forces de l'ordre. Rien n'échappe à la vigilance de ces forces. On contrôle les entrées et les sorties de tous les habitants du quartier. Avec ce coup de filet, tout indique que la décision a été prise d'éradiquer le phénomène intégriste dans sa dimension subversive et violente. Les arrestations se multiplient, la police est en alerte pour achever l'enquête du 16 mai avant la date commémorative de ce tragique et douloureux événement. Le ministère de l'Intérieur mobilise tous ses effectifs, toutes catégories confondues, pour l'enquête la plus spectaculaire de l'histoire du Maroc. Les observateurs avertis qualifient cette campagne d'arrestations des activistes recherchés de travail de fourmi, un véritable chassé-croisé de l'information. La capture de Abdelmalek Bouzgarne, auteur, entre autres, du meurtre du notaire casablancais, Aziz Assadi, et le démantèlement de sa cellule est une réussite, à plus d'un titre, à mettre à l'actif de nos services sécuritaires qui mettent aujourd'hui les bouchées doubles pour mettre fin à cette pieuvre intégriste.