100.000 touristes allemands perdus en 4 ans La destination Maroc a perdu le plus grand émetteur de touristes au monde, en l'occurrence l'Allemagne : entre 1998 et 2003, les arrivées ont reculé de 43 %, soit près de 100.000 touristes. Les professionnels du tourisme et l'ONMT, qui ont consacré le 23 février dernier une journée d'étude consacrée à ce marché, sont unanimes pour constater la désaffection des Allemands. De toutes les journées d'information et de débats sur les marchés émetteurs, devenues désormais une tradition depuis un peu plus d'une année, celle dédiée cette année à l'Allemagne, en préparation du Salon ITB Berlin, prévu du 12 au 16 mars 2004, est incontestablement la rencontre où la langue de bois n'avait pas sa place. Tellement Fathia Bennis, directeur général de l'ONMT, Fayçal Jorio, délégué de l'ONMT à Dusseldorf et les professionnels présents ont tiré la sonnette d'alarme. D'après les statistiques du ministère du Tourisme, les arrivées des touristes allemands n'ont même pas atteint 130.000 en 2003. Plus inquiétant, la baisse est régulière depuis 1998, année où ces arrivées s'élevaient à près de 230.000. De même, les nuitées sont passées de près de 2,7 millions en 1998 à environ 1,6 million en 2003, soit une baisse de 40 % en l'espace de quatre années. De quoi alarmer toute personne avisée."Il ne faut pas se leurrer. Les tours opérateurs allemands pensent d'abord à remplir leurs propres hôtels en Turquie, Egypte et Tunisie, où ils ont investi. Ils y sont partie prenante, ce qui n'est pas le cas du Maroc où leur engagement est limité", fait remarquer Fayçal Jorio. Pourtant, ce n'est pas par faute d'avoir essayé. Depuis très longtemps, les Allemands cherchaient à lancer le Club Aldiana, tout comme Robinson. Quant à Neckerman, premier tour opérateur (T.O) au Maroc, il a simplement vu tous ses projets bloqués par le foncier pendant que d'autres grands T.O n'ont toujours pas d'unités hôtelières leur appartenant. Aujourd'hui, le marché allemand avec 28 millions de packages (voyages à l'étranger) vendus dont plus de 80 % par six TO dont les leaders mondiaux (TUI, Thomas Cook, Rewe, ITS/LTV…) est devenu très complexe et présente beaucoup d'enjeux. Il faut dire que ces TO sont actuellement intégrés en totalité dans des compagnies aériennes, hôtels, agences de voyages et réseaux de distribution. Que peut-on attendre alors du marché allemand ? Selon Fathia Bennis, s'il s'avère que des facteurs exogènes à la destination Maroc (attentats du 11 septembre 2001, guerre contre l'Irak, conjoncture internationale…) sont pour beaucoup dans la désaffection des Allemands pour la destination, il faut surtout revoir certaines choses. "On devrait davantage intéresser les opérateurs allemands à investir au Maroc, mettre à niveau le produit Agadir qui a vieilli mais aussi resserrer nos liens d'amitié avec l'Allemagne".Selon la directrice de l'ONMT, des pourparlers sont en cours actuellement avec TUI, ITS et Thomas Cook pour la mise en place de liaisons aériennes en dessertes directes sur les villes d'Agadir et de Marrakech. Il n'empêche que le délégué de l'ONMT à Dusseldorf, en Allemagne, a attiré l'attention de l'assistance sur la complexité de ce marché."Les TO allemands sont de plus en plus exigeants. Certains, comme TUI par exemple, travaillent même sur la base d'un système de notation pour les hôtels qui accueillent leur clientèle. Un nouveau concept a même cours sur le marché : le client est remboursé s'il n'est pas satisfait. C'est pour dire qu'il faut revoir le produit Agadir", dit-il. Le marché allemand, principal débouché de la destination Agadir, est incontestablement en perte de vitesse. Les arrivées des Allemands ont atteint un peu moins de 61.000 touristes en 2003 alors que celles-ci culminaient autour de 170.000 en 1999. De même, les nuitées sont passées sur cette première station du royaume de 1,5 million en 1999 à 540.000 en 2003, soit une baisse de 65 %. Rien qu'entre 2002 et 2003, le recul a atteint 40 %. A en croire Fayçal Jorio, si à Agadir les professionnels estiment le taux de retour à 60 %, en revanche, les TO allemands, eux, n'évaluent ce ratio qu'à 6 %. "De plus à Agadir, le taux de réclamation dépasse les 3 %, ce qui est énorme pour une destination. Ainsi la destination qui était à 70 % allemande ne l'est plus qu'à 20 %" Quoi qu'il en soit, la directrice de l'ONMT table déjà sur le demi-million de touristes allemands à l'horizon 2010 à défaut du million escompté à cette date.