La nouvelle année a débuté avec une avalanche de pateras parties à l'assaut des côtes des îles Canaries. Entre mardi et jeudi dernier, 203 émigrants sans documents ont été interceptés sur les îles. Ensuite, un deuxième groupe de 296 clandestins a été appréhendé par la police espagnole dans huit pateras différentes, avec des candidats majoritairement subsahariens mais comptant aussi 20 Indiens et quelques Marocains. Le 13 courant, à Alméria cette fois-ci, les autorités du port ont arrêté trois individus de nationalité marocaine qui voyageaient cachés à bord du paquebot Mistral qui assure la liaison entre Nador et la péninsule ibérique. Toujours à Alméria, ce même mardi 13 courant, une patera avec 12 clandestins à bord, sortie à 17 heures auparavant de la ville d'Al Hoceima, a été interceptée alors qu'elle tournait en rond au large des côtes à cause du dense brouillard qui s'abattait sur la région. Au Maroc, par ailleurs, des expulsions massives de clandestins Subsahariens ont été menées il y a quelques jours à partir de l'aéroport de Fès-Saïs, à destination de Lagos au Nigéria, avec 420 individus à bord. Mais ces retours en force des arrivages clandestins n'augurent en rien d'une montée en flèche de l'émigration clandestine. C'est ce que laissent entendre diverses voix en Espagne. Dans les îles Canaries, le président de l'Exécutif régional a souligné qu'en 2003 les chiffres de l'immigration clandestine avaient baissé en comparaison avec l'année 2002, en précisant qu'il ne fallait pas s'inquiéter du nombre élevé des arrestations réalisées depuis quelques semaines. Depuis Melilla où l'émigration clandestine battait traditionnellement son plein, les responsables des services sociaux rapportent que les adultes clandestins arrivent moins nombreux qu'auparavant et que très peu de cas de mineurs sans documents ont été signalés dans la région depuis le mois de janvier. Même son de cloche depuis l'Espagne où l'administrateur principal des Affaires sociales de la région d'Andalousie a annoncé que les arrivages de mineurs marocains se sont “tassés” et il invoque des raisons “météorologiques” ou de “meilleurs et plus exigeants contrôles frontaliers.” Selon toute apparence, le phénomène de l'immigration clandestine témoigne ces dernières semaines d'un regain de soubresauts avant sa dernière heure. Ceux qui sont encore en attente du voyage au Maroc, des poches de clandestins évaluées à quelque 20.000 individus, vont tenter le passage puisqu'ils ne peuvent, en aucun cas, revenir en arrière. Depuis que le Maroc a intensifié les rapatriements par charters en cas d'arrestation, ces clandestins n'ont plus d'alternative : ou se faire arrêter par la police marocaine ou tenter la traversée vers l'Europe.