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Hicham, un enfant à Barcelone
Publié dans La Gazette du Maroc le 29 - 12 - 2003


sur les mineurs de l'immigration clandestine
Hicham B. dont nous avons présenté le début de son témoignage, a aujourd'hui quinze ans. Il y a environ trois ans, il a échoué à Sebta et a séjourné dans le centre pour mineurs clandestins, San Antonio. Après bien des mésaventures, l'enfant est expulsé vers la frontière marocaine. Sans se lasser, il décide de passer de l'autre côté de la rive, au fond d'un camion TIR en partance de Tanger. A Barcelone où il atterrit sans choisir, il lui faudra d'abord éponger ses dettes et travailler comme bête de somme dans un poulailler avant de se retrouver dans la rue, entre les mains d'un sinistre destin
Hicham B. n'a pas hésité à fuir Castillejos, dans la région de Tétouan, pour entrer sans documents dans la ville de Sebta. Ce premier périple l'avait mené vers les zones troubles de la cité portuaire, jusqu'à être arrêté un jour par la police. Placé dans un centre d'accueil pour délit de vagabondage, il se retrouve au sein d'une véritable institution pénitentiaire qui dispose d'un cachot pour enfants pour anéantir toute révolte en eux.
Ceux qui avaient fait un passage par la fameuse cellule d'isolement se tenaient à carreau et assimilaient rapidement les règles du jeu de l'institution espagnole : “il ne fallait pas enfreindre les lois et respecter les éducateurs. A part ça, on mangeait assez bien. Ce n'était pas toujours bon mais c'était mieux que rien”. Les semaines s'écoulaient avec une monotonie carcérale à San Antonio. La majorité des enfants du Centre provenait du Maroc et les gosses s'arrangeaient pour évoquer le bled et les souvenirs de là-bas. Certains avaient commencé à avoir du remords, comme Hicham qui ne voyait plus son aventure du même œil. “J'ai souffert à Sebta. Pour la plupart des enfants, c'était San Antonio ou les cartons de la rue”.
Retour à la case départ
Mais la fin de l' escapade est à l'horizon. Le jeune enfant de Castillejos le sait bien, même si personne dans le Centre ne se doutait de ce qui allait suivre. “C'est un jour de pluie que j'ai été expulsé, après trois mois passés dans le Centre. Je m'en souviens car il faisait mauvais temps à cette période”.
Un jour, Hicham sera convoqué par un éducateur qui lui demandera de s'habiller pour aller dans une “administration”. Le rouquin de Castillejos n'en revenait pas et une légère angoisse étreignit son cœur. Qu'allait-on faire de lui maintenant ? Il savait, pour avoir assisté à des scènes de départ, que des garçons étaient emmenés ailleurs et que l'on ne les revoyait plus à San Antonio. Mais Hicham savait-il à l'époque que les autorités de Sebta, tout comme ceux de Melilia, encourageaient l'expulsion des mineurs marocains non accompagnés ? Dans leur majorité, les Espagnols associaient la présence des immigrés à la délinquance et les habitants qui vivaient près des Centres d'accueil comme San Antonio ou Mediterraneo, un autre Centre malfamé de l'enclave, avaient souvent protesté contre la présence dans leurs quartiers des enfants clandestins.
Une voiture les attendait à l'extérieur, avec un homme assis au volant. Elle roula pendant près d'une heure, puis s'arrêta devant un local que Hicham reconnut être un poste frontalier. Ainsi, il ne se faisait plus d'illusion. Quelques heures plus tard, le jeune garçon, seul, était passé de l'autre côté de la frontière. Il était au Maroc, en Afrique, car pour Hicham Sebta se trouve sur un autre continent, imaginé.
A ce point de son récit, le jeune garçon s'arrête et promène un long regard scrutateur dans le café. “J'ai tout raté cette fois-ci, mais j'étais déterminé à réessayer”. Il marque une longue pause pendant laquelle il sirote un deuxième café brûlant, en fumant une énième cigarette blonde, avant de continuer.
A son retour au Maroc, Hicham n'est jamais revenu à Castillejos : “à quoi bon ?”. Il n'aimait pas son lieu d'enfance ni son passé et avait tout au long de sa courte vie cherché une fuite en avant. Il choisira Tanger, pour préparer son prochain départ. Il était décidé à ne pas retenter sa chance du côté de Sebta : “cela n'aurait rien ajouté à ma vie et il n'y avait pas de solution dans cette ville de la mort”.
Il vivra pendant un an à Tanger, devenant cireur sur la place du grand socco. Les images de sa famille s'estompaient et le jeune garçon devenait un adulte endurci. “La vie ne m'a pas gâté”, répètera-t-il plusieurs fois durant l'entretien.
La traversée
du Détroit dans un camion
Hicham rodait souvent près du port de Tanger. Il fréquentait d'autres cireurs ou des garçons de la rue qui l'initiaient à la vie et à l'aventure. Très vite, il avait trouvé un contact, un certain Ba Maâti, la quarantaine : “mais ce n'est pas son vrai nom. Personne ne sait d'où il vient ni qui il est réellement”. Celui-ci avait pris de l'ascendant sur l'enfant qui le voyait deux à trois fois par semaine dans un café du vieux quartier Dradeb : “j'allais le voir et aimais l'écouter raconter sa vie en Europe où il a vécu”. C'est Ba Maâti qui allait lui suggérer une idée de folie, en lui promettant de l'aider à la réaliser. Hicham explique que “l'homme avait beaucoup d'amis et on racontait qu'il avait aidé des personnes à partir du Maroc”. L'idée de Ba Maâti était simple : “il faudra me faire confiance jusqu'au bout, mais là-bas il faudra t'acquitter de ta dette envers moi…”, avait dit l'individu à Hicham. Ce dernier, tout bonnement, avait acquiescé. Il était content que quelqu'un pense à sa place, choisisse pour lui et lui veuille du bien au point de lui offrir pareil cadeau. Un billet gratis jusqu'en Espagne, et puis là-bas on verra bien…
Quelques semaines plus tard, Hicham est averti que c'est pour bientôt, et qu'il va devoir s'apprêter pour le grand voyage : “ne prends ni sacoche ni affaires. Il te faut juste un jean, des espadrilles et surtout un gros pull en laine. Il fait froid là où tu vas”, l'avait prévenu l'homme. Le garçon se souvient qu'un samedi soir, vers neuf heures, Ba Maâti lui a fait ses adieux, en lui promettant de le voir un jour prochain. Inquiet sur son sort, Hicham a même été prévenu de ce qui l'attendait : “va et ne t'en fais pas. Là-bas, un homme viendra te chercher, toi et les autres. Car vous serez cinq du voyage ce soir. On s'occupera de vous. Mais surtout, fais tout ce qu'on te dit. C'est comme si c'était moi qui te parlais, d'accord ?”.
Un taxi les emmena vers un quartier de la banlieue tangéroise. Sur un terrain vague, trois camions TIR étaient stationnés. Ba Maâti, lui tapant sur l'épaule, demanda au rouquin de monter dans l'un d'eux. Dans le ventre du camion, il y avait trois autres garçons qui avaient plus ou moins le même âge. Hicham avait peur mais se fiait à ce que lui avait dit son parrain. Cinq minutes plus tard, un dernier garçon arriva et un homme, silencieux jusque-là, les apostropha : “à partir de maintenant, je ne veux plus entendre un mot, une respiration. Vous allez être cachés de manière à ne pas être décelés par les contrôles. Mais attention à vous…”. Pour donner l'exemple, il prit l'un des garçons avec vigueur et lui demanda de répéter ses ordres. Ensuite, raconte Hicham, ils sont tous entrés au fond du camion et ont dévissé une fausse paroi derrière laquelle se trouvaient des couvertures. C'est là que les cinq voyageurs clandestins ont été placés. On referma la paroi et les enfants se recroquevillèrent de peur dans l'obscurité. Des bruits commencèrent alors tout autour. Les hommes étaient en train de recharger les marchandises dans le ventre du camion. Au fond, indécelable sauf en cas de fouille complète, le groupe des mineurs était atterré.
Le temps s'est écoulé avec une lenteur insoutenable. Durant tout le voyage, les enfants n'ont été “libérés” qu'une fois, pour faire leurs besoins en pleine nature. Quelques heures après leur départ de Tanger, Hicham avait senti qu'ils étaient sur un bateau, avant de rejoindre la terre ferme, de l'autre côté de la rive. “C'était trop beau et le camion n'avait pas été contrôlé une seule fois”. Enfin, après la route, vint l'arrêt définitif, dans une ville détonante que Hicham allait appeler les premiers jours : “la ville qui ne dort pas”. Ils étaient à Barcelone.
Barcelone ou la ville des mille dangers
Il faut croire en l'histoire ancienne. C'est ce que fait notre interlocuteur qui semblait, il y a deux ans, bien décidé à en découdre avec la vie. De Barcelone,
dira-t-il, “il ne me reste que des bribes d'images et des souvenirs de haine”. Et pour cause, en guise d'Eldorado, son parrain Ba Maâti l'a expédié dans la gueule du loup, qui avait pour nom exploitation d'enfants. Hicham est “déposé” chez une femme en compagnie d'un autre garçon. Il ne saura plus rien des autres, sauf d'un certain Jamal, qu'il reverra sept ou huit mois plus tard, dans la rue, en compagnie d'un adulte Marocain, qui le tenait par la main. Chez cette femme, le séjour fut très court : “nous sommes restés quatre jours, sans jamais quitter notre chambre. Ensuite, deux hommes sont venus nous chercher”. Hicham allait atterrir, deux heures plus tard, dans une ferme de volailles située aux alentours de la ville.
C'était le début du cauchemar pour le jeune enfant de Castillejos. Introduits auprès du propriétaire, un certain Don Valoro, Hicham et son ami Mohamed allaient demeurer plus de sept mois dans ce lieu sinistre où des enfants étaient tenus en esclavage. “On travaillait toute la journée, de notre réveil jusqu'à notre coucher. Nous étions six Marocains et deux Africains. Il y avait en tout trois enfants de mon âge”. Tout en leur promettant que bientôt ils seraient libres, Don Valoro qui vivait avec son épouse et ses trois enfants les faisait trimer comme des diables.
Hicham et les autres enfants avaient la sale besogne, comme nettoyer les étables, déplumer les poules, servir dans la cuisine de la ferme. Nous ne saurons jamais s'il avait été maltraité, car il esquiva à chaque fois les questions que nous lui posions: “ah, rien de bien méchant à ce stade de mon séjour à Barcelone”. Il avoue ne jamais être sorti de la ferme, sauf à une occasion lorsqu'il accompagna jusqu'à une station d'essence un travailleur qui voulait téléphoner au Maroc.
Il avait soudain pris conscience que sa vie allait perdurer ainsi dans la ferme du vieil Espagnol. Il explique que “vu mon âge ils allaient m'exploiter encore pendant des années avant que je ne me révolte”.
Don Valoro avait déjà commencé à faire du chantage à l'enfant chaque fois que celui-ci lui demandait quand est-ce qu'il allait le laisser partir : “les personnes qui sont responsables de toi n'ont pas encore décidé. Il faut attendre. Que veux-tu de plus ? Tu es nourri, logé, tu as des amis ici et tu es en Espagne”, disait le vieux propriétaire en partant dans un long rire…
Hicham avait décidé de s'échapper de la ferme. Il en avait marre et dit “avoir voulu tenter sa chance ailleurs”. Il ne se prépare même pas. Un matin, en se levant, il se dirige vers l'arrière-cour et traverse un petit ruisseau qui coule le long de la propriété. Il est enfin libre. C'est ce qu'il pense et il le dit. Il marche pendant des heures. Il erre le ventre noué par la faim jusqu'au soir.
A partir de là, Hicham raconte qu'il a tout simplement abordé des hommes et des femmes maghrébins, le plus souvent Marocains, en leur demandant de l'aide. “Au bout d'une journée, j'avais parlé à cinq personnes, mais personne ne m'a réellement aidé sauf une femme qui m'a donné un peu d'argent. J'ai pu manger en achetant du pain”.
La nuit, il voit dans certaines ruelles des vagabonds et des visages qui lui paraissent familiers. Des Marocains qui sont dans la même situation que lui, sans le sou, jetés dans la rue, dédaignés de tous. “Je n'avais pas le choix, je les ai rejoints. Je ne connaissais rien de cette ville monstrueuse…”, dira-t-il. L'enfant terrible de Castillejos fait dès lors partie d'un groupe qui s'arrange avec la vie comme il peut, fuit les uniformes de police, fait la manche et vole dans bien des occasions. “Oui, j'ai souvent volé des sacs à main et des choses à manger
dans les devantures des commerces”, avouera-t-il.
Un voyage et une balafre
Hicham parle maintenant de Barcelone sur un autre ton. Il se rappelle de Tino, de Hmand et de Brahim El loco, ses amis restés là-bas et dont il ignore tout. “Nous volions parfois pour manger. Mais en général, nous allions dans des églises qui nous offraient les repas, quatre à cinq fois par semaine”.
Puis, Hicham parle d'un de ses amis : “il y avait dans la bande un garçon surnommé Lula. Son prénom m'avait fait rire au début. Il était de Khémisset. Plus tard, j'ai appris qu'il avait vécu pendant deux ans chez deux hommes jeunes qui abusaient sexuellement de lui. Ce sont eux qui l'appelaient Lula”. Lula avait réussi à échapper une nuit et avait rejoint le groupe.
Hicham menait une vie de désinvolture à Barcelone. Il commençait à connaître les bons endroits pour dormir, les places à éviter, comment manger, où voler des fringues sans s'attirer d'ennuis. Jusqu'au jour où éclata une grande dispute et que l'adolescent fut arrêté dans la foulée : “C'était une histoire entre Brahim El loco et un Espagnol qui faisait partie d'un gang. Ce dernier avait un couteau. En voulant les séparer, j'ai reçu le cou au visage”. Il nous montre encore mieux la balafre qui brille dans le café toujours vide à cette heure avancée de la matinée. A Barcelone, Hicham sera pris avec l'Espagnol. “Je ne pouvais pas fuir à cause de ma blessure”, dit-il pour nous convaincre. “On nous a emmenés au commissariat et j'ai été soigné par un médecin. A partir de ce moment, c'était le début de la fin”.
Après un jugement prononcé en son absence, le voilà “criminel” et susceptible d'être exclu en dépit de son âge. Il avouera tout à la police : le Maroc, la traversée dans le camion, la ferme, les vols commis sur les étalages commerciaux.
Un beau jour, Hicham est récupéré du Centre de détention pour mineurs où il avait été placé et expédié en Andalousie. Il finira le voyage à Algésiras, dans le port même où le dépose la fourgonnette avec d'autres enfants entrés comme lui en Espagne sans papiers. De là, “il y avait le bateau, les bastonnades des policiers marocains qui nous ont reçus et enfin Tanger”. L'histoire du périple s'achevait pour Hicham.
A Tanger, il allait se souvenir de son oncle maternel qui vivait à Fès : “je voulais tout arrêter. J'étais fatigué et mon cou me faisait mal. Cet oncle m'aimait beaucoup, ma mère me le disait souvent”. Son oncle maternel allait l'héberger pendant trois mois et lui permettre de retrouver une vie un tantinet normale. Hicham ne voulait pas revenir à Castillejos, chez son père et sa mère…
Aujourd'hui, grâce à son oncle, le jeune garçon apprend à jardiner et deviendra peut-être un jour un homme à l'insertion réussie. Il ne gagne pas d'argent, juste de quoi “acheter des cigarettes que j'ai appris à fumer à Barcelone”.
Dans le café, à la fin de son récit, il nous regarde fixement et nous répète que plus jamais il ne tentera l'expérience et que c'est désormais un homme nouveau. Nous voulons bien le croire après cette aventure incroyable.
“Il y avait dans la bande un garçon surnommé Lula. Son prénom m'avait fait rire au début. Il était de Khémisset. Plus tard, j'ai appris qu'il avait vécu pendant deux ans chez deux hommes jeunes qui abusaient sexuellement de lui. Ce sont eux qui l'appelaient Lula”
Rapport sur les mineurs de Barcelone
La Catalogne est l'une des régions où le problème des enfants de la rue est le plus dramatique, notamment à Barcelone. Deux chercheurs du Centre des études juridiques du gouvernement catalan, Manuel Capdevilla et Marta Ferrer, ont élaboré la première étude sur le problème accompagnée de statistiques. Selon les auteurs, “l'immigration des mineurs non accompagnés, qui ont réalisé la traversée sans aucun adulte pour les accompagner, est un phénomène relativement jeune que l'Espagne et l'Union européenne ne connaissaient pas jusqu'à il y a quelques années” Rien qu'à Barcelone, l'enquête a pu déterminer qu'entre janvier 1998 et mai 2002, pas moins de 1.659 enfants immigrants ont été arrêtés sans aucune pièce d'identité et sans adulte les accompagnant. Ces chiffres officiels dissimulent une réalité plus poignante et il faut supposer que les enfants qui vivent cachés à Barcelone sont beaucoup plus nombreux : “ces 1.659 enfants avaient été arrêtés par la police ou les services sociaux de la ville. Il faut en plus comptabiliser beaucoup de mineurs qui échappent aux autorités”. Les auteurs du rapport affirment que 92% des mineurs clandestins de Barcelone sont Marocains, tandis que 4,6% sont Algériens. L'âge de ces enfants est compris entre 9 et 17 ans, avec une moyenne de 15 ans. 97% des enfants clandestins de Barcelone sont de sexe masculin, les filles représentant 3% des arrivages.
La majorité des enfants, à savoir 80,2%, ont traversé le détroit depuis la ville de Tanger. Les moyens utilisés pour atteindre la berge de l'Andalousie sont : les pateras, les autocars et les camions de transports internationaux. Les enfants devenus de petits délinquants qui vivent de vols et d'agressions pour survivre représentent 27% de l'ensemble.
Selon l'étude, “l'un des dangers les plus tragiques qui guettent les mineurs est de tomber entre les mains de réseaux d'exploitation et de mafias.” Les enfants qui viennent chercher de l'aide auprès des services sociaux ou qui sont arrêtés par les forces de l'ordre sont conduits vers les centres d'accueil où, préviennent les enquêteurs, “des mesures de précautions ont été prises pour dissuader les fugues.” Les mineurs clandestins se déplacent en général dans plusieurs zones de l'Espagne et cherchent souvent à rejoindre un autre pays européen : la France, la Belgique, la Suisse et l'Italie, qui représentent des destinations privilégiées. Manuel Capdevilla et Marta Ferrer terminent en disant que la solution du rapatriement “volontaire” est quasiment impossible à évoquer car 93,8% des enfants clandestins refusent de revenir dans leur pays.


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