Relations économiques Les relations maroco-françaises continuent de se renforcer au fil des ans. Non seulement les relations intergouvernementales sont d'une qualité exceptionnelle, mais également les entreprises françaises, filiales des grands groupes de l'Hexagone, sont nombreuses au Maroc et opèrent dans la quasi-totalité des secteurs économiques du pays. Il en résulte des flux importants et réguliers de capitaux en provenance de la France, ce qui en fait le premier pourvoyeur d'investissements directs étrangers au Maroc. Du côté marocain comme du côté français, le superlatif est de rigueur lorsqu'on parle des relations maroco-françaises. “Exceptionnelles”, “exemplaires”, “privilégiées”, tels sont les principaux qualificatifs qui reviennent le plus souvent pour désigner ces relations. Ce n'est pas, en effet, une simple clause de style mais cela reflète une réalité incontestable. Dans tous les domaines, la France arrive presque toujours largement en tête des autres partenaires du Maroc : premier fournisseur de biens et services et premier client, premier investisseur, premier pourvoyeur d'aide publique au développement (APD), premier pays de provenance des recettes MRE, premier marché émetteur de touristes, etc. L'explication de cette place de choix de l'Hexagone au Maroc est bien connue : raisons historiques, proximité géographique, liens humains, volonté politique commune de part et d'autre… Rarement, l'ampleur de la coopération économique entre deux pays a atteint la qualité et le niveau des relations politiques. La visite que va effectuer, cette semaine, le Président Jacques Chirac au Maroc témoigne de cette volonté commune de renforcer davantage la coopération économique entre les deux pays, dont la trame s'est consolidée au fil des ans à la suite des nombreuses rencontres des plus hautes autorités des deux Etats. On peut logiquement s'attendre à ce que les questions économiques soient largement abordées au cours de la visite du chef de l'Etat français. D'autant que cette visite intervient à peine une semaine après la réunion euro-marocaine à Bruxelles. Ce dialogue économique destiné à évaluer la mise en place progressive de l'accord d'association, intervient dans un contexte assez différent des réunions précédentes. Demande d'appui à la politique sociale En effet, le Maroc a présenté cette fois-ci des revendications particulières. Rabat a demandé, en premier lieu, un soutien financier accru de l'UE en faveur de la politique sociale inscrite dans le budget, notamment l'appui à la politique de proximité : logement social, accès à l'eau potable, électrification rurale…En deuxième lieu, le Maroc a fait part de ses craintes au sujet des répercussions négatives potentielles de l'élargissement de l'UE à l'Est sur l'économie nationale. L'élargissement constitue, en effet, une menace redoutable pour les exportations de produits agricoles (qui seront limitées dès que la réglementation européenne en la matière entrera en vigueur dans ces pays). Il risque, d'autre part, d'accélérer le détournement des investissements productifs européens vers les nouveaux membres au détriment des pays du Sud méditerranéen comme le Maroc. Or, et c'est bien connu, la France a toujours plaidé, dans le cadre du dialogue euro-méditerranéen, en faveur d'une aide accrue aux pays du Sud, alors que les pays de l'Europe du nord privilégient le renforcement des liens avec les PECO (pays de l'Europe centrale et orientale). En outre, la France a souvent défendu les intérêts marocains auprès des instances européennes. Cependant, l'action bilatérale de la France est limitée à la fois par son intégration à l'espace européen et par ses propres difficultés budgétaires. Le Président Jacques Chirac, très sensible aux problèmes du développement durable, ne manque pas une occasion pour proposer des initiatives en faveur des pays en développement. De ce fait, il a toujours accordé une attention particulière au Maroc, non seulement pour des raisons personnelles, mais aussi pour défendre, bien entendu, les intérêts français considérables dans notre pays. D'après les statistiques de la Mission économique française (MEF, voir encadré), cheville ouvrière de la coopération économique multiforme entre les deux pays, on recense au Maroc plus de 400 filiales d'entreprises françaises représentant la quasi-totalité des grands groupes de l'Hexagone, qui emploient plus de 65.000 personnes. En effet, 21 des 25 premiers groupes sont implantés au Maroc. Certains d'entre eux figurent parmi les plus gros employeurs du pays. C'est le cas notamment de Vivendi qui, à travers sa participation minoritaire dans le capital de Maroc Telecom, contribue à l'emploi de 14.550 personnes, de ST Microelectronics, fabricant de circuits électroniques (4.830 salariés), de Suez, dont la filiale locale, la Lydec, qui emploie 3.585 personnes, ou encore de Danone, à participation minoritaire dans Centrale laitière, qui offre des emplois à 3.450 personnes. Les entreprises françaises implantées au Maroc opèrent dans la quasi-totalité des secteurs d'activité économique. Cela va des produits agricoles aux NTIC (nouvelles technologies de l'information et de la communication), en passant par le tourisme, la finance, le commerce et l'industrie. Selon la MEF, la moitié de ces entreprises est recensée dans les secteurs du conseil, des biens de consommation et des biens d'équipements industriels. Mais en chiffre d'affaires, on constate une prédominance des secteurs électriques et électroniques, du ciment, du tourisme, de la pharmacie, de l'agroalimentaire, des services financiers et du textile. Importants flux d'IDE En ce qui concerne les motivations de l'implantation des entreprises françaises au Maroc, elles obéissent à une double logique, soit de service du marché local, soit une stratégie de délocalisation. Dans la première catégorie, celle des entreprises qui destinent leur production ou leurs services au marché local, on peut citer notamment des entreprises agroalimentaires (Danone), de la pharmacie (Aventis), des banques (BNP Paribas, Société générale, Crédit lyonnais), des assurances (Axa), de l'environnement et de l'énergie (Suez et Veolia), du tourisme (Club Med, Accor, Fram), des télécommunications (Vivendi) et du commerce (Auchan, associé à l'ONA dans la grande distribution). L'autre catégorie d'entreprises a une activité essentiellement tournée vers l'exportation ou la réexportation. Il s'agit principalement des fruits et légumes (Crespo), des équipements électriques et électroniques (Alcatel, Schneider, Valeo, ST Microelectronics) et du textile-habillement (Décathlon, Groupe Caulliez…). Les implantations d'entreprises françaises drainent des flux substantiels de capitaux. De ce fait, la France est devenue le premier pourvoyeur d'investissements directs étrangers (IDE) au Maroc. Ainsi, sur la période 1997-2002, les flux d'IDE en provenance de la France représentent 51 % du total des IDE reçus par le Maroc, soit 3.816,91 millions d'euros sur un total de 7.484,24 M d'euros. Il convient de noter que même hors opérations exceptionnelles de privatisation, le montant d'IDE français est resté, depuis 1997, supérieur à 100 M d'euros par an. En matière de traitement de la dette extérieure marocaine, il y a lieu de souligner que les opérations de conversion de la dette en investissements a débuté en 1996, année où la France a annulé 61 M d'euros de dettes pour financer des projets publics dans les provinces du Nord. Et de 1996 à 2001, ce sont 412 M d'euros que la France a convertis en investissements privés. L'intérêt de ce genre d'opérations est évident. Il permet d'associer le désendettement public qui soulage les finances de l'Etat à l'investissement productif, créateur de richesses et d'emplois supplémentaires. La Mission économique française (MEF) et son rôle Créée en 1990 pour rassembler au sein d'une même structure les services de la direction du Trésor et de la Direction des relations économiques extérieures, la Mission économique et financière près l'Ambassade de France a pris l'appellation unifiée de MEF en 2002. Elle intervient dans trois principaux domaines : • les questions commerciales impliquant l'Etat français : appui aux entreprises et suivi des relations intergouvernementales pour les questions commerciales bilatérales, européennes et multilatérales, • les questions financières : analyse macroéconomique et financière et traitement des dossiers juridiques et financiers, suivi de l'APD française bilatérale et multilatérale, • le service aux entreprises françaises : analyse sectorielle et accompagnement des entreprises françaises dans leurs démarches commerciales. La MEF a un triple rôle : rôle spécifique en matière de coopération, rôle de bailleur de fonds et rôle multilatéral. 1 – rôle spécifique en matière de coopération • analyse de la situation macro et microéconomique du Maroc et conseil auprès de l'administration et des entreprises françaises, • réflexion sur les voies et moyens de la coopération économique et financière au Maroc et son articulation avec les besoins du pays et avec les actions des autres bailleurs de fonds, • négociations avec les autorités économiques marocaines sur des questions juridiques ou financières, • mise en œuvre d'instruments de prêts, de dons, de garantie ou de traitement de la dette. 2 – rôle de bailleur de fonds : gérer en propre certains instruments : • soutien macroéconomique (conversion de la dette, don sécheresse), • appui institutionnel en faveur des secteurs public et privé, • soutien aux investissements des grandes entreprises françaises et des PME marocaines, • promotion des intérêts économiques français. 3 – rôle multilatéral : assurer au profit des autorités françaises le suivi local des négociations impliquant le Maroc : • relations entre l'UE et le Maroc, • processus euro-méditerranéen de Barcelone, • négociations commerciales multilatérales à l'OMC, • négociations d'accords de libre-échange entre le Maroc et des pays tiers : projet d'accord avec les USA, ratification de l'accord de zone de libre-échange incluant la Tunisie, l'Egypte et la Jordanie (processus d'Agadir). Source : MEF - Lettre du Maroc - septembre 2003.