Pour des raisons historiques et politiques, mais aussi de proximité géographique, la France reste le principal pays investisseur au Maroc. Sur la période 1997-2002, les flux d'IDE d'origine française représentent 51 % du total reçu par le Maroc. La visite prévue le 9 octobre prochain du président français Jacques Chirac au Maroc a un double objectif. Le premier en est de consolider les liens politiques et culturels qui unissent les deux pays. Le deuxième, pragmatisme oblige, a trait aux relations économiques. En effet, la France se place, de loin, comme le principal pays d'origine des investissements directs étrangers. Au total, sur la période 1997-2002, les flux d'IDE d'origine française représentent 51 % du total des Investissements directs étrangers (IDE) reçus par le Maroc. Par ailleurs, et hors opérations exceptionnelles, le montant annuel d'IDE français reste depuis 1997 supérieur à 100 millions d'euros. Le mécanisme français de conversion de dettes en investissements privés au Maroc a permis de convertir 412 millions d'euros, entre 1996 et 2001, pour un élément don de 198 millions d'euros. Une étude de la mission économique française révèle qu'en 2001, un total de 2,7 milliards d'euros ont été investis au Maroc en 2001 (85,2 % du total), l'effet Vivendi-Maroc Telecom jouant à plein. Les données pour 2002 se sont inscrites en baisse par rapport à la tendance observée en 2001, mais la France conserve sa position de leader. La France est le premier pourvoyeur de flux d'IDE depuis 10 ans, sauf en 1997 où la privatisation de raffineries de pétrole et la concession d'une centrale thermique avaient permis à la Suède et aux Etats-Unis de se placer respectivement premier et second, et en 1999 en raison de l'opération Meditelecom impliquant le Portugal et l'Espagne. Concernant l'année 2002, la part française de 41,2 % tient notamment à des opérations telles que celles du Club Med, d'Accor ou du groupe Der Krikorian dans le secteur du tourisme ou encore la reprise de la gestion déléguée de l'eau et de l'électricité de la ville de Rabat par Veolia Environnement (ex Vivendi Environnement). On recense au Maroc de l'ordre de 400 filiales de sociétés françaises, représentant la quasi-totalité des grands groupes de l'Hexagone. Certains d'entre eux comptent parmi les plus gros employeurs du pays, à l'image de Vivendi dont la filiale minoritaire, Maroc Telecom, emploie 14 551 personnes, de ST Microelectronics (4 831 emplois), de Suez dont la filiale locale de la Lydec (Lyonnaise des Eaux de Casablanca) emploie 3 585 personnes, ou encore de Danone qui, au travers de sa participation minoritaire dans la société Centrale Laitière, contribue à l'emploi de 3 451 personnes. Les grandes opérations réalisées concernent notamment la prise de participation à hauteur de 35% de Vivendi dans Maroc Telecom en 2001, la prise de participation à hauteur de 49 % de Auchan dans COFARMA, filiale de l'O.N.A, en 2001 et les projets touristiques d'envergure du Club Med (rénovation du village de Smir achevée en 2002, annonce de la création d'un 2 ème village trois tridents d'une capacité de 900 lits à Marrakech qui devrait ouvrir fin 2003-début 2004, projet d'ouverture courant 2003 d'un village OYYO au sud d'Agadir), d'Accor (construction d'un Coralia Club à Agadir; aboutissement du projet de construction de complexe hôtelier à Casablanca, le Casa City Center; ouverture à Marrakech en 2002 d'un hôtel sous l'enseigne Sofitel), du groupe Lucien Barrière (Marrakech) ou du groupe Der Krikorian dont le projet de marina à Casablanca a démarré en 2002. Les motivations des IDE français au Maroc se partagent entre stratégie de délocalisation et service pour le marché local. Certaines sociétés destinent ainsi leur production ou leurs services au marché local : il s'agit notamment des entreprises agroalimentaires, de la pharmacie, des banques, des assurances, du secteur de l'environnement et de l'énergie, du tourisme, et plus récemment des télécommunications et de la grande distribution. Les autres entreprises ont une activité essentiellement tournée vers l'exportation, comme les fruits et légumes, les équipementiers électriques et électroniques, ou les délocalisations dans le textile-habillement. Pour 2003, outre la poursuite des programmes d'investissements des sociétés françaises déjà présentes au Maroc, deux importants investissements ont d'ores et déjà été enregistrés. Il s'agit du rachat des Brasseries du Maroc par le groupe Castel pour un montant proche de 170 millions d'euros qui doit permettre au groupe français d'acquérir une position dominante dans le secteur de la bière et des boissons gazeuses au Maroc et de l'acquisition de 80 % de la Régie des Tabacs par le groupe franco-espagnol Altadis, pour un montant de 1,29 milliard d'euros. Des réalisations auxquelles s'ajoutent trois autres opérations d'envergures, à savoir l'acquisition par Renault de 38% du capital de la Somaca, passant par là à 46%, la prise par la Caisse d'Epargne française de 20% de la BMCE Bank et l'option des 16% que Vivendi s'apprête à exercer pour le second trimestre 2004. Le Crédit Agricole serait également en voie de concrétiser la cession du Crédit du Maroc à Wafabank, tout en prenant 30% de cette dernière.