Bouchaïb Rami, président du Club des investisseurs marocains de l'étranger Suite à la tournée que vient d'effectuer Taoufik Hjira, ministre de l'Habitat et de l'urbanisme, à la tête d'une importante délégation auprès des MRE vivant en Europe, ces derniers ont décidé de prendre le taureau par les cornes en investissant le secteur de l'immobilier. Le Club des investisseurs marocains de l'étranger (CIME) a ainsi décidé de créer une coopérative immobilière pour mettre en confiance la communauté marocaine vivant à l'étranger et l'inciter à investir ce secteur qu'elle commençait à fuir. Comment le projet sera-t-il créé? Avec qui ? Eclairage. La Gazette du Maroc : pourquoi voulez-vous créer une coopérative immobilière des MRE ? Bouchaïb Rami : ce qui se passe malheureusement aujourd'hui, c'est que certains MRE sont en train de vendre des logements qu'ils avaient construits au Maroc il y a dix ans. Et l'argent est utilisé pour acheter des appartements en Belgique, en France ou ailleurs. Nous avons fait tout notre possible pour dire à ces gens là stoppez ce que vous faites, il faut investir dans votre pays, en vain. Comme vous le savez sans doute, la cause principale, c'est que les maisons qui sont construites actuellement sont inhabitables. Tu y habites un an, deux ans et les problèmes commencent : humidité par ci, étanchéité mal finie par là, etc...Cela veut dire que certains promoteurs, surtout privés, ne font pas correctement leur travail et beaucoup de MRE ont été victimes de cette malhonnêteté. On a toujours dit à ces gens-là de venir s'asseoir avec nous au lieu de se contenter de nous présenter leurs produits et par la suite de nous arnaquer avec la publicité mensongère dans les aéroports, les bateaux, les colloques, etc...Lors de sa récente tournée en Europe, nous avons évoqué cet aspect devant Taoufik Hjira, ministre de l'Habitat et de l'urbanisme. Eh bien, il nous a dit si vous tombez sur quelqu'un de malhonnête, venez me voir. Nous voulons faire mieux, c'est-à-dire créer une coopérative immobilière, spécialement pour les MRE, laquelle sera placée sous la tutelle de son ministère. Le projet sera notamment dénommé "Maisons pour tous". Il pourra réussir à condition que le ministre nous accorde des terrains à Oujda, à Nador, Moulay Bouselham, Sidi Bouzid, Sidi Rahal, Agadir, Tanger, dans les environs de Casablanca et dans les différentes régions du pays où il y a des MRE . Vous serez seuls dans cette coopérative? Non, pas du tout. Puisqu'en plus du ministère de l'Habitat et de l'urbanisme, nous allons également faire appel à d'autres intervenants. Nous allons associer les promoteurs immobiliers publics et privés, les banquiers, l'Ordre national des architectes, les différentes agences urbaines ainsi que des promoteurs privés étrangers qui ont manifesté de l'intérêt pour le projet. En effet, lorsque nous avons émis l'idée de créer cette coopérative, certaines sociétés européennes présentes lors de la tournée y ont souscrit. A ce propos, il faut préciser que nous sommes déjà en contact avec des sociétés comme HLM et d'autres de Hollande, d'Allemagne, de France, d'Espagne et de Belgique qui veulent s'associer à ce projet. Avec leur professionnalisme reconnu, celles-ci vont certainement nous aider à instaurer la confiance, convaincre les MRE et les associer massivement à ce projet. D'ailleurs pour garantir l'authenticité de ce qui sera fait, nous nous engageons dès à présent sur un aspect technique. C'est que tous les process de construction des logements soient certifiés par le LPEE (Laboratoire public d'études et d'essais). Concrètement, quel type d'habitations allez-vous construire ? Ecoutez, cela dépendra de la demande des MRE. En concertation avec les différentes parties concernées, nous allons effectuer une étude de marché ciblée pour déterminer avec exactitude les types de logements qu'ils veulent. Mais, il faut quand même savoir que, suivant les générations, les demandes de logements ne sont plus les mêmes. Autant la première génération se contentait d'un logement simple. Autant, les seconde et troisième générations veulent des logements situés sur un site balnéaire, offrant une vue panoramique, etc. Nous allons donc tenir compte de ces différents éléments pour satisfaire tout le monde. Autre chose, c'est que chacun saura exactement où va son argent. Nous avons d'ores et déjà identifié quatre étapes : l'acquisition du terrain, son aménagement, la conduite des travaux de construction et enfin la remise des clés. Toutes ces étapes seront franchies dans une parfaite transparence. Car c'est sur la base de ce que les MRE auront vu qu'ils verseront au fur à mesure leur argent pour l'acquisition d'un toit A quelle(s) banque(s) serez-vous associés? A priori, nous pensons réaliser ce projet avec la Banque Populaire. La raison est simple: c'est elle qui recueille le plus de transferts et c'est également elle qui a le plus grand nombre d'agences à l'étranger. Donc, c'est naturel qu'on veuille lui offrir ce cadeau. Ceci étant, nous sommes ouverts à toutes les propositions qui peuvent émaner des autres banques. Toutefois, nous avons une exigence, c'est que quelle que soit la banque avec laquelle nous allons traiter, il faut qu'elle nous accorde des taux vraiment préférentiels. Parce que, comme vous le savez sans doute, nos concitoyens vivant à l'étranger sont habitués à des taux très faibles avoisinant au plus les 3%. Avez-vous déjà présenté votre projet aux intervenants ? Non, pas encore. Comme je l'ai déjà dit, l'idée a été émise, pour la première fois, lors de la récente tournée de M. Hjira auprès des MRE vivant en Europe. Actuellement, nous sommes à la phase d'élaboration du dossier et de sensibilisation de nos concitoyens vivant à l'étranger. Nous attendons de nous réunir très prochainement avec Taoufik Hjira. Par la suite, tous les autres intervenants seront informés et convoqués à une réunion pour jeter les bases du projet et le faire ainsi avancer. D'un autre côté, il faut savoir qu'à notre niveau, pratiquement tout le monde a été informé. Les MRE sont prêts et les trois promoteurs MRE présents à Agadir, Mohammédia et Oujda aussi. Donc, dès que le gouvernement nous aura accordé les terrains, nous pourrons aussitôt commencer. Etes-vous vraiment optimiste quant à l'aboutissement de ce projet? Aujourd'hui, le contexte est assez favorable. Les investissements des MRE dans l'immobilier reprennent petit à petit, alors qu'avant ils avaient stoppé. Avec l'appel du ministre, c'est sûr que les MRE vont venir massivement. D'ailleurs, nous recevons beaucoup de demandes et c'est pour cette raison que nous voulons créer cette coopérative. En définitive, notre objectif c'est de servir de modèle.