Quatre questions à Mohamed Baayoud La Gazette du Maroc : comment l'entreprise gère les demandes massives de sorties en congé pour les mois de juillet et août ? Mohamed Baayoud : Normalement, les demandes massives de sortie en congé pour les mois de juillet et août se gèrent à partir d'une planification. L'exercice consiste à trouver un juste équilibre entre ces demandes et le maintien de l'entreprise en activité, ce qui reste quand même une équation pas du tout simple. D'ailleurs, il n'y a pas de solution passe-partout. Mais, en fait tout dépend de l'entreprise. D'un côté, il y a des entreprises où la pression n'est pas forte en été. C'est-à-dire que leur volume de commandes n'augmente pas en cette période et donc elles peuvent se permettre d'autoriser des sorties en congé de leur personnel. Par contre, celles qui ont une forte pression sont obligées de répartir les congés sur toute l'année. Et la kyrielle de jours fériés, de ponts... quelles sont leurs conséquences sur l'entreprise ? Pour l'entreprise, ces jours sont forcément un manque à gagner en termes d'activité et de coûts salariaux. Et même si elle cherche, par exemple, à combler ce manque à gagner notamment en faisant travailler ses employés les jours fériés ou en les incitant à faire des heures supplémentaires, ce sera toujours un manque à gagner. L'employeur qui fait travailler ses employés les jours fériés doit payer 200%. Et pour les heures supplémentaires, si l'employé dépasse le volume horaire légal, son employeur doit lui payer 25% s'il travaille le jour et 50% s'il travaille la nuit. Quel impact ces jours fériés, ponts... ont-ils sur la productivité de l'entreprise ? Si l'on prend en considération l'aspect quantitatif, c'est clair : ces jours fériés occasionnent une baisse de productivité. Si l'on intègre l'aspect qualitatif, c'est autre chose : les jours fériés sont des droits qui permettent de concilier les exigences économiques et celles du bien-être. On ne vit pas uniquement pour travailler. On travaille aussi pour vivre. Est-ce que ce sont vraiment des freins à la hausse de la productivité du travail au Maroc ? Au Maroc, on peut citer comme freins à la hausse de la productivité l'organisation, la connaissance du marché, les capacités d'anticipation..... Mais, l'un des freins majeurs à la hausse de la productivité c'est l'élément humain notamment du point de vue de la compétence. On le vit principalement dans le tourisme mais également dans d'autres secteurs. En effet, aujourd'hui l'entreprise doit gérer un équilibre entre une nécessaire productivité et la qualité. Parce que, à partir du moment où l'entreprise se recentre sur sa clientèle et ses exigences, ce qui l'intéresse aussi c'est de fidéliser ses clients afin qu'ils continuent à acheter ses produits et/ou services. C'est pourquoi, toute la composante service autour du produit prend de plus en plus de l'importance. Quand la qualité de service n'y est pas, la fidélisation aura du mal à suivre. En définitive, le facteur humain demeure fondamental. C'est une évidence de le dire bien que ce ne soit pas toujours bien compris et mis en œuvre.