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Les six chantiers d'Abbas El Fassi
Publié dans La Gazette du Maroc le 07 - 04 - 2003


L'Istiqlal après le quatorzième Congrès
L'unanimisme ne souffre pas la contestation et là où il se trouve, il connote une certaine absence de la démocratie. De ce point de vue, l'unanimité qui s'est manifestée autour d'Abbas El Fassi malmène le comportement démocratique tel que le requièrent désormais les nouvelles réalités de la vie politique marocaine.
Le 14ème Congrès de l'Istiqlal, se résume dans sa séance d'ouverture. Quatre mille congressistes contre vent et bombes qui tombaient sur Bagdad, un parterre d'invités qui représentaient l'échiquier politique marocain quasiment de “l'extrême” gauche à “l'extrême” droite et une présence internationale –notamment française et espagnole- significative, ont permis au plus ancien parti marocain de montrer la place centrale qu'il occupe sur la scène nationale.
L'unanimisme ne souffre pas la contestation et là où il se trouve, il connote une certaine absence de la démocratie. De ce point de vue, l'unanimité qui s'est manifestée autour d'Abbas El Fassi malmène le comportement démocratique tel que le requièrent désormais les nouvelles réalités de la vie politique marocaine. Elle n'en demeure pas moins effective et traduit plusieurs réalités qui sont le soubassement de la préparation des quatorzièmes assises de l'Istiqlal. Et d'abord celle-ci : la désignation du secrétaire général n'est pas, en dépit des formes, le fait des instances intermédiaires, mais demeure l'apanage des apparatchiks et des poids lourds du parti.
Accessoirement de ce qui reste du Comité exécutif. Dès lors qu'il y a convergence sur une seule candidature au sein du cénacle, l'affaire est entendue. Mais cette unanimité exprime quelque part aussi le sentiment d'agression qu'ont eu les Istiqlaliens lorsque leur chef de file a été pris à partie dans l'affaire Annajate et dans son acceptation d'un ministère sans portefeuille. Aux attaques, ils ont répondu en faisant corps autour d'Abbas El Fassi.
La standing-ovation de dix minutes qui a accueilli la déclaration de candidature du secrétaire général sortant ne doit pas faire illusion. L'absence d'alternative à Abbas El Fassi, a également joué dans l'élan qui a poussé les congressistes à le porter aux nues. Le secrétaire général candidat n'avait tout simplement pas de challenger.
Néanmoins, il serait injuste de réduire la confiance réinvestie dans le secrétaire général à ces seuls aspects. Le dauphin de M'hamed Boucetta, héritier d'un parti mal en point, a su remonter la pente et revigorer des structures démoralisées. La stimulation de l'initiative et la tolérance des prises de position ne sont pas rien dans ce processus réformateur. L'œuvre de démocratisation interne, matérialisée par le respect des échéances statutaires est tout aussi réelle que sont vrais les espaces ouverts à la jeunesse. L'arrivée en force - inédite - à la direction du parti de pas moins de huit jeunes cadres est incontestablement de son fait.
Dans nos pays, un amendement des statuts pour reconduire les situations acquises, sont toujours à craindre. Si ceci advient à la fin du mandat en cours, ce serait regrettable. Mais en vertu des textes régissant actuellement l'Istiqlal, Abbas El Fassi n'est plus rééligible à la tête du parti.
Coudées franches
De ce fait, il est dans la situation d'un chef de l'Exécutif américain au cours de son deuxième mandat. Libéré, au moins, des considérations électoralistes, le secrétaire général reconduit a désormais les coudées franches pour mener à leur terme les réformes des structures et réadapter les modes d'action du parti aux exigences du Maroc moderne.
Les chantiers qui attendent la nouvelle direction sont nombreux. Six axes les articulent : la préparation du futur leadership istiqlalien, l'assainissement des rangs du parti, la résolution des questions doctrinaires et identitaires, la réadaptation des organisations parallèles, la réforme de la presse et, last but not least, le renforcement des relations internationales.
La non [re]éligibilité du secrétaire général met dès maintenant à l'ordre du jour la préparation d'un futur patron, pour l'Istiqlal. Les prétendants ne manqueront pas au sein des anciens. Mais un examen minutieux de leurs profils respectifs, des voix obtenues lors de la dernière élection du Comité exécutif, les font apparaître, pour la plupart, plutôt en fin de parcours qu'en potentiels prétendants crédibles.
Le passage de Abbas El Fassi par des postes diplomatiques n'ayant pas nui, bien au contraire, à son retour, on peut escompter un come-back, difficile mais envisageable, de Mohammed Louafa, aujourd'hui ambassadeur de Rabat à New Delhi. Au sein du Comité exécutif issu du 14ème Congrès, Mohamed Saâd Alami, M'hamed Khalifa et Abdelhamid Aouad sont autant de candidats sérieux.
L'intelligence alliée au bon sens recommanderait toutefois de lorgner du côté de la nouvelle génération, née après l'indépendance, pour dénicher la perle rare. D'une part, parce que les potentiels prétendants de l'ancienne équipe ont subi un coup de vieux par l'arrivée massive des jeunes au saint des saints.
Les anciens ont ainsi de fortes chances de ressembler beaucoup plus à une vieille garde qu'à une relève dynamisante. A la fin de l'actuel mandat, leur moyenne d'âge sera de 65 ans. De l'autre, parce que tout dans le Maroc d'aujourd'hui et à fortiori de 2007, plaide pour une véritable cure de jouvance au sommet de l'Istiqlal. Plus jeunes, pour beaucoup frais émolus, dans leur majorité politiquement vierges, tous d'excellente formation, ils sont - qu'ils soient nouveaux membres du Comité exécutif ou nouvelles recrues du Conseil national et du futur Comité central - plus en rapport avec la moyenne d'âge du Maroc actuel, plus en phase avec ses préoccupations et mieux branchés sur ses centres d'intérêts. Ils sont de ce fait plus représentatifs.
Dans l'opinion publique, leur impact est déjà patent. Le modèle espagnol avec Felipe Gonzalez et José Maria Aznar, britannique avec Tony Blair, américain avec Bill Clinton et Bush qui ont été ou seront à la “ retraite ” au milieu de la cinquantaine, devrait inspirer les Istiqlaliens mieux que le standard français plus porté, à l'exception de Valery Giscard d'Estaing, sur la gérontocratie.
Beaucoup d'Istiqlaliens diront qu'une telle approche revient à “avancer les noces d'une nuit”. Ce serait fondé d'autant plus que cette démarche est tributaire d'un autre chantier : l'assainissement des rangs de l'Istiqlal des parasites de l'arrivisme, de l'opportunisme et du clientélisme qui ont gangréné jusqu'à l'idéal même de l'action politique. La tâche n'est ni facile ni mince. La réhabilitation de l'action politique passe, en effet, par la réhabilitation des valeurs du militantisme, partout en chute libre sauf chez les islamistes. Ces valeurs sont fondées sur le désintéressement, le bénévolat, la prééminence du mérite et la promotion de la compétence.
Nourrir l'imaginaire
Evidemment, dans un univers où les mots ont été appauvris par l'usage qui en est fait et galvaudés par l'uniformité des choix - peu nombreux - qui s'offrent à nous, cette invite a des chances de ressembler à une vue de l'esprit. Mais les mouvements de masse ont besoin d'utopie et de modèles autant que les êtres vivants ont besoin d'oxygène. A charge, en conséquence, pour la nouvelle génération des instances dirigeantes de l'Istiqlal de nourrir l'imaginaire collectif et de réinventer l'idéal et l'idéalisme qui lui sont nécessaire. Vaste programme pour un parti tiraillé entre son ancrage traditionnel dans la mouvance démocratique symbolisée par la Koutla, et la sympathie d'une forte composante de l'Istiqlal pour l'Islamisme, si ce n'est pour les Islamistes. A terme, la formation politique de Abbas El Fassi risque d'y perdre son latin (ou son arabe) ainsi que son identité propre. Un travail ardu et de longue haleine attend la nouvelle direction autant pour clarifier son positionnement que pour élaborer son discours et définir clairement ses cibles.
Il est toujours tentant de dire que depuis la faillite de l'idéal socialiste, le terrain n'offre guère beaucoup de choix. Mais n'est-ce pas céder à la facilité ? A moins de concéder définitivement à Francis Fukoyama “la fin de l'histoire” au nom de laquelle les idéologues de la Maison Blanche triomphent à Washington, un monde et des sociétés sauvagement inégalitaires au grand bonheur de l'extrémisme religieux, ne doivent pas être perçus comme une fatalité.
Le socialisme est bel et bien tombé, mais les causes qui l'ont enfanté demeurent. Elles sont encore plus criantes dans un pays comme le Maroc qui ne produit pas beaucoup de richesses à redistribuer. Et c'est précisément là que devrait se manifester le génie d'une force politique.
Car enfin, un parti n'est pas uniquement une machine à fabriquer des ministres, mais aussi et surtout un générateur des idées, spécialisé également dans le commerce du rêve et de l'espoir.
Des objectifs, pas beaucoup mais clairs et précis, un discours simple et sincère adossé à la force de l'exemple, l'ardeur au travail combinée à la rectitude, suffiront à mettre sur les rails le train des accumulations nécessaires à la construction du développement. Pour la suite, il faut faire confiance à la dynamique de l'effort. Les partis politiques pour qu'ils justifient leur existence n'ont pas toujours besoin d'être les acteurs directs du développement, ils ont cependant l'obligation d'être perpétuellement une force de proposition, un laboratoire d'innovation même et surtout lorsque l'horizon des alternatives semble bouché.
Effort d'innovation
La refonte de la pensée, sans doute le chantier le plus difficile et le plus complexe, ne saurait suffire à elle seule. Elle doit s'accompagner de la réadaptation des structures partisanes à un espace où les vieilles formules embrigadantes n'ont plus cours. L'Istiqlal de Abbas El Fassi a l'avantage de disposer, outre sa propre structure, d'un vrai tissu associatif et d'une presse, peut-être pas de la meilleure qualité, mais qui a un capital crédit de base estimable. Il s'est, par ailleurs, attaché à créer un réseau de ligues professionnelles pour donner aux différents cadres qui aimeraient le rejoindre, des espaces propres de rencontre et de travail. Mais l'Istiqlal gagnerait à sortir l'action de ces structures des champs culturels, récréatifs ou corporatistes qui les caractérisent.
Des passerelles peuvent être établies entre les différentes organisations parallèles de l'Istiqlal, des synergies sont à trouver pour les muer en véritables organisations non-gouvernementales à même d'investir l'espace social et de s'investir dans des actions de proximité en rapport avec l'éducation et la formation primante, à défaut d'être diplomante.
En dehors de la mise en place d'une politique de relations internationales à laquelle pourraient contribuer sérieusement ces structures réformées, il y a aussi urgence pour l'Istiqlal de revisiter en profondeur sa presse. Non seulement il doit en revoir la gestion artisanale, mais aussi la professionnaliser pour la mettre à niveau face au marché médiatique marocain, rectifier ses fonctions et la qualifier pour l'ouverture annoncée de l'audiovisuel.
L'œuvre visiblement colossale ne devrait pas décourager le secrétaire général de l'Istiqlal. Si Hercule a eu ses douze travaux pour entrer dans la postérité, Abbas El Fassi, qui a réussi son congrès, a six chantiers et quatre ans devant lui pour entrer dans l'Histoire de son parti.


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