Après plus de trois ans de lobbying intense Coca-Cola, (85% de part de marché, chiffres 2007), Pepsi (10%) ICE Cola (environ 5%) ainsi que leurs embouteilleurs Nabco et Eaux Minérales d'Oulmès, viennent d'avoir gain de cause. Au Maroc, l'Etat, via la Caisse de Compensation subventionnera le sucre qu'ils utilisent à raison de 1 DH par kilo, soit un montant annuel de plus de 70 millions de dirhams. IS déduit, cela fera environ 50 Millions de dirhams de bénéfices après impôts supplémentaires que se répartiront ces sociétés selon leurs parts de marché. Flash back Au Maroc, le sucre est subventionné à hauteur de 2 DH /kg. Pour deux bonnes raisons : soutenir à la fois le pouvoir d'achat des classes défavorisées et la filière agricole sucrière. En avril 1999, le gouvernement Youssoufi, décide de ne plus subventionner le sucre utilisé par l'industrie : boissons gazeuses, biscuiterie, confiserie… ces produits n'étant pas de première nécessité, il avait jugé fort justement qu'il était inutile de continuer à les subventionner. Tollé des industriels, lobbying intense, rien n'y fait, Youssoufi et Lahlimi tiennent bon. La mesure est appliquée. Les industriels, sur la base de leurs achats de sucre, restituaient donc à la Caisse de Compensation 2DH/kg. Gain pour l'Etat : 1.2 Milliards de dirhams entre 1999 et 2006. En 2005, les biscuitiers et confiseurs marocains se sont retrouvés en situation critique, au bord de la faillite pour certains. Soumis à une très forte concurrence des produits venant de Turquie, d'Egypte et des Emirats dans le cadre d'accords de libre-échange, ils ne pouvaient plus se battre. Devant les arguments de ces industriels, preuves à l'appui, l'Etat, pour éviter faillites et licenciements et préserver un secteur industriel compétitif, décide de remettre en place la subvention sur le sucre pour ces secteurs. Décision justifiée pour de nombreux observateurs. En 2006, les fabricants de boissons gazeuses demandent de bénéficier de la même mesure. Pourtant, aucun des arguments des biscuitiers et confiseurs n'était applicable aux boissons gazeuses : pas de concurrence des importations, quasi monopole de Coca et Pepsi (95% de part de marché), prix déterminés librement, marges très confortables, bénéfices élevés… Rien ne justifiait de subventionner ces produits. Et pourtant ! Le Ministre de l'Industrie de l'époque donna son accord pour la subvention : plus de 130 MDH par an à l'époque. Or, cette décision devait être co-signée par deux autres ministres, Affaires Générales et Finances. Devant le lobbying des industriels, une contre offensive parlementaire, menée essentiellement par le groupe USFP, se met en place : questions aux ministres, campagne dans les médias, contacts directs avec les ministres concernés… C'est finalement le Ministre des Finances, en juillet 2007, qui oppose son véto et refuse de signer. Il maintiendra sa position jusqu'à la fin de son mandat. Octobre 2007, changement de gouvernement Le lobbying reprend, le contre-lobbying aussi. La « bataille » durera encore presque deux ans. Entre temps les industriels refusent de payer leur dû soit plus de 300 MDH d'impayés pour 2007, 2008 et début 2009. C'est presque en catimini qu'on apprend, le 14 juillet 2009 que le gouvernement - représenté par les trois ministres : Affaires Générales, Finances et Industrie - a fini par donner son accord pour une subvention de 1 DH/kg de sucre. Les industriels se sont engagés à régler leurs impayés. Cette subvention représente un coût de 70 MDH par an pour la Caisse de Compensation. Pour les industriels, cette subvention se transformera après déduction de l'IS avec pratiquement 50 MDH de bénéfices supplémentaires par an ! ■