Il est indéniable qu'un changement structurel ne peut être évalué qu'en longue période. Avec le rapport du cinquantenaire, Mohammed VI nous a fait prendre conscience de l'ampleur des mutations que le Maroc a connues depuis l'indépendance. Quel que soit le secteur en question, les chiffres sont éloquents de cette transition sans précédent dans notre pays. C'est que le Maroc du début du XXe siècle était encore composé d'une mosaïque de communautés tribales, son économie était rudimentaire et largement dominée par le secteur primaire. Aujourd'hui, nous sommes en présence d'une nation moderne. L'agriculture a été révolutionnée grâce à une politique hydraulique de grande envergure qui s'est révélée visionnaire, doublée d'une approche du monde rural adaptée aux besoins de la majorité de la paysannerie dans les régions arides et semi-arides. Le pays est actuellement doté d'un secteur industriel important et moderne. Le changement social profond a vu naître des structures de sociabilité caractéristiques des sociétés modernes. La généralisation de l'enseignement dans les villes comme à la campagne et l'accès des filles à l'école ont bouleversé le paysage social et remis en cause les représentations traditionnelles ouvrant ainsi les portes du Royaume à la modernité. Au niveau politique, l'introduction progressive des institutions démocratiques, la consécration du multipartisme et la consolidation de la décentralisation ont singularisé le Maroc dans le paysage arabe et africain comme étant l'une des nations les plus avancées dans le domaine des libertés publiques. C'est dans ce cadre que s'est ouvert le règne de Mohammed VI. Dès son intronisation, le Roi a été à la hauteur des attentes. Il a consolidé et amplifié les réformes en cours. Il a changé radicalement l'image du Maroc à l'étranger. Son action en profondeur n'est toutefois pas encore perçue à sa juste valeur. Mais déjà aujourd'hui, les percées du Maroc en matière de droits de l'homme et d'égalité des sexes sont exemplaires et citées en exemple à travers le monde. La liberté d'expression est telle aujourd'hui dans notre pays, qu'elle a atteint le point de non-retour. Mohammed VI a libéré la presse de la censure et lui a permis de donner libre cours à sa lecture critique de la vie politique, sociale et économique. Toutes les sensibilités attachées au multipartisme et à la démocratie ont pignon sur rue. Il a levé les tabous sur de nombreuses questions qui étaient jusque-là problématiques. Les aspirations culturelles liées à la diversité du pays ont été officiellement reconnues. L'héritage culturel marocain s'en trouve ainsi préservé et la modernité abordée avec la diversité qu'elle présuppose. Les avancées majeures en matière de décentralisation vont donner une nouvelle dimension à cet aspect, en dotant les différentes régions de l'autonomie nécessaire à leur propre épanouissement. La consécration de la liberté d'expression se voit ainsi consolidée par la reconnaissance des spécificités culturelles. La voie est dès lors tracée à l'épanouissement de l'individu dans une société ouverte. Fort de ses convictions démocratiques et humanistes, Mohammed VI a pris de court son monde en mettant un terme définitif aux abus passés et surtout en mettant fin au silence autour de cette question. Avec l'Instance Equité et Réconciliation, la société marocaine se réconcilie enfin avec elle-même et fait son deuil de ses douleurs. Mais les percées se font jour dans d'autres domaines. C'est ainsi que le statut de la famille fait aujourd'hui de notre pays une référence en la matière. Le Roi, Commandeur des croyants, a fait en sorte que les obstacles à une réelle intégration des femmes dans la vie économique et politique, soient écartés. Les femmes ont voix maintenant à tous les chapitres. On les retrouve dans les postes de décision comme à la tête d'entreprises. Mais surtout le chemin d'un progrès constant en matière d'égalité est tout tracé. C'est au Monarque que revient le privilège de l'adhésion - sans réserve aucune - de notre pays aux traités internationaux consacrant l'égalité des sexes. Dans l'action pionnière du Roi du Maroc, un aspect, timidement abordé dans les règnes précédents, a peu été mis en valeur dont l'impact pourtant, tant au niveau international que national, est considérable. Mohammed VI a battu en brèche le voile qui sépare normalement un roi de ses sujets. C'est un chef en constant mouvement, proche des populations et les abordant avec tendresse et respect. Il est constamment sur le terrain, loin des palais, à l'écoute des problèmes dont il entend prendre connaissance in situ. Il sillonne son pays de long en large dans cette démarche qui est la sienne et qui prend en considération les couches les plus vulnérables de la société. C'est dans ce cadre qu'ont vu le jour les différents programmes que regroupe l'Initiative Nationale pour le Développement Humain (INDH). Une telle initiative résume la sensibilité humaniste du Roi Mohammed VI. Le souci de proximité du monarque se retrouve aussi dans les aménagements apportés à la Maison Royale et qu'on aborde rarement. Le Roi se marie désormais en public, son épouse qui vient du peuple est associée aux actions de développement du pays, ce qui symbolise au plus haut niveau la place majeure de la femme dans l'épanouissement de notre pays. On peut affirmer sans risque de se tromper que la monarchie marocaine est entrée avec Mohammed VI définitivement dans l'ère de la modernité. ■