Il fut un temps où le baccalauréat avait une importance capitale. Ce diplôme ouvrait toutes les portes. Très sélectif, il permettait à ses titulaires soit d'effectuer les études de leur choix, sans restriction aucune, soit de trouver un emploi, soit encore les deux à la fois. Beaucoup de médecins ont un bac… philo ou lettres modernes. Le supérieur ne mettait aucune barrière à l'entrée. Qu'en est-il aujourd'hui ? Chaque année ils sont près de 200.000 à décrocher le bac, mais après c'est la galère. Les écoles, les formations valorisées mettent la barre très haut. La faculté de médecine par exemples exige des moyennes très élevées pour être éligible au concours d'entrée, car concours il y a. Ne restent alors que les filières générales, avec leur taux d'échec, de déchet et surtout l'absence de perspective à la sortie. Pour les parents c'est un véritable calvaire, dès lors que leur enfant décroche un bac à 10 ou 11 de moyenne. Ceux qui en ont les moyens choisissent l'étranger, d'autres se rabattent sur les écoles privées, de moins en moins validées par le marché de l'emploi. S'il ne fallait qu'un critère pour juger la crise de l'enseignement, la situation du baccalauréat serait celui-là. La démocratisation superficielle, le refus de toute sélection intermédiaire, après l'élimination du brevet et des barrières à la fin du collège, étaient salués comme un acquis. On voit ce que cela a donné. La déqualification des diplômes est un phénomène généralisé et somme toute universel. Au Maroc elle atteint le ridicule, parce qu'elle s'accompagne de la baisse du niveau des connaissances, des acquis, de manière tragique. La réalité est là, le bac ne sert plus à grand chose, sauf à écrémer. Ceux qui ont la mention très bien, sont les seuls véritables bacheliers, c'est-à-dire les détenteurs d'un sésame capable de leur ouvrir les portes de l'avenir qu'ils se seront choisis. Les autres peuvent toujours retarder leur inscription au chômage. On ne peut changer la situation du baccalauréat tout seul. Ce diplôme est sans doute au centre de toute la réforme de l'éducation nationale, sanctionnant la fin des études secondaires et donnant accès, en principe, à l'accès au supérieur. La première réforme qui vient à l'esprit est celle des filières. Il y en a trop peu, c'est ce qui explique que des « scientifiques » se retrouvent finalement dans des licences impasses dès lors qu'ils n'ont pas eu accès aux grandes écoles. On peut imaginer les filières qualifiantes, donnant accès à des formations courtes post-bac. En d'autres termes, il est inutile de continuer à former des bacheliers, «généralistes», pour les envoyer engorger les facultés, et manifester devant le Parlement cinq ans après. Un choix diversifié, permettant de commencer une formation, un métier dès l'âge de 16 ans, paraît être la solution. C'est en tous cas, ce que l'Allemagne et l'Espagne ont choisi de faire depuis longtemps. La France, elle, a les mêmes problèmes que nous.