Les interventions autour du projet du plan d'action présenté par le gouvernement Algérien ont pris fin après cinq jours de débats houleux et des révélations qui ont mis mal à l'aise le groupe parlementaire du parti majoritaire le F.L.N. Ce projet a été bien sûr approuvé par les parlementaires de l'alliance gouvernementale. Mais les élus du R.C.D ont réussi encore une fois à faire passer leur message et surtout imposer leur présence au sein de l'hémicycle. On attendait le Parti de Louisa Hannoun et ce fut le parti du Dr SAADI qui est monté au créneau. Dans la matinée du dimanche, c'est l'intervention de l'incontournable Aït Hamouda, qui, encore une fois, a retenu l'attention et suscité l'ire des députés, notamment ceux de la majorité parlementaire (F.L.N) et pour cause, l'enfant terrible de la Kabylie s'en est violemment et sans ménagement pris à l'exécutif et aux différents alliés du pouvoir. Le député du R.C.D a complètement ignoré le document qui devait faire l'objet de débats, à savoir le plan d'action du gouvernement qui doit matérialiser le programme du président de la république sur le terrain pendant les cinq années à venir. Le groupe parlementaire était conscient des enjeux, d'autant que le R.C.D devait réagir aux différentes attaques dont il a fait l'objet ces derniers temps, et notamment, sur cette histoire de drapeau noir. L'élu du R.C.D assume pleinement la responsabilité de cet acte, il dira : «nous avons hissé le drapeau noir et nous l'assumons, notre parti est libre de hisser un emblème noir sur le fronton de son siège». Mais ce sont des déclarations d'une certaine gravité qui ont désarçonné l'ensemble de l'assistance qui ne s'attendait visiblement pas à des révélations sensibles touchant à des symboles de la révolution. Le R.C.D accusé par le F.L.N d'atteintes aux symboles de la révolution, ne s'est pas fait prier pour rappeler aux tenants du pouvoir, certains faits plutôt dramatiques. Noureddine Ait Hamouda évoque pour la première fois la responsabilité de l'Etat sur l'exil des plus grands symboles de la révolution, en citant le cas de Boudiaf, d'Aït Ahmed et de Moufdi Zakaria le père de Kasaman ( l'hymne national ), mais il ira plus loin en soulevant le cas de Ali Mecilli. Cet opposant a connu le même sort que Ben Barka. Il a été assassiné à Paris et même le cas de Medeghri a été soulevé. Il est utile de rappeler que Ahmed Medeghri a été ministre de l'Intérieur de Houari Boumédiène et sa mort reste à ce jour un mystère. Elle a été annoncée quelques jours après sa rencontre avec le ministre de l'Intérieur français de l'époque, Poniatowski. L'intervenant s'en est pris à l'occasion aux responsables du Centre culturel algérien à Paris, qui ont refusé d'organiser une cérémonie en hommage à Moufdi Zakaria, ce grand poète de la révolution algérienne, mort en exil. Sur un autre registre, le Premier ministre Ahmed Ouyahya, fut interpellé sur l'affaire Khalifa, qui a tenu les Algériens en haleine et qui n'a pas révélé ses dessous. Le cas d'un condamné à deux ans de prison dans cette affaire, qui est sorti au bout de deux mois (il coule des jours heureux au Canada), reste une énigme… Le ministre de la Solidarité a été aussi épinglé sur le sort des handicapés qui ont été malmenés quand ils ont voulu réclamer leurs droits. Et pour clore son réquisitoire, Ait Hamouda lança sèchement cette diatribe «les jeunes (harragas) risquent leurs vies en haute mer, car ils ne veulent plus vivre dans ce pays». Un autre député du F.N.A met en doute la capacité de l'Etat à créer les trois millions d'emplois promis et réclame une commission d'enquête sur les chiffres et la nature des emplois, qu'il qualifie de précaires. Le plan d'action a été approuvé, les débats sont clos, mais une question reste posée : Bouteflika peut-il encore faire confiance à certains ministres pour tenir ses promesses ? Un remaniement n'est pas à exclure et l'été s'annonce chaud pour certains. ■