L'initiative de la REMAPP (Revue marocaine des politiques publiques), en partenariat avec la Fondation germanique Friedrich Newmann a comblé un vide en matière de données élaborées et de connaissances approfondies sur la question sociale au Maroc. Face aux déficits sociaux accrus, leur plaidoyer ne doit pas laisser indifférents pouvoirs publics, syndicats, partis politiques et acteurs de la société civile. L'impressionnant nouveau site de la bibliothèque nationale, le plus grand d'Afrique assure-t-on, en espérant qu'il soit aussi riche en contenus documentaires, a abrité, le vendredi 24 avril, un intéressant débat autour de la problématique sociale dans le Royaume qui a été codifiée en un ouvrage intitulé «Le Maroc social : Rapport annuel sur les politiques sociales». L'occasion était d'autant plus intéressante qu'il s'agit dans le cas d'espèce, de la première production du genre riche en enseignements et se voulant à la fois exhaustive et critique. A ce propos, dira le ministre Jamal Rhmani débarqué en cours de débat pour être accouru de Casablanca afin de ne pas manquer ce rendez-vous, « Le rapport sur le Maroc social est une réalisation très importante, inédite dans les annales dont les indicateurs sociaux gagneraient à être complétés et interprétés par les académiciens et chercheurs et doivent servir à l'éclairage des décideurs ». Compétences et convergence Les animateurs de la table ronde se sont accordés à s'interroger sur l'existence d'une politique sociale dans le Royaume pour s'entendre, tout autant, en y répondant par la négative. Ce à quoi répliqua immédiatement le ministre socialiste : «Le vrai problème aujourd'hui est la stratégie intégrée de gestion des ressources humaines, et non celle des politiques publiques, car elle requiert la convergence de tous les acteurs et intervenants». Avant d'épingler au chapitre de la qualification des ressources humaines des carences traduites par le constat que «certains certificats de formation professionnelle ne sont valables ni dans le secteur public, ni dans le privé, sinon nous aurons une qualité de service public qui tire vers le bas». A propos de convergence, le professeur universitaire Lahcen Haddad s'est montré catégorique en soulignant l'inexistence de coordination entre les politiques publiques et les programmes sociaux nationaux et sectoriels. «C'est toujours à posteriori que les problèmes de convergence sont évoqués et jamais à priori», dira-t-il. Autre tare énorme épinglée par Haddad, «les modes de gouvernance en matière de gestion des politiques publiques ne sont jamais concrètement appréhendés et mis en œuvre, à telle enseigne que l'on ignore qui est responsable de quoi et qui doit s'occuper de quoi». L'intérêt de pareille réunion se concrétisait dans un rassemblement d'acteurs institutionnels, académiques, syndicalistes, associations et partisans, qui ont eu le mérite de donner un regard croisé sur la crise sociale qui sévit dans le pays en termes de pauvreté, de précarité et affectant les catégories de la jeunesse, des enfants abandonnés, des émigrés clandestins, des femmes en difficulté, des chômeurs et autres. Le constat général tournait autour d'un consensus sur l'aggravation des déficits sociaux et l'inefficacité des politiques publiques pour y remédier. Comme cette réflexion qui donne à méditer du syndicaliste Abdelkader Azrie : «l'INDH n'est qu'un prolongement de l'Entraide nationale, sinon pourquoi en avoir confier les rênes au ministère de l'Intérieur au lieu d'organismes mieux indiqués, à l'instar de l'Agence pour le développement social ‘ADS).