Karim Ghellab Première priorité : développer les infrastructures 11,3 milliards de dirhams pour la réalisation du port de Tanger-Mediterrannée initialement orienté vers l'Atlantique, c'est le plus gros investissement jamais réalisé dans le nord du pays. Karim Ghellab, jeune ministre de l'équipement et du Transport, en est très fier. En Mars 2003, les travaux pour la construction de ce port devront commencer pour préparer la mise en service du port, prévue pour fin 2006. Toujours dans la région du nord à laquelle le gouvernement attache une attention particulière, le ministre de l'équipement et du transport a annoncé lors de la rencontre entre la CGEM et le gouvernement, le projet de pôle de développement de Nador. Ce projet va coûter à l'Etat marocain la somme de 2,86 milliards de dirhams avec un montage institutionnel préalablement finalisé. Autre projet important et non des moindres, la construction de la rocade du nord dont l'investissement est estimé à 5 milliards de dirhams. Cette rocade est l'une des réalisations d'infrastructure qui aura un impact significatif sur le développement économique de la région du nord. Sur le plan du réseau autoroutier, Karim Ghellab a annoncé que la cadence de construction des autoroutes au Maroc va doubler. Elle va passer de 50 km à 100 km par an. Ce doublement de capacité est de nature à doter le pays d'un réseau autoroutier dont il a besoin pour accélérer son développement économique. Pour les voies ferrées, un investissement de presque 3 milliards de dirhams est prévu pour renforcer le réseau ferroviaire marocain. Une partie du Maroc, en l'occurrence la partie sud, est complètement privée de voie ferrée, ce qui handicape pour une grande partie le transport de biens et de personnes. Sur un autre registre et pour se préparer à l'organisation probable de la coupe du monde 2010, le Maroc veut démarrer la construction des stades. Trois stades sont déjà au programme : ceux de Tanger, Marrakech et Agadir. La réalisation de ces trois stades coûtera au budget de l'Etat la somme de 1,5 milliard de dirhams. En ce qui concerne le développement du monde rural, le ministre de l'équipement et du transport a prévu un programme de routes rurales dont l'objectif est d'augmenter la cadence de construction de 1.000 à 1.500 Km. Entre 2003 et 2010, il est prévu de réaliser 15.000 Km de routes. Dans ce même ordre d'idées, le gouvernement ambitionne de réaliser l'électrification de toutes les localités rurales à l'horizon 2007 au lieu de 2010, comme prévu initialement. Pour cela, une enveloppe d'investissement de l'ordre de 10,7 milliards de dirhams y sera consacrée. Quant à la réforme du transport routier le gouvernement a programmé la mise en place d'un nouveau système de transport routier de marchandises. Ce système sera basé sur la nouvelle loi 16/99 qui marque une étape importante dans l'évolution de la profession et qui a pour but l'abolition du système d'agrément, la lutte contre le transport informel et la professionnalisation du secteur. Comme mesures d'accompagnement de la réforme, Ghellab a cité la mise en place des décrets d'application de la loi 16/99, ainsi qu'un contrat – programme en vue d'impliquer les professionnels dans la mise à niveau du secteur. Concernant la réforme portuaire, le ministère compte donner à l'économie marocaine un outil performant à la hauteur de l'ambition et de la vocation du Maroc d'arrimer son développement économique au marché européen. Parmi les principaux axes de cette réforme : la création d'une agence nationale de régulation portuaire reprenant les missions du service public de l'ODEP, la création d'une société nationale d'exploitation portuaire et la mise en concession de nouveaux terminaux portuaires destinés à l'exploitation par le secteur privé. Taoufiq Hjira La vision de l'urbanisme Dans son intervention présentée en arabe, Taoufiq Hjira, ministre délégué auprès du Premier ministre en charge de l'habitat et de l'urbanisme a fait d'abord le diagnostic de son secteur en insistant sur six points fondamentaux. Premier point : Hjira qualifie l'immobilier au Maroc d'inaccessible en raison essentiellement de son prix élevé. Il a même parlé d'absence d'un secteur immobilier sain qui obéit aux règles du marché les plus déontologiques. Second point : il a évoqué l'hégémonie de l'urbanisme, vertical. Cet urbanisme qui ne dit pas son nom risque de bloquer l'évolution positive de tout le secteur. Troisième point : la panoplie de financements proposés par les banques est très limitée et ne s'étend pas à tous les consommateurs marocains. Quatrième point: les méthodes de l'urbanisme telles qu'elles existent ne sont pas démocratiques et ne donnent pas lieu à une répartition équitable sur tout le pays. Cinquième point : le secteur immobilier souffre d'un manque flagrant d'une politique industrielle avancée. Dernier point : manque de compétences notamment dans le domaine de l'organisation immobilière. Mais, Hjira, en homme dynamique et compétent, n'a pas peur de tous ces problèmes. Au contraire, il se fait fort de les affronter avec la mise en place d'une politique volontariste de développement immobilier. Ainsi, il compte réaliser annuellement 100.000 unités de logement économique. Cet objectif ô combien ambitieux, vise l'éradication progressive de l'habitat insalubre et l'élargissement de la base de propriété pour toucher les couches les moins favorisées. Autre chantier important et non des moindres, le ministre en charge de l'habitat et de l'urbanisme envisage d'accorder un rôle efficace et incontournable au secteur privé. Le rôle du secteur public se limiterait selon lui à encadrer les opérateurs immobiliers pour leur offrir un environnement favorable afin d'optimiser l'investissement dans ce secteur. A.Am Adil Douiri Les cinq chantiers Comment passer de 4,5 millions de touristes actuellement à 10 millions de touristes dans une décennie? Quelles sont les mesures prévues par le département du Tourisme pour réussir ce pari? C'est pour répondre à ces questions que Adil Douiri s'est adressé au patronat. Les enjeux sont de taille puisqu'à l'horizon 2010, le secteur compte drainer jusqu'à 70 milliards de DH de recettes et créer plus de 550.000 emplois dont, 60.000 directs. L'importance de ces enjeux se situe également dans les 90 milliards de DH d'investissements prévus. Selon le ministre du tourisme, cinq chantiers sont d'ores et déjà ouverts, comme prévu par le contrat programme. Il s'agira de tripler la capacité d'hébergement de 80.000 à 230.000 lits et de rééquilibrer le produit. La formation est le second chantier puisque l'accueil des 10 millions de touristes nécessite forcément le renforcement des rangs des professionnels. 70.000 nouveaux employés devront être formés d'ici l'échéance de 2012 afin d'accompagner le secteur. Le troisième chantier concerne le transport aérien. En effet, il faut passer du simple au triple si le Maroc veut véritablement réussir son pari. Cela devra passer cependant par une ouverture du ciel national aux compagnies charters qui se bousculent au portillon. Mais la libéralisation devra se faire avec beaucoup de tact pour être supportable par la Royal Air Maroc. Avant que d'autres transporteurs ne rejoignent les deux compagnies charters récemment mises en place, il faudra une préparation adéquate. Les équipes du tourisme comme de l'équipement affirment y travailler. Le quatrième volet est celui de la promotion du Maroc à l'étranger. A ce niveau, outre le rôle dévolu à l'Office national marocain du tourisme, Adil Douiri compte s'appuyer sur tous les professionnels pour que la destination se vende davantage. Mais, le marketing doit se faire avec beaucoup de professionnalisme de même que la communication doit s'améliorer. Enfin, vendre le Maroc, ou assurer un taux de retour conséquent, ne pourra se faire que si l'environnement global du touriste est propice. Il va de soi, qu'ici tant les officiels, les professionnels que les particuliers doivent mettre la main à la pâte. MB.N