Les aficionados de la marque de Zuffenhausen vont encore crier au crime de lèse-majesté, avec la greffe d'un V6 Diesel sous le capot du Porsche. Pourtant, le résultat n'a rien de scandaleux... Les puristes parmi les Porschistes supportaient déjà mal la présence d'un SUV dans la gamme de leur marque préférée. Mais avec l'arrivée d'une motorisation Diesel sous le capot du Cayenne, ils doivent désormais hurler au crime de lèse-majesté. Il faut dire qu'en prenant ce tournant, la marque de Zuffenhausen s'est manifestement dédit, elle qui a pendant des années affiché fièrement son aversion pour les mécaniques au «mazout». Un choix logique lorsqu'on ne produit que des coupés sportifs exclusifs, moins depuis qu'on ambitionne d'étendre sa gamme, d'abord avec un gros 4x4 en 2003, et bientôt avec une berline (la future Panamera GT). Car aussi dynamique soit-il, le Cayenne n'a en vérité jamais été le préféré des amateurs de véritable sportivité mécanique. Ses acheteurs se recrutaient plutôt chez une clientèle avide de distinction, séduite par l'exclusivité de la marque, mais jusqu'alors rebutée par le côté radical, de ses productions. Avec son habitabilité et son confort, le Cayenne a su changer la donne, comme en attestent ses chiffres de vente, chipant des acheteurs aux ténors du haut de gamme (notamment allemands). Il était donc presque naturel qu'il succombe, un jour ou l'autre, à l'attrait du Diesel. L'option a été accélérée par la flambée des cours du pétrole (pour le moment oubliée) et par le souci écologique de plus en plus pressant. Un V6 «made in Audi» Et il n'a pas fallu longtemps à Porsche pour trouver chaussure à son pied dans la banque d'organe du groupe Volkswagen (les deux constructeurs étant fortement liés au niveau capitalistique). Le choix est tombé sur le V6 3.0 l TDi d'origine Audi, parfaitement adapté à cet engin de 2.240 kg. Avec ses 550 Nm de couple (soit 165 de plus que le V6 essence !), ce Cayenne «d'entrée de gamme» gagne en polyvalence et même en performances. Si les Cayenne S et Turbo ne sont guère menacés, c'est la version V6 qui trouve son intérêt presque annulé, surtout que son tarif devrait rester voisin de celui de la déclinaison «mazout». Et pour ne rien gâcher, Porsche annonce une insonorisation et une isolation vibratoire poussées, ainsi qu'un travail sur le chant rauque du V6 Diesel. Et le meilleur pour la fin : avec une consommation de 9,3 l de gazole aux 100 km, le Cayenne passe pour la première fois en dessous des 10 l/100 km en cycle mixte. Une petite révolution pour les possesseurs de Porsche, qui ne seront désormais plus des clients rêvés pour les stations-services. Cela valait bien quelques dérogations à l'image purement sportive de la marque. N'en déplaise aux puristes...