Aérien La libéralisation souhaitée par les professionnels ne sera pas totale. Du moins, elle s'étalera dans le temps. Les assises ont permis de lever le voile sur la question. Tel que le préconise l'accord d'application du contrat-programme, les axes de la politique du transport aérien s'articulent autour de deux grands volets : l'élaboration d'une loi-cadre réglementant le transport aérien ainsi que la mise en place d'une autorité de régulation chargée d'en fixer les règles. Celle-ci aurait pour objectif d'organiser le secteur, de fixer les conditions d'entrée sur le marché et de réguler la concurrence. Pourtant sur ce chantier, les professionnels du secteur touristique ne semblent pas avoir de visibilité sur le sujet, même s'il est bien référencé par l'accord d'application. Depuis, ils n'arrêtaient pas de débattre sur la question sans qu'aucune réponse officielle ne vienne mettre fin au débat : certains demandaient que la compagnie nationale s'implique pour servir entièrement, en termes de capacité la stratégie 2010, d'autres réclamaient une ouverture totale du transport aérien au champ de la concurrence (libéralisation totale). Que n'a-t-on pas d'ailleurs dit à ce sujet? Mais lorsque ce thème à la fois actuel et épineux fut finalement inscrit à l'ordre du jour de ces assises, il éclipsa, comme prévu, en quelque sorte les autres points au menu de ce rendez-vous annuel. Adil Douiri, ministre du tourisme et son homologue de l'équipement et des transports, Karim Ghellab, le patron de la RAM, Mohamed Berrada, ainsi que quelques spécialistes internationaux de l'aérien, formaient la table ronde. La réponse à la question n'a pas tardé à se dessiner tout au long des différentes interventions. Le ministre du tourisme à qui il revenait de faire la conclusion, a tiré les enseignements par rapport aux interventions de Mohamed Douiri et de Karim Ghellab : “la RAM ne souhaite pas et n'aura jamais la capacité de servir à 100 % la stratégie 2010. Elle ne peut pas le faire seule. En revanche, la libéralisation sera encadrée et progressive. Dans ce sens, les premiers appels d'offres seront lancés dès le début de 2003 et au plus tard, début 2004”. Pour ariver à cette conclusion, le ministre des transports et le patron de la compagnie nationale n'y sont pas allés par quatre chemins. Pour le premier, le volet du transport n'a pas eu la même profondeur d'analyse. “ On s'est limité à un ensemble de voeux. On n'a pas encore analysé les conséquences de la libéralisation de l'espace aérien. Et aujourd'hui, on veut pallier cette libéralisation”, a-t-il fait remarquer. Pour lui, le contrat-programme est bien mais il est nécessaire de le spécifier davantage et d'en faire un plan d'action opérationnel quantifié et cadencé dans le temps avec des jalons que l'on pourra suivre dans les assises périodiquement. “Ainsi, on suivra aussi la mise en place de la capacité aérienne comme on le fait aujourd'hui pour la mise en place de la capacité d'hébergement. Et si on n'a pas cette feuille de route, on risque de se perdre”, précise le ministre. Sur la question, Mohamed Berrada a affirmé la disposition de la RAM à signer un contrat-programme commercial et de poursuivre son engagement pour accompagner les projets de développement du royaume. “Nous avons deux contraintes : veiller à nos résultats financiers et être au service de la stratégie de développement du Maroc. On ne peut pas faire quelque chose qui n'est pas de notre ressort Il n'empêche que nous sommes pour un contrat-programme dans ce sens”, dit-il. Selon lui, ce n'est pas en développant seulement le transport aérien que l'on arrivera à résoudre le problème du transport. Il faut une implication cohérente de l'ensemble des secteurs. “Dans le monde, 11 compagnies internationales ont fait faillite et 13 sont en redressement judiciaire. C'est simplement pour vous dire que nous devons faire attention parce qu'il ne s'agit pas d'ouvrir ce capital que nous avons construit pendant des années”, souligne M. Berrada. Transport régional : un plan transitoire à la RAM Parallèlement à son programme de desserte des provinces françaises, la compagnie aérienne nationale va se lancer dans une sorte de plan transitoire en jouant sur le hub de Casablanca. Son annonce a été faite par le patron de la compagnie. Casablanca avait déjà joué ce rôle mais celui-ci consistait à collecter tous les passagers jusqu'au soir, avant de les acheminer vers les destinations régionales. Aujourd'hui, il s'agit de démarrer un certain nombre de fréquence supplémentaires. Pour ce faire, la RAM va acquérir 2 Boeings 737-500 uniquement dédiés au régional. Ce choix sur ces grands porteurs de 110 à 117 places se justifie, selon le patron de la compagnie, par la volonté de la RAM d'assurer la continuité de service en rapport avec le transport international. Selon le patron de la RAM, c'est là un risque que prend la compagnie. Avec cette acquisition, les fréquences pour les destinations vont considérablement augmenter : Fès passera de 7 vols par semaine à 18, (même cas pour Ouarzazate), Tanger-Oujda (de 7 à 17), alors que Nador qui disposait de 2 fréquences par semaines en aura dorénavant 8. Ainsi, sur le plan du réseau intérieur, la RAM enregistrera une hausse de 30 % sans compter les 18 % d'augmentation qui seront obtenus sur les vols internationaux. Echos et coulisses Parcelles non apurées à la Plage Blanche : Interrogé par La Gazette du Maroc sur la situation des parcelles de terrains de la plupart des cinq stations balnéaires du plan Azur qui n'ont pas été apurés, le ministre du tourisme a indiqué que désormais une seule station (La Plage Blanche dans le Sud) se trouve dans cette situation. “Ce sont des formalités et des procédures par lesquelles nous sommes obligés de passer. Nous sommes optimistes en ce qui concerne la Plage Blanche qui sera apurée d'ici la fin de l'année 2003. C'est un projet colossal puisqu'il a permis d'apurer plusieurs milliers d'hectares”, dit-il. Réforme de la fiscalité locale : Selon Jalil Benabbes Taârji, directeur général de Tikida Hôtel, le seul volet qui est en retard dans le contrat-programme est la réforme de la fiscalité locale. Pour rappel, cette action devait être exécutée l'année dernière. Interrogé sur la question lors de la conférence de presse, le ministre du tourisme, a rassuré que cette réforme aura bien lieu cette année. Plan anti-crise : Même si l'opportunité et les enjeux d'un plan anti-crise en cas de guerre en Irak ne figuraient pas à l'ordre du jour des assises nationales de cette année, les professionnels en ont parlé en coulisse. La plupart d'entre eux ont indiqué qu'un plan en trois axes a été élaboré en collaboration avec le ministère du tourisme. Selon eux, ce plan est axé sur le soutien du secteur, l'encouragement du tourisme intérieur et l'amélioration de l'image du Maroc à l'étranger. Nouveau pont aérien sur Lyon : Dans un mois et demi, Royal Air Maroc inaugurera une nouvelle ligne régulière entre Marrakech et Lyon. Pour rappel, cette liaison fera suite à celle ouverte récemment par la compagnie nationale entre la cité rouge et la ville de Marseille. Comité stratégie du tourisme : Outre les assises nationales du tourisme qui se tiennent annuellement pour l'évaluation des engagements du contrat-programme, le comité stratégie du tourisme vient de voir le jour. Il regroupe quatre ministères (Intérieur, Finances et Privatisation, Equipement et Transports, Tourisme) et la Fédération du tourisme. Ce comité se réunira trimestriellement pour étudier les blocages des projets concernant la vision 2010. Fès se met à la chasse : La ville de Fès vient de signer un important projet d'investissement avec un opérateur espagnol dans le domaine de la chasse. Participation : Un millier de personnes, des professionnels pour l'essentiel, investisseurs, journalistes marocains et étrangers, ont participé aux assises. Ils représentaient une vingtaine de pays: France, Italie, Suisse, Belgique, Espagne, Portugal, Grande Bretagne, Pays Scandinaves, Luxembourg, Allemagne, Pays Bas, Autriche, Sénégal, Tchéquie, Mali, Lybie, Canada, USA, Russie, Arabie Saoudite.