Le droit de grève est un droit constitutionnel consacré. C'est un moyen de lutte légal, permettant aux salariés de défendre leurs intérêts et d'imposer leurs revendications, en partie ou en totalité. Dans toutes les démocraties du monde, c'est un dernier recours, quand les négociations ont échoué et que la tension sociale est à son paroxysme. S'agissant des fonctionnaires et du service public, les législateurs mettent plusieurs barrières, et certains, comme en France, ont fini par imposer un service minimum. Au Maroc, les grèves se succèdent sans que l'on soit convaincu de leur utilité. Dans la majorité des départements, les mots d'ordre sont faiblement suivis. Sauf dans le secteur de l'éducation, où quelle que soit la centrale qui y appelle, même la moins représentative, le taux de grévistes est élevé. C'est pour combattre cette culture, qu'il faut appliquer la loi et déduire les jours de grève du salaire. Dans l'éducation nationale, plusieurs revendications ont été satisfaites ces dernières années. L'accès à la propriété est facilité par des mécanismes incitatifs, le nouveau ministre a institué des primes d'encouragement, liées à la performance de l'ordre de deux mille dirhams par mois, les conditions de travail sont relativement améliorées. Tout est fait dans le sens de la revalorisation matérielle et morale du statut de l'enseignant, parce que l'enjeu est important. La réforme de l'Education nationale, dont même les syndicats dénoncent la faillite, alors que le corps enseignant est largement responsable de la situation, nécessite l'implication de tous. C'est en ce sens que revaloriser l'enseignant est une condition première de la réussite. Encore faut-il que les enseignants fassent preuve de responsabilité. En recourant abusivement à la grève, ils prennent en otages les élèves et contrarient la filière pédagogique dont ils ont la charge. Certaines classes ne terminent pas les programmes et ce, à la veille d'examens cruciaux. Cette démarche est totalement inopportune et ne donne pas l'image d'un corps enseignant attaché au sauvetage de l'école marocaine. Toutes ces grèves sont déclenchées au moment où la crise mondiale fait ressentir ses effets et menace des dizaines de milliers d'emplois. La solidarité voudrait que les fonds publics servent d'abord à limiter ces effets. D'autant plus que les sinistres dûs aux intempéries exigent aussi un effort exceptionnel. Syndicats et pouvoirs publics doivent privilégier le dialogue. ■