«Artistique, hybride et underground» dit le superbe dossier de présentation concocté par Hicham Bahou l'un des papas du L'Boulvard par ailleurs graphiste de grand talent). Cela se passait au Technopark de Casablanca, le temple de la high tech et de l'informatique Artistique sans aucun doute. La qualité des artistes invités était en tout point remarquable, notamment ce jeune artiste qu'on a peine à qualifier : peintre, grapheur, graphiste, dessinateur ? Toujours est-il qu'avec son drôle de pinceau (en fait un pistolet à peinture), il a accompagné les autres artistes avec bien du talent. Quant aux autres artistes, des musicos pour la plupart, il y en avait pour tous les goûts et de tous les âges. Le grand Jauk, percussionniste qui, bien que frôlant la soixantaine en remonte à bien des jeunes gens qui croient réinventer le fil à couper le beurre. Barry, Oum, Flow Man et autres Dj Mood, rappelaient que l'adjectif hybride n'était pas usurpé. Bien qu'ils aient en commun un terme - fusion - un peu galvaudé aujourd'hui. Et cerise sur le gâteau musical, la présence incroyable de Myriam Sif, un mix de voix jazzy et d'opéra tout à fait époustouflant. Underground enfin. Et au sens propre s'il-vous-plaît. Dans les anciennes cuisines en sous-sol du Technopark. Probablement -sûrement même- l'intérêt majeur de cette soirée, qui fêtait deux évènements. Un bémol et une question! Pour une fois le mot signifie quelque chose. En effet, on fêtait donc la nouvelle alliance de la high tech façon Technopark et la culture musicale casablancaise façon L'boulvard. Inutile de glauser davantage sur les deux partenaires. Le premier démontre depuis plusieurs années déjà, que quand l'Etat se met à être intelligent dans ses pratiques et ses réalisations, cela donne le meilleur. On semblait l'oublier, et finalement c'est une crise financière mondialisée qui vient rappeler les vertus de la puissance publique bien gérée. Technopark en fait la démonstration. Pour les seconds, il n'a fallu que 10 ans (si on est optimiste) et il aura fallu 10 ans (si on est pessimiste) pour que les musiciens de l'association EAC L'boulvard, organisatrice du L'boulvard des Jeunes Musiciens aient enfin un lieu pour travailler. Cet heureux évènement clôt de multiples épisodes peu glorieux pour la Ville de Casablanca, le ministère de la Culture, l'Etat… qui n'ont pas été fichus de trouver un lieu pour une équipe de jeunes gens passionnés et passionnants dans leurs tâtonnements artistiques. Il faut décidément toujours passer par la débrouille. Mais au fond n'est-ce pas plus efficace ? Souhaitons longue vie à ce nouveau partenariat d'un genre inédit au Maroc. Second évènement de la soirée, le «défilé» de mode de la marque-concept Stounami créé par Amine Bendriouch; Achraf Elkouhen et Mohamed Smye. Ce soir, c'est Amine Bendriouch seul qui présente sa nouvelle collection Contemporary Moroccan roots. Un titre qui exprime parfaitement ce que veut dire le créateur. Les modèles présentés dans ces anciennes cuisines (le dossier parle d'art brutaliste) sur des mannequins de vitrine ont suscité un engouement mérité. Pourtant, un bémol et une question à la fête. Pourquoi n'avoir point prévenu la presse (à l'exception notable des deux supports co-sponsors)? L'boulvard n'a-t-il pas d'autre objectif de communication que ce genre de soirée «branchée» (le dossier ose même parler de «branchitude» ! ) au public très parisien et si peu casablancais ! Mais sans doute que ce genre d'exercice le veut ainsi. Espérons que le genre ne déteigne pas trop sur des pratiques disons… plus sociales ! ■