Le groupe AvtoVaz vient de conclure un partenariat stratégique avec le groupe Renault. De quoi transformer le mastodonte automobile russe en futur acteur majeur dans le marché régional. AvtoVaz. Le nom ne dit probablement pas grand-chose au lecteur lambda. Mais il suffit de mentionner la marque Lada pour se retrouver en terrain familier. Pour faire simple, AvtoVaz est le plus grand constructeur automobile russe, employant plus de 100.000 personnes, et qui devrait atteindre cette année une production record d'un million de véhicules. Et c'est ce mystérieux mastodonte que nous avons été conviés à découvrir, à l'occasion d'un voyage de presse organisé par le constructeur russe, et opportunément baptisé «AvtoVaz Discovery Tour». C'est en 1966 que le groupe a vu le jour, sous l'impulsion du gouvernement de l'Union Soviétique. Depuis, plus de 25 millions de véhicules, de la marque Lada, sont sortis des chaînes de ses usines. La plus importante reste celle située dans la localité de Togliatti, une gigantesque unité industrielle s'étendant sur une superficie de… 600 hectares ! Une véritable petite ville ! Et pour cause : ici, on ne jure que par l'intégration, suivant l'adage qui veut qu'on ne soit jamais mieux servi que par soi-même. Ainsi, dans le complexe industriel de Togliatti, on fabrique tout ou presque. Les emboutis d'acier et d'aluminium (l'usine compte 29 lignes d'emboutissage dont les presses transforment quotidiennement 1.500 tonnes de métal), des pièces de plastique, des transmissions, les logerons de châssis, les pièces détachées de première et seconde monte… Pour résumer, sous ses 520.000 km2 couverts, cette usine produit intégralement l'ensemble des composantes des 14 modèles qui sortent des 4 lignes d'assemblage d'AvtoVaz, au rythme de 160 véhicules par heure. Tous prendront ensuite le chemin de l'impressionnante piste d'essai… qui n' a rien à envier aux circuits de course automobile internationaux. Et ce n'est pas fini. Le complexe intègre également un centre de recherches et développement, un centre de design, une rampe de crash-tests ainsi qu'une soufflerie grandeur nature pour parfaire l'aérodynamique des modèles en gestation. Le poids des ans Voilà pour l'outil industriel, plutôt impressionnant. Pourtant, malgré tout cet attirail, AvtoVaz, s'il reste leader sur le marché domestique (avec 23% de taux de pénétration), il est bien loin de s'imposer à l'international. Et même si ses ventes connaissent une croissance régulière, il ne cesse, depuis quelques années, de se voir grignoter des parts de marché par la concurrence étrangère. En 2008, les constructeurs étrangers ont représenté, d'après les estimations, 75 % des ventes de nouvelles voitures en Russie, un pourcentage qui a augmenté régulièrement au fil des 8 dernières années. La cause en est toute simple : n'ayant jamais pris la voie de la privatisation, resté plus ou moins négligé par les politiques de développement industriel, AvtoVaz ne s'est jamais véritablement donné les moyens de faire sa révolution culturelle. Résultat : une gamme vieillissante, qui ne peut cacher son âge, tant sur le plan esthétique que sur le plan, encore plus crucial, des prestations technologiques. Mais cela risque bientôt de changer, à la faveur du partenariat conclu entre le constructeur russe et Renault en février dernier. Il y a quelques mois, le groupe français a acquis, pour un montant d'un milliard de dollars, 25% du capital d'AvtoVaz, suite à un appel d'offres international. Parmi les candidats en lice figurait le groupe Fiat Auto, partenaire traditionnel d'AvtoVaz. Mais l'offre du constructeur au losange a été préférée «parce qu'elle était la plus intéressante sur le plan stratégique», explique-t-on du côté russe. En effet, le talent de Renault pour développer des partenariats internationaux fructueux a été démontré par la réussite du rapprochement avec le Japonais Nissan et, surtout, la résurrection de Dacia. Avec le succès que l'on sait. Un partenariat win-win En tant que partenaire stratégique d'AvtoVAZ, Renault participera activement au renouvellement de la gamme de produits Lada. Le constructeur russe a d'ores et déjà acquis les licences d'utilisation de la plateforme de la Dacia Logan MCV, et qui devraient s'étendre aux autres plateformes dérivées de la fameuse Logan. La marque au Losange fournira également ses transmissions et boîtes de vitesses, et bientôt des motorisations qui équiperont les futurs modèles. AvtoVAZ tirera également parti des synergies avec Renault-Nissan Purchasing Organization (RNPO), la centrale d'achat de l'Alliance, pour obtenir une meilleure qualité (et les meilleurs prix) auprès de ses fournisseurs. Enfin, plusieurs cadres-dirigeants de Renault ont été placés à des postes clés de l'entreprise russe, afin d'aider la marque russe à améliorer sa planification des produits, ses processus d'ingénierie et la qualité. De son côté, Renault (qui produit déjà des Logan en Russie dans son usine d'Avtoframos) va débuter l'assemblage local de la Logan MCV, mais va aussi profiter d'une société rentable et consolider ses ventes dans la région. Et avec AvtoVaz, le Losange dispose d'une excellente force de frappe dans ce qui est en train de devenir le plus grand marché automobile européen. Le marché automobile russe a en effet enregistré une croissance phénoménale : 2,7 millions de véhicules en 2007, près de 3,2 millions en 2008 et 4 millions de véhicules par an prévus d'ici 2014.