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Les Marocains et la sorcellerie comme thérapie : Le «Business de la Baraka»
Publié dans La Gazette du Maroc le 31 - 10 - 2008

Les Marocains traînent une réputation d'amateurs de sorcellerie. Les islamologues sont formels : en dépit de ses aspirations modernistes, le Marocain demeure profondément fataliste.
« l n'est que regarder autour de soi pour se rendre compte de la charge de fatalisme qui existe au fond de chacun de nous. Sur les vitres-arrière de nos voitures et sur les carrosseries de nos camions ou nos cars, les inscriptions coraniques, les adages religieux et autres sentences proverbiales attestent de notre fatalisme », assure Rachid Chekroun, psychothérapeute. Ayant exercé à la fois au Maroc et en France, ce «psy» qui a longtemps travaillé sur les thérapies ancestrales est formel: «Même notre langage est truffé de paroles allant dans le sens du fameux «maktoub». De ce fait, lorsque l'on se sent mal dans sa peau, nous préférons remettre notre destin entre les mains d'une caste de thaumaturges (faiseurs de miracles) composée de fquihs, de voyants, d'illuminés, de chorfas et autres faiseurs de talismans». Durant toute l'histoire islamique du Maroc, les thérapies de type ésotérique (al-ghaybiyate) ont accompagné le Maroc. Ce n'est pas pour rien que le territoire national est parsemé, du nord au sud, de l'est à l'ouest, de zaouiyas, de mausolées, de tombeaux maraboutiques. Il n'est pas vain non plus de convoquer le patrimoine soufi ou para-soufi pour prendre la mesure des effets thérapeutiques de la transe. Les fameuses « lilates » (veillées) animées par les gnawas et autres « hadrates » (séances de transe) issaouies ou hamdouchies…etc. se sont amplifiées au rythme des chocs frontaux de la société marocaine avec la modernité. On s'y réfugie pour retrouver un semblant de sérénité après une bonne transe.A une cinquantaine de kilomètres de Marrakech, au cœur d'un douar perdu entre les collines de la tribu des « Jnadgha» officie Haj M'hammed Jandoughi. Fquih autant que voyant, il a développé la pratique au point de convoquer par-devant ses anxieux visiteurs le djinn qu'il dit avoir vassalisé. A votre arrivée, le fquih, par un tour de magie assurément alchimique, fait étinceler burséracées, cyclamens et autre encens sans gratter une seule allumette. Un bruit de vent violent s'ensuit. L'effet est garanti : le sens critique est aussitôt anesthésié. Le fquih peut alors commencer à interroger son djinn. Une voix caverneuse répond. Elle semble venir d'anfractuosités qui échappent à l'espace et au temps. Vos soucis sont diagnostiqués et l'oracle peut citer des noms, des lieux et même des chiffres ! Un spectacle digne des séries x-files ! Votre portefeuille cède aussitôt pour combler l'appétit de ce fquih qui est parvenu – en plein XXIème siècle ! – à réconcilier le monde exotérique avec la cosmogonie ésotérique. Devant la maison bâtie en terre cuite, les limousines sont stationnées. Leurs immatriculations renseignent sur la provenance de ce que l'on peut véritablement appeler des « patients», au sens premier comme au sens thérapeutique du terme. L'une de ces limousines porte le fameux numéro gouvernemental, le 99. «Madame la ministre est venue consulter le fquih autant pour sa propre personne que pour le sort de son époux», me confie le gardien qui fait office de «planton» de Haj Jandoughi. Ici, le temps a disparu: le Moyen-âge se confond avec la postmodernité ! Le responsable de la brigade de gendarmerie, le Caïd, le président de la commune et l'ensemble des représentants de l'Etat dans cette contrée reculée ne jurent que par la «baraka» de Haj M'hammed. Leurs épouses servent même de racoleuses au «saint homme». «L'imaginaire marocain est décidément alambiqué: alors que l'on assiste à une boulimie de réussite sociale, de gadgétisme et de violence pécuniaire digne de l'Amérique des années 60, on est stupéfait devant une telle jobardise générale devant les pratiques charlatanesques. Des responsables politiques, des capitaines d'industrie, des lauréats des grandes écoles les plus prestigieuses faisant la queue devant une voyante ou un fquih, voilà un spectacle hallucinant!», s'exclamait il y a déjà longtemps R.Jamous dans son excellent ouvrage «Honneur et Baraka ». Pis : Certains de nos compatriotes vont jusqu'à parler d'une espèce de «technologie du talisman ». Pour le Fquih Ahmed El Abdi, surnommé «Mini» pour sa petite taille, «la science des Noms d'Allah n'est accessible qu'à certains élus de l'Eternel» Et le Fquih «Mini » de s'engager dans une envolée quasi-cabalistique où s'entremêlent numérologie, astrologie, onomatopées et autre calligraphie. «Un talisman bâti comme un carré dont le centre est vide n'a rien à voir avec un talisman octogonal construit autour du Nom Suprême », énonce-t-il fièrement. Assurément, le « business de baraka » a encore de beaux jours devant lui ! ■
PARLE TU IRAS MIEUX…
S'il est un concept autour duquel un fquih peut rejoindre Jacques Lacan, le célèbre maître français de la psychanalyse, c'est bien celui de la centralité du langage dans l'approche thérapeutique. Un psychanalyste lacanien fait appel aux mots pour soulager les maux. Un fquih adopte le même outil. Il commence généralement son processus de traitement par « frapper l'écrit » (dhrab al khatt). Il pourra même prescrire le fait de « boire l'écrit » dans un bol au sein duquel il aura inscrit les formules guérissantes. Drôle de rencontre entre, d'une part, une thérapie considérée par le gotha psy moderne comme étant le nec plus ultra, et la « talismanie » marocaine qui fait appel à la parole et à l'écrit. Ainsi, la «logothérapie» qui fait la fierté de la psychanalyse lacanienne a vu nombre de praticiens maghrébins, essentiellement Marocains et Tunisiens, ne point hésiter à interroger la pratique des fquihs qui se réclame de la première sourate du Coran : « Lis ! Au Nom de ton Seigneur Créateur ». Lis et/ou parle ! Cela ne peut te faire que du bien, semblent ordonner les deux approches.
3 Questions à Meriem Oukacha, psychothérapeute
«Le but de la thérapie est le changement»
La Gazette du Maroc : Comment en savoir plus sur le métier de psychothérapeute et de psychologue ?
Meriem Oukacha : La psychothérapie est un ensemble de traitements des maladies mentales et émotionnelles utilisant des techniques psychologiques dont le but est d'encourager la communication sur les conflits et d'analyser les problèmes en vue de diminuer les symptômes et changer les comportements pour améliorer le fonctionnement social et vocationnel ainsi que le développement de la personnalité des personnes. Le but ultime de toute thérapie est le changement. La psychologie traite aussi des maladies mentales, selon une thérapie suivie en trois phases : se dévoiler, la découverte de soi-même et le changement. Pour ce faire, le praticien prend en compte les prédispositions génétiques, le tempérament à la naissance, l'enfance, la personnalité, l'environnement (stress), les pathologies (troubles mentaux et de la personnalité). La psychologie traite l'individu dans son ensemble et non pas sous l'angle de la maladie seulement.
Concrètement, comment guérit-on un patient
consultant le psy ?
Tout client n'est pas forcément un malade mental. Les gens normaux aussi consultent les psy. Ce n'est pas une faiblesse que de se rendre chez un praticien pour la quête d'un support, d'un soutien et d'une aide à surmonter les difficultés ressenties ou vécues. La guérison passe par la connexion du passé avec le présent. Il faut apprendre à vivre avec de nouvelles idées psychologiquement plus saines. Pour guérir, il faut arriver à mettre le passé derrière soi, que l'enfance ne domine plus notre vie actuelle. Le psychologue ne prétend pas résoudre tous les problèmes. Il s'applique à aider le patient à changer en devenant indépendant d'autrui pour arriver à contrôler sa propre vie, ses émotions, ses sentiments...
Quels sont les messages que vous souhaitez véhiculer?
On ne peut aller de l'avant sans en finir avec notre passé. Chacun de nous mérite cette paix intérieure sans laquelle personne ne pourrait prétendre au bonheur de vivre. Il faut s'abstenir de critiquer, de juger. Il faut redevenir humain comme nous l'enseignent les bonnes valeurs pérennes de notre religion.


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