Depuis le 13 octobre, le Maroc est devenu ainsi le premier pays de la région sud de la Méditerranée à accéder à un statut privilégié dans ses relations avec l'UE. Dans cet entretien, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération , Taieb Fassi Fihri, nous en dévoile les grandes lignes. ■ La Gazette du Maroc : Que signifie concrètement le nouveau statut. Ou en est-on dans le processus de négociation ? Taib Fassi Fihri : Le «statut avancé» que l'Union européenne a accordé à Rabat fait partie des revendications marocaines depuis bien des années, statut qui implique un renforcement des relations UE-Maroc dans le domaine politique et une intégration progressive du royaume dans le marché intérieur de l'Union. Il est la reconnaissance explicite des efforts consentis par le Maroc, notamment en terme de réformes politiques, de consolidation de l'Etat de droit, d'une meilleure justice, de réformes économiques ciblées. Ce statut donne droit à quels avantages concrets pour le royaume ? Il n'y a pas plus concret que ce statut. Sur le plan politique, il prévoit l'organisation de sommets réguliers UE-Maroc et la mise en place d'un accord cadre pour la participation du Maroc aux opérations européennes de gestion de crise. Sur le plan économique, il y a la «mise en place d'un espace économique commun», s'inspirant des règles qui régissent l'Espace économique européen (l'UE, plus la Suisse, la Norvège. Comme le Maroc pourra participer aussi à un certain nombre d'agences européennes, comme Eurojust, Europol, l'Agence européenne de la sécurité aérienne ou encore l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies. La dimension économique, financière et sociale est donc très fortement présente dans ce statut. Il s'agit tout d'abord de la mise en place d'un espace économique commun, entre l'UE et le Maroc qui rapprochera le cadre législatif du Maroc aux acquis communautaires. Au niveau de l'investissement, l'organisation d'un «Forum économique Maroc/UE» permettra une coopération accrue entre le Maroc et le réseau de soutien aux PME en Europe (Enterprise Europe Network) est partie prenante de ce volet. Sur le plan énergétique, on peut citer l'intégration du marché marocain de l'énergie au marché européen de l'énergie, notamment pour l'électricité et le gaz. Concernant l'agriculture, le soutien de l'UE à la réforme du secteur agricole marocain, en adéquation avec le «Plan vert» est acquis alors qu'une coopération judiciaire élargie permettra désormais, de décider avec l'UE de la mise à niveau du cadre législatif et institutionnel marocain en matière de droit d'asile, conforme aux standards internationaux comme elle permettra au Maroc de poursuivre les réformes engagées. Est-ce que ça ne va pas empiéter sur le projet de l'UPM lancé par Sarkozy ? Pas du tout. Ce qu'il faut comprendre, c'est que tout ce qui régit les rapports entre le Maroc et l'UE ne sort pas du cadre de la politique de bon voisinage initiée par l'UE et qui englobe plusieurs pays du pourtour méditerranéen. De ce fait, toutes les initiatives de rapprochement des deux rives concourent à un seul et même objectif, à savoir la construction d'une zone euro-méditerranéenne de prospérité partagée et l'instauration progressive du libre-échange, au travers notamment de la mise en œuvre d'accords d'association avec chaque pays de la zone, bouclant ainsi l'ensemble du Partenariat euro-méditerranée. Ce statut avancé renforce solidement et concrètement notre Accord d'association qui est entré en vigueur en 2000 ainsi que la politique européenne de voisinage à laquelle nous avons apporté tout notre soutien.