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Maroc : L'illusion insulaire
Publié dans La Gazette du Maroc le 25 - 07 - 2008

Les officiels Marocains avancent que le Maroc sera épargné, leurs arguments manquent de rationalité et ils risquent de se trouver au dépourvu, face à la crise de 2009.
Après le Krach boursier, Mezouar et Abdellatif Jouahri ont construit une digue psychologique. Ils sont venus affirmer qu'il n'y a aucune raison à la panique et que le phénomène est purement psychologique.
Ils ont raison sur un point majeur : techniquement il n'y avait aucune explication à la baisse de la mi-septembre. Effectivement la Bourse de Casablanca n'a pas d'interpénétration avec les places internationales.
Cependant, ils ont omis de mettre en exergue les turpitudes de ce marché et son extrême faiblesse face au très certain retournement de conjoncture de l'économie réelle.
Surtout, les officiels Marocains, le gouvernement marocain font une faute historique, aux retombées incalculables. Ils étendent l'aspect insulaire du factice marché boursier à l'ensemble de l'économie Marocaine.
Ainsi on nous explique que cette économie est protégée de la conjoncture Mondiale. Pourquoi ? Parce que les locomotives sont l'investissement public et l'immobilier un constat sur le passé récent qui est une vérité absolue, mais qui n'a aucune chance de se maintenir face à l'effondrement de l'économie mondiale qui se précise de jour en jour.
Les économies européennes se préparent à une sérieuse récession. Les évaluations divergent quant à la profondeur de la crise, mais plus personne n'évoque la croissance, même en décélération.
Ce marasme aura plusieurs impacts sur l'économie Marocaine. On peut camoufler les chiffres et se cacher dans les volumes globaux qui ne signifient rien, mais la réalité n'en a cure. Nos exportations se cachent derrière l'OCP pour masquer leur tassement. Nos marchés traditionnels en déconfiture, cela signifie la contraction de ces exportations sauf si nous découvrons des avantages comparatifs historiques dans les semaines qui viennent.
Ce sont aussi les marchés émetteurs traditionnels du tourisme. L'on sait que ce secteur est le premier à souffrir en cas de crise. La récession en Europe, quasi-certaine pour 2009, fera des coupes sombres dans les budgets vacances des ménages Européens.
Nos MRE, installés dans ces pays, ne sont pas la population la plus protégée de ces contrées, bien au contraire. Légitimement on est en droit de s'attendre à un ralentissement drastique de leurs virements quand ils représentent de l'épargne.
Etat : ressources en baisse
Ajoutons à ces phénomènes l'inflation importée, tant au niveau des produits de consommation en particulier alimentaires qu'au niveau des biens d'équipement.
L'immobilier (voir page 31) lui aussi paiera un lourd tribut à la crise, même si pour le moment seuls des segments du marché sont concernés.
Face à cette situation, tout apprenti comptable vous dira que le budget de l'Etat implosera. Les recettes fiscales qui ont augmenté beaucoup plus que le taux de croissance des dernières années inverseront leurs tendances. D'autant plus que sur la bourse, ce n'est pas fini, que la chute reprendra et plus gravement dans au mieux quelques mois, au pire quelques semaines. Assurances et banques devront provisionner leurs pertes, même nominales. Or, il s'agit des contributeurs les plus importants.
Le gouvernement n'aura plus les moyens de financer, la caisse de compensation, le programme d'investissements établi, de jouer les pompiers au niveau social et accessoirement d'agir pour adoucir l'atterrissage de la bourse ou réanimer les secteurs les plus touchés.
La responsabilité politique c'est d'en prendre acte. Laisser filer le budget ne fera que retarder l'échéance en aggravant les choses. L'endettement externe ne sera pas possible dans les meilleures conditions, l'explosion de la dette interne aura pour conséquence d'assécher les liquidités, d'inverser la courbe des taux, de remonter le coût de l'argent, de rendre insolvables les débiteurs en taux variables, d'entraver les entreprises ; et de fragiliser le système bancaire. Celui-ci est aussi menacé par la perspective du retrait des Etrangers. L'on sait qu'en situation de crise, les maisons-mères rapatrient le cash. Nier ces évidences, laisser planer l'idée que le Maroc est une île, laisse songeur. Il n'y a pas que nos footballeurs qui ont recours aux produits euphorisants. ■
France
La crise complique l'élaboration
du budget 2009
L'accélération de la crise financière et la difficulté d'évaluer son impact sur l'économie compliquent l'élaboration d'un budget 2009 déjà «très tendu», alors que la fiscalité verte, toujours en suspens, ajoute encore aux incertitudes.
«Normalement, à cette période, les choses sont calées. Là il y a un peu de retard, c'est un budget très, très tendu», confie-t-on au ministère du Budget à une semaine seulement de la présentation du projet de loi de finances (PLF) finalement fixée à vendredi prochain, après plusieurs changements. Le président Nicolas Sarkozy attendra, lui, jeudi pour préciser les orientations économiques de la France en cette période de crise.
Principale cause de ce retard: la brutale dégradation des perspectives économiques en raison de l'impact de la crise financière internationale, dont les effets sur la France restent encore très difficiles à estimer.
Autant de nouvelles inconnues à intégrer en urgence dans l'équation budgétaire qui, en prime, devra pour la première fois de son histoire s'inscrire dans un cadre triennal (2009-2011).
La clef pour réussir un budget est de le fonder sur une prévision de croissance la plus exacte possible car s'il est possible d'ajuster les dépenses (enveloppes ministérielles, effectifs dans la fonction publique, retraites, intérêt de la dette, etc.), les recettes fiscales sont liées au niveau de l'activité économique.
Pour 2008, le gouvernement avait construit son budget sur une hypothèse de croissance de 2,25%. Et il ne table désormais plus que sur une progression du PIB de l'ordre de 1%... Selon le ministre du Budget, Eric Woerth, cela se traduira par un manque à gagner de 5 milliards d'euros pour l'Etat, principalement sur l'impôt sur les sociétés et sur le revenu. Des parlementaires avancent le chiffre de 7 milliards. Pour 2009, gouvernement et experts sont dans le flou et risquent de le rester jusqu'à ce que la tourmente financière s'apaise, mais tous avertissent déjà que 2009 ne pourra pas être une bonne année pour la croissance, en Europe ou en France. Quant à 2010 et 2011, on ne peut qu'espérer que le choc sera encaissé et que la croissance aura rebondi d'ici là.


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