Comme à l'accoutumée, le discours Royal, à l'occasion de la fête du Trône, s'est attaché à «réaffirmer les choix majeurs de notre pays» et à «affirmer ses grandes orientations et ses perspectives d'avenir». SM le Roi a mis en exergue les résultats des réformes socio-économiques qui ont permis au tissu économique de résister à la conjoncture mondiale actuelle, caractérisée par la hausse vertigineuse des cours du pétrole et des denrées alimentaires. Le Souverain a aussi réaffirmé «nous sommes donc fermement déterminés à œuvrer pour que les classes moyennes constituent désormais l'épine dorsale de la société que nous nous employons à construire». Le discours a fait une très large place aux choix stratégiques et à la méthode d'opérer ces choix. Le lien entre le court terme et le long terme se trouve être clarifié. Il ne s'agit ni d'hypothéquer l'avenir pour des considérations immédiates, ni de faire l'impasse sur le vécu quotidien au nom du long terme. L'INDH est un outil important dans ce dispositif qui détermine la cohérence des politiques publiques. Le Roi s'est ensuite exprimé sur la sécurité judiciaire. Il a mis la réforme globale de la Justice en tête des chantiers de réforme. Il a engagé le gouvernement à élaborer rapidement un plan de réforme profonde. La méthode préconisée est la même, c'est-à-dire un large débat avec «les acteurs qualifiés et concernés» et un plan rigoureux à la sortie. L'insistance du discours royal sur cette question, laisse à penser que le gouvernement devra préparer sa copie rapidement. D'autant plus que le discours en a fait le catalyseur du développement par le biais de la confiance, élément nécessaire à l'acte d'investir. Réforme de la justice Les objectifs aussi sont clairs : la modernisation de l'appareil judiciaire, en préserver l'indépendance, assurer sa moralisation pour «gagner en modernité et en efficacité dans un climat empreint d'intégrité, d'impartialité et de sens des responsabilités». L'autre secteur qui a eu les honneurs du discours est l'enseignement. Le Souverain l'a qualifié de «baromètre à l'aune duquel se mesurent la valeur, la pertinence et l'impact de toute réforme profonde». Le chef de l'Etat a appelé le gouvernement à assurer «la mise en œuvre adéquate du programme d'urgence». Le Roi a appelé tous les acteurs à soutenir cette action à laquelle il fixe comme horizon la réhabilitation de l'école publique. Cette insistance royale sur le chantier de l'éducation, laisse, elle aussi présager un soutien ferme à la volonté réformatrice du ministère de l'Education. L'agriculture a été aussi citée comme secteur clé, non seulement pour son impact économique mais aussi comme «composante majeure de notre identité nationale». Le Roi appelle à une marche agricole. En liaison avec ce dossier, le Souverain a rappelé le défi que constitue la question de l'eau pour le Maroc. La raréfication de la ressource et de la demande croissante en eau, imposent une stratégie bien définie. Le discours en a tracé les contours. De la même manière, la question énergétique a été abordée dans l'angle des défis, mais aussi des perspectives. Les énergies renouvelables seront sollicitées pour permettre au pays d'assurer son développement face aux mutations internationales. Sahara : la main tendue Le discours du Trône, a comme d'habitude, donné la place qu'elle mérite à la question du Sahara. Le Roi s'est félicité de l'extension du soutien international à l'offre Marocaine d'autonomie et la reconnaissance par le Conseil de sécurité de l'ONU du sérieux et de la crédibilité de cette initiative. Il a aussi rappelé que le Maroc maintient sa position, quant à la poursuite des négociations pour un accord politique permettant une réconciliation totale et définitive avec toutes les parties concernées. Tout en insistant sur le fait que le Maroc n'acceptera pas la politique du fait accompli, touchant son intégrité. Le rétablissement de relations normales entre l'Algérie et le Maroc, reste un objectif majeur, le discours a déploré la fermeture des frontières «vécue par les deux peuples comme une sanction collective». Le Roi a rappelé les impératifs de l'intégration régionale et de l'espace du Maghreb Arabe, pour le développement des cinq pays que tout unit. Le Roi s'est enfin attaché à la mise à niveau politique. Il a lié celle-ci à la nécessité pour les partis «sérieux et responsables» de s'inscrire dans cette démarche de mise à niveau. L'objectif assigné étant «l'émergence d'un paysage politique rationalisé, animé par des partis forts, fédérés en pôles homogènes». Comme pour répondre à ceux qui qualifient le parti d'El Himma de «parti du Roi» le souverain a rappelé qu'Il était le Roi de tous les Marocains dans toutes leurs composantes. Ce discours du trône a donc renouvelé les choix en leur fixant des agendas. Comme a l'accoutumée, il s'agit d'une vraie feuille de route pour l'exécutif et d'un cadrage de l'action publique. Un message clair, précis et empreint d'une grande clairvoyance.