Situation de la femme “Aujourd'hui, la femme a le droit…de se taire” "Nous avons 35 femmes au parlement, cela démontre une certaine évolution. Mais nous espérons plus". "La femme ma khassha walou, khassha laâssa". Pas facile d'être femme au Maroc ! D'ailleurs, il est très facile de mesurer l'évolution à deux vitesses, de la mentalité marocaine. La première pousse vers l'avant, la seconde fait marche arrière. Pourtant, la volonté est là ! " Tout ce que la femme a pu obtenir jusqu'à présent, c'est grâce à elle et à personne d'autre". Pourtant, 50 % de celles comprises dans cet échantillon n'ont pas ressenti, durant l'année 2002, une évolution palpable de la situation de la femme au Maroc. "Les inégalités persistent et le sexisme en matière d'emploi est toujours à son top niveau", "la femme est toujours considérée comme une sous-citoyenne", "quand la femme divorce, elle n'a plus aucun droit, elle se retrouve à la rue!". Une situation qui, à l'aube du troisième millénaire, n'a plus droit d'exister. Pour ce, une grande partie de cet échantillon a parlé de mesures à prendre d'urgence :"abolition de la polygamie", "la révision du statut personnel (moudawana)", "une justice plus sévère contre les auteurs de violence et de harcèlement contre la gente féminine". D'autres pensent qu'il ne s'agit pas de prendre des mesures d'urgence " c'est tout un système à changer, à reconsidérer…" Nouzha Skalli, parlementaire et militante du parti du progrès et du socialisme (PPS) En effet, on assiste d'une part à une avancée importante dans la représentation des femmes au niveau de l'une des deux chambres du parlement et la composante féminine est passée d'une seule dans le gouvernement Youssoufi 2 à trois dans celui de Driss Jettou. Mais la grande déception pour les femmes est venue de la suppression du ministère de la condition féminine qui était considéré comme un acquis du gouvernement Youssoufi 2. Ceci dit, le Premier ministre a affirmé la volonté du gouvernement de réaliser l'égalité entre les femmes et les hommes à travers l'action de tous les départements ministériels. Dans l'état actuel des choses, la discrimination la plus flagrante que subissent les femmes se situe au niveau du code du statut personnel ou Moudawana dont les Marocaines attendent avec impatience la réforme suite aux travaux de la commission consultative royale. Quant aux mesures à prendre d'urgence, elles doivent se situer dans l'ensemble des champs d'action du gouvernement. Je citerais toutefois les réformes les plus urgentes : ‡ A leur tête la réforme de la Moudawana pour rendre justice aux femmes conformément aux directives royales et à la commission consultative lors de sa mise en place. ‡ Réforme d'autres lois discriminatoires comme le code du travail,(avec un statut pour les femmes de ménage), le code des nationalités, le code pénal etc. ‡ L'adoption de mesures en vue de garantir une juste représentation des femmes lors des prochaines élections municipales ‡ La mise en œuvre d'une stratégie de lutte contre la violence à l'égard des femmes ‡ La levée des réserves sur la CEDAW (Convention pour l'élimination de toutes formes de discrimination à l'égard des femmes ) et la réalisation de l'adéquation entre conventions internationales ratifiées par le Maroc et loi interne ( tâche qui incombe à la toute nouvelle équipe du CCDH) ‡ Enfin création du “ Conseil supérieur des femmes ” en vue de lutter contre toutes les discriminations à l'égard des femmes dans les différents domaines Ces réformes sont indispensables pour réaliser le projet de société progressiste et moderne fondée sur la démocratie et l'égalité. Droits de l'homme Encore du chemin à parcourir Les droits de l'homme sont-ils respectés au Maroc ? “Non … un peu… mieux qu'avant…”. Quelles sont les lacunes qui persistent encore? “ Tout… ”. A croire que les Marocains évitent le casse-tête de l'inventaire : droit à la vie digne, à l'identité, à la liberté d'expression, à l'éducation…Néanmoins, les Marocains se réconfortent de leurs acquis. “Les années de plomb sont loin derrière… ”. Le droit au travail reste la préoccupation de la majorité. Il y va de la vie des personnes et de leurs familles, en l'absence de couverture sociale. La vie politique et le droit à la participation intéresse peu les gens. “Mes droits de citoyen, je les exerce une fois tous les cinq ans et sans bonne foi ”. Le manque de confiance envers ce sujet explique cette “pseudo-indifférence au droit politique”. “Droits de l'homme au Maroc, ce sont les gros titres des journaux télévisés et de la presse écrite, mais dans la vie, la chose est floue ”. L'éducation aux droits de l'homme ne figure pas à l'ordre du jour. Insouciance ?! Salah El Ouadie, militant des droits de l'homme et membre de la gauche socialiste unifiée Pendant 40 ans et jusqu'à la fin des années 80, la cause des droits de l'homme était considérée comme subversive par l'Etat marocain. La lutte du mouvement des droits humains a été payante, puisqu'elle a pu asseoir définitivement la légitimité de ses revendications dans notre pays. Depuis la décennie 90 une évolution réelle a vu le jour. Elle a été plus nette depuis l'arrivée de Mohammed VI au pouvoir. Elle touche essentiellement le volet des droits politiques et civiques. Les autres droits (économiques, sociaux et culturels) n'ont pas connu d'amélioration, peut-être même ont-ils connu des régressions. Ceci dit un certain nombre de violations ont émaillé le paysage journalistique ces deux dernières années, et les organisations des droits humains ont relevé cinq cas de disparition forcée, information que le gouvernement s'est empressé de démentir après la réapparition des cinq personnes portées disparues. Le Maroc n'est qu'au tout début du chemin. L'amélioration demeure fragile et par conséquent réversible. La conscience du rôle de l'Etat en tant que garant des libertés et des droits est très faible, sinon inexistante, étant basée plutôt sur la culture du tout sécuritaire. D'autre part, une révision constitutionnelle s'impose afin de permettre une véritable participation des citoyens à la gestion des affaires publiques, et une véritable séparation des pouvoirs en parfaite harmonie avec le principe de la souveraineté populaire. Des mesures d'urgence sont à prendre : -la résolution adéquate du passif des années de plomb sur la base des propositions élaborées par le mouvement des droits humains (AMDH, OMDH, FVJ) -l'harmonisation de la loi marocaine avec les dispositions des conventions internationales ratifiées par le Maroc -l'amélioration du statut de la femme, tant juridique que politique -le respect des droits culturels, en l'occurrence l'enseignement de la langue amazighe -la mise en œuvre des engagements du Maroc concernant les droits économiques et sociaux ”