La commémoration du cinquantenaire de l'appel de Tanger pour l'unité du Maghreb, a été caractérisée au Maroc par les festivités officielles des partis au pouvoir au Maghreb. A Tanger, le FSM vient de lancer un pavé dans la mare avec «l'appel pour la paix au Sahara occidental». C'est dans une petite salle de la chambre de commerce de Tanger, que le comité de suivi du Forum Social Maghrébin, a décidé de commémorer le cinquantenaire de l'appel de Tanger, lancé en 1958 par les partis de l'Istiqlal, le FLN et le Destour, le 26 avril dernier. Le FSM veut créer une distance avec les discours de bonne intention et rester loin du tapage médiatique et de la langue de bois des partis politiques Maghrébins. Le lendemain à Tanger, dans un palace de la ville, les partis politiques Maghrébins, dont le FLN et le Destour, avaient organisé leur metting officiel avec la présence d'Abdelaziz Belkhadem représentant le FLN et de Abbas El Fassi. Conscients de cette dualité entre mouvements sociaux et partis politiques au Maghreb, les participants à la rencontre de Tanger du FSM ont clôturé leur rencontre pour un renouveau de l'appel de Tanger de 1958. Ils ont décidé d'envoyer une lettre aux participants de la rencontre officielle des partis maghrébins, pour un Maghreb des peuples. L'occasion a été aussi propice pour le lancement d'un document sur le conflit du Sahara. «L'appel pour la paix au Sahara occidental» a été élaboré depuis la rencontre de Bouznika. Il émane de l'Initiative pour la paix au Sahara occidental (IPSO), qui regroupe des militants Sahraouis et Marocains de la gauche. Selon Lahcen Moutik, coordinateur de l'IPSO, l'initiative aspire à accompagner le processus de négociations et d'œuvrer à l'instauration d'un climat de confiance entre les peuples de la région. Le Comité de Suivi élargi du Forum Social Maghrébin, a décidé depuis le mois de mars dernier, de multiplier ses actions pour la préparation du 1er Forum Social Maghrébin, les 25-26 et 27 Juillet 2008 au Maroc, de mettre tout en œuvre pour la tenue du 2ème Forum Social Maghrébin en 2009 en Mauritanie. La décision finale repose sur la dynamique sociale en Mauritanie. Dans la même optique, le Forum a décidé de mobiliser les acteurs sociaux à travers le Maghreb, pour la commémoration du 50ème Anniversaire de l'Appel de Tanger dans le cadre des échanges pour l'élaboration de la Charte du Maghreb des Peuples. Selon les initiateurs de cette action, l'organisation de ces manifestations est à même de renforcer les réseaux mis en place lors de l'Assemblée Préparatoire du FSM en 2006 et du Forum Bouznika II, tenu en janvier 2008, et essentiellement, la consolidation de la coordination syndicale, la coordination des droits de l'homme, la coordination des femmes et le mouvement des jeunes maghrébins. Loin du Maghreb des politiques, les acteurs associatifs du Maghreb, aspirent à faire un rapprochement des divers mouvements sociaux de la région. Déjà une mobilisation a été enclenchée contre la cherté de la vie au Maroc en Algérie et en Mauritanie. 3 questions à Kamal Lahbib, Membre du comité de pilotage du FSM «Nous voulons faire des propositions pour trouver une solution au conflit du Sahara» La Gazette du Maroc : Le Forum social maghrébin commémore pour la première fois à Tanger, l'anniversaire de l'appel de Tanger de 1958 pour un Maghreb uni. Quel est l'objectif de cette commémoration ? Kamal Lahbib : Elle est d'abord symbolique. Elle s'inscrit dans la ligne droite des objectifs du FSM qui comptent mettre en place un espace maghrébin. Forcément, il s'agit aussi de s'inscrire dans les différentes tentatives historiques qui ont marqué le Maghreb. Nous nous rencontrons symboliquement à Tanger, avec peu de monde. Nous avons l'habitude de travailler avec une poignée de gens, mais nous avons la certitude que nous allons drainer dernière nous beaucoup d'acteurs et de potentialités, comme c'était le cas pour le Forum Social Maghrébin. Depuis le déclenchement du processus du FSM en 2006 jusqu'à 2008, quel bilan faites-vous de votre action au sein des mouvements sociaux au Maghreb ? Le FSM n'est pas un lieu de coordination des mouvements sociaux. C'est un espace qui facilite le débat sur l'action elle-même que nous menons sur le terrain, qui permet des articulations entre différents acteurs qui militent sur les questions sociales ou des droits de l'homme. Le Forum crée une dynamique en perspective d'une véritable capitalisation des efforts des uns et des autres sur les plans thématique, national, régional et international. Le Maghreb des peuples est-il un projet réalisable aujourd'hui dans une conjoncture marquée par les conflits et la question épineuse du Sahara ? A mon avis, encore une fois le bilan entre 2006 et 2008 est positif en ce qui nous concerne. Nous constatons avec grande satisfaction que cet espace incubateur de mouvement, de coordination et d'incubation, s'est caractérisé par une rencontre des syndicats maghrébins, une concrétisation d'une coordination sur les questions des droits de l'Homme, le lancement d'une coordination des femmes pour la défense de l'égalité, la possibilité de travailler sur tout ce qui relève des actions sociales comme la hausse des prix. Bien sûr, il est clair que la création du Maghreb a été le centre névralgique du débat au sein du FSM. Concernant l'appel pour la paix au Sahara, cette question a été longtemps la chasse gardée des organisations espagnoles et européennes ou d'ONG pro Polisario d'une part et pro marocaine d'autre part. Actuellement, nous sommes différentes sensibilités désirant ouvrir une brèche pour le débat concernant la paix au Sahara. Nous voulons faire des propositions pour trouver une solution qui permettra de consolider l'union du Maghreb des peuples.